Les Norvégiennes irrespectueuses ?
On le sait : les Suédoises étaient grandes favorites du relais féminin mais elles ont connu une sérieuse avarie. Les Norvégiennes se sont donc imposées. Mais la vraie bataille, elle a encore eu lieu dans les médias. Après sa course, Frida Karlsson était interviewée par la NRK quand Heidi Weng est apparue derrière elle, jubilant. « C’est très antisportif de leur part ! s’exclame les journalistes du quotidien suédois Expressen. On voit que Frida a juste envie de pouvoir partir pour éviter de voir ça… Les Norvégiennes sont de mauvaises gagnantes. » Le manager de l’équipe suédoise a confirmé que ses athlètes avaient trouvé cette effusion de joie particulièrement mal venue alors qu’elles étaient présentes et très déçues de leur course.
Heidi Weng, elle, s’est justifiée au micro de la NRK : « nous n’avons pas eu des Mondiaux faciles, si on ne compte pas Therese, rappelle-t-elle. Alors on devrait être autorisées à être heureuses de notre course. Et elles, elles devraient être heureuses du reste de leurs Mondiaux, elles ont été fabuleuses. »
Elle est soutenue dans ses propos par le chef du fond norvégien, Espen Bjervig : « les Suédoises sont déçues, certes, mais elles doivent comprendre la joie des Norvégiennes, il n’y a aucune raison de se fâcher pour quelques effusions de bonheur. Et Heidi n’a jamais voulu être condescendante face à Frida. »
Une grosse montagne pour peu, comme souvent dans les relations médiatiques entre fondeurs suédois et norvégiens. On se souvient, entre autres, de Petter Northug Jr dont les meilleurs ennemis ont toujours été… les Suédois.
Les médias ont-ils pénalisé les sauteurs ?
L’annonce du test positif à la covid-19 d’Halvor Egner Granerud a fait l’effet d’une bombe dans les médias norvégiens. Comment l’un de leurs athlètes – qui font pourtant si attention – a pu l’attraper ? Dès lors, s’enchaînent les articles mais aussi quelques interviews et conférences de presse tandis que tous sont dans l’incertitude : d’autres sont-ils contaminés ?
Après la bérézina sur le par équipes masculin, Alexander Stöckl, le coach des sauteurs norvégiens, s’est confié sur la situation. « Je ne veux me souvenir que du positif et que nous avons en général bien sauté, surtout si on prend en compte la pression médiatique de ces derniers jours, affirme l’Autrichien. Et il faut aussi retenir que nous n’avons eu qu’un cas ce qui montre que les mesures prises étaient les bonnes. Mais se concentrer sur le sport, ça a été difficile quand on a en face des journalistes qui passent leur temps à critiquer notre façon de suivre les mesures barrières. »
Stöckl pointe ainsi du doigt la façon dont les médias norvégiens ont accusé les sauteurs au lieu de les soutenir. « Il y a cette culture médiatique étrange en Norvège… explique l’entraîneur. Les autres médias m’ont tout de suite demandé comment allait Halvor, les Norvégiens ont mis plus d’une journée ! C’est difficile car ce sont les médias de notre équipe. » Un traitement médiatique des athlètes qui n’est pas nouveau et qui est bien connu par les fondeurs qui sont souvent prophètes en leur pays quand ils gagnent… Et pointés du doigt lorsqu’ils perdent.
Johansson inquiet
Sa médaille d’argent sur le grand tremplin est venue comme une délivrance. « Les trois derniers jours ont été mouvementés et éreintants », confie Robert Johansson juste après au quotidien Dagbladet. Le Norvégien fait ainsi référence au test positif de son coéquipier Halvor Egner Granerud et le chaos qui en a découlé. Le reste de l’équipe a dû passer des tests en urgence et était dans l’incertitude : pourraient-ils concourir ? « Robert m’a révélé qu’il n’avait pas dormi pendant trois jours, confie son coach, Alexander Stöckl. Il avait trop peur d’être infecté… Résultat, il avait un énorme mal de crâne avant la compétition. »
Epuisé, le sauteur a tout de même réussi à prendre l’argent : « je crois que cela en dit long sur ma forme, mon niveau et ma force face aux problèmes », sourit Johansson, assez fier de sa performance. « Désormais, nous voulons juste éviter de tomber malade et faire en sorte qu’Halvor soit vite guéri », termine le Norvégien.
Fossesholm : pari gagnant
Quand l’annonce du relais féminin norvégien tombe, les médias sont quelque peu hésitants : le choix d’Helene Marie Fossesholm comme dernière relayeuse fait débat. La jeune fondeuse de 19 ans est-elle prête ? « Nous avons envisagé toutes les options et imaginé tous les scénarios mais ce choix nous semble bon, se justifie le coach Ole Morten Iversen. C’est aussi pour vérifier l’impression que j’ai concernant Helene : je la crois capable de déjà gérer ce genre de pression. » Pour s’en assurer, il a même appelé le père de l’athlète. « Il m’a demandé si je voyais Helene gérer cette position au relais et je lui ai dit que oui, qu’elle pouvait endosser cette responsabilité, révèle le père de Fossesholm. Même si elle aurait été extrêmement déçue si ça s’était mal passé… »
Mais pas de souci à se faire de ce côté-là : la Norvégienne avait les choses bien en main et a passé la ligne d’arrivée en première position. « J’étais très nerveuse pour elle, déclare Heidi Weng après la course. Elle était bien plus prête que moi à la voir dans cette position. C’est ma mascotte et elle a été formidable. »
Si les compositions étaient nombreuses, les fondeuses norvégiennes sont toutes d’accord pour dire que le meilleur choix a été fait par le staff de l’équipe. « Je pense que pour la piste d’Oberstdorf, Helene était la meilleure option », dit ainsi Tiril Udnes Weng, première relayeuse. Et après sa performance, plus aucun média n’en doutait.
Weng a attrapé la maladie de Lyme
La médaille d’argent sur le 30 km d’Heidi Weng était une immense joie pour la Norvégienne. Elle n’y croyait pas. Elle ne se voyait pas monter sur le podium. Et pour cause, la jeune femme a connu un été difficile, comme elle vient seulement de le révéler aux médias. « J’ai attrapé la maladie de Lyme en juillet après la morsure d’une tique et j’ai été longtemps sous antibiotiques, explique-t-elle, en larmes, au micro de la NRK. A ce moment-là, je n’avais plus aucun espoir de faire une médaille ici. »
La Norvégienne a aussi expliqué au journal VG que son genou avait alors doublé de volume et elle a dû faire plusieurs pauses dans son entraînement cet été et cet automne pour se soigner correctement. « Sachant ça, je suis moi-même impressionnée par ce que je viens de faire, sourit la fondeuse. Je crois que le relais m’a permis de prendre confiance en moi. »
Son entraîneur, Ole Morten Iversen, n’a lui jamais douté de son athlète. « Oui, elle a dû faire quelques pauses mais globalement, elle s’était bien entraînée, affirme-t-il. Et sa dernière période de formation était très bonne, je savais qu’elle pouvait bien figurer aux Mondiaux. » La fondeuse repart finalement avec deux médailles : l’or en relais et l’argent au 30 km. Un bon bilan pour celle qui a eu un dur début de saison.
Iversen se confie sur le relais
Tout avait mal commencé pour le relais norvégien masculin. Pål Golberg souffrait sur les skis. Heureusement, un Emil Iversen en grande forme recollait à la tête de course et permettait aux Norvégiens de finalement s’imposer. « J’ai un peu utilisé Pål comme testeur de ski, plaisante Iversen. Mais plus sérieusement, si nos places avaient été échangées au relais, il se serait passé la même chose : j’aurais fait une mauvaise course et lui aurait rattrapé mon retard. J’avais décidé d’aussi utiliser du fart plutôt que les peaux et c’est en le voyant sur la piste que j’ai changé d’avis. »
Une leçon apprise dans la douleur pour Golberg qui reconnaît que c’était son choix même s’il avait auparavant hésité entre les deux options. Le chef des farteurs, lui aussi, dit s’en vouloir de ne pas avoir poussé Golberg à faire un autre choix. « Ca a été brutal et douloureux pour lui », dit-il à la NRK. Son coéquipier, Hans Christer Holund, salue quant à lui la performance du fondeur. « Si ça n’avait pas été lui, ou s’il n’avait pas été bon aujourd’hui, nous aurions été bien plus loin », rappelle-t-il.
Iversen a ensuite pris le relais et a vite recollé au Finlandais Iivo Niskanen. « Quand j’ai été à côté de lui, je lui ai dit « on y va » pour qu’on aille reprendre le Russe, révèle le Norvégien. Nous sommes de bons amis et je dois lui dire merci après cette victoire au relais à laquelle il a participé ! » Son père, Ole Morten Iversen, coach de l’équipe féminine, félicite son fils de cette initiative. Apparemment, il ne reste aucun ressentiment chez le Finlandais après qu’Iversen l’ait fait tomber aux Mondiaux de Lahti en 2017 lors du team sprint, leur faisant perdre une possible médaille d’or. Une bonne nouvelle pour le relais norvégien la semaine dernière car, sans Niskanen, la Norvège aurait-elle pu rattraper la Russie ?
Granerud : la vie de confiné
Déclaré positif à la covid-19 au début de la deuxième semaine de compétition, Halvor Egner Granerud n’a pu participer aux épreuves de saut sur grand tremplin. Mais pas de retour en Norvège pour l’athlète : il est confiné à Oberstdorf pour encore une semaine. Dans son malheur, le Norvégien a la chance d’avoir un coach autrichien. Alexander Stöckl a donc pu s’arranger pour lui trouver un petit appartement avec balcon afin qu’il ne soit pas reclus dans une chambre d’hôtel pendant encore une semaine supplémentaire. Mais, même ainsi, le confinement n’est pas facile pour Granerud. « On lui met la nourriture devant sa porte et ensuite, il la récupère une fois qu’on est partis, confie Clas Brede Bråthen, directeur du saut norvégien. C’est comme s’il était en prison, c’est assez difficile pour lui. »
Alexander Stöckl, qui a pu s’entretenir à distance avec lui, révèle aussi aux médias que, même si Granerud est content pour l’argent de son coéquipier Johansson, il se sent mal d’être isolé. Il confirme aussi que ses symptômes sont minimes. « Il a même déjà commencé à élaborer un plan pour sa sortie d’isolement, continue Stöckl. Il devrait sortir d’isolement mardi prochain et s’il est négatif, il ira s’entraîner en Norvège avant les finales de Planica. »
En revanche, ce qui inquiète le coach, c’est de savoir comment son athlète a été infecté car, à Oberstdorf et en règle générale, ils suivent les recommandations de leur fédération à la lettre. « C’est étrange car personne d’autre n’a été infecté, révèle ainsi l’entraîneur autrichien à Dagbladet. Toutes les personnes en contact avec lui ont été testées négatives alors peut-être a-t-il été infecté en Roumanie ou en venant de Roumanie ? Mais nous n’en serons jamais sûr. »