La Norvège ira-t-elle aux Jeux ?
Les prochains Jeux olympiques d’hiver en Chine font jaser. Le non-respect des droits de l’homme y est en effet souvent relevé par les associations humanitaires et, pour quelques Norvégiens, il est important d’être réaliste sur un point : le sport sera utilisé à des fins politiques et les athlètes ne seraient alors que des pions dans le jeu du gouvernement chinois.
Un problème auquel Johannes Høsflot Klæbo a décidé de réfléchir plus sérieusement depuis qu’il a vu que l’équipe de football norvégien comptait ne pas se rendre au Qatar pour les mêmes raisons. « Je pense que toute l’équipe devra se réunir et prendre une décision avant les Jeux, estime le fondeur. Si nous faisons quelque chose, nous devons le faire en équipe et pas seulement une ou deux personnes. Les footballeurs, eux, ont pris leur responsabilité et je pense qu’il est important que nous fassions de même. »
Klæbo tient à réunir toute l’équipe nationale pour qu’ils décident ensemble des valeurs qu’ils veulent représenter et défendre.
Interrogée sur le sujet, Therese Johaug a joué la carte de la franchise : « Je dois avouer que je n’y ai absolument pas réfléchi, dit-elle au micro de la NRK. Je ne peux donc pas vous donner de réponse, je dois d’abord me renseigner sur le sujet. » Tore Øvrebø, directeur des sports à la fédération norvégienne, a promis que les athlètes obtiendraient avant les Jeux des renseignements sur la Chine et son régime afin que chacun puisse prendre une décision. « Mais je pense que s’y rendre permettrait aussi de braquer les projecteurs sur ce pays et, peut-être, dénoncer ce qu’il y a à dénoncer », continue Øvrebø.
Le retraité du ski alpin, Aksel Lund Svindal, tient lui à rappeler que certains athlètes s’entraînent pour les Jeux depuis dix ans et n’ont pas tous le luxe de pouvoir abandonner ce rêve qui sera peut-être leur seule et unique chance de participer à une campagne olympique. « Mais personnellement, je suis pour la prise de décision en équipe, conclut Svindal. Cela évite que la responsabilité incombe à un ou deux athlètes seulement. »
Tønseth et Krogh en danger
Pour le moment toujours en équipe nationale, Didrik Tønseth et Finn-Hågen Krogh ont connu une saison compliquée. Au risque de leur coûter leur place avant les prochains Jeux ? « Nous donnerons les constitutions des équipes en mai, a informé Espen Bjervig, directeur du ski de fond. Si je peux déjà annoncer qu’elles auront des tailles similaires, je ne peux encore communiquer aucun nom. »
Mais pour les experts du fond norvégien, Tønseth et Krogh pourraient se voir écarter au profit d’athlètes plus jeunes comme Harald Østberg Amundsen, médaillé à Oberstdorf.
De quoi énerver Krogh qui s’est exprimé au micro de la NRK : « J’ai fini dans le top 10 de toutes les courses auxquelles j’ai pris part, rappelle le Norvégien. Certes, ce ne sont pas les résultats que j’espérais mais ce n’est pas mauvais. Je sais que je ne suis pas au meilleur de ma forme et je sais quoi faire pour améliorer cela. »
Le fondeur a aussi annoncé qu’il ne se voyait pas courir en dehors de l’équipe nationale. S’il en était évincé, que ferait-il alors ? « Je n’ai aucune idée de ce que je ferais, la situation serait très étrange pour moi mais je sais que c’est une possibilité », termine-t-il.
D’autres, comme Pål Golberg, souhaiteraient changer d’équipe. Le sprinteur aimerait en effet encore plus développer son potentiel sur les longues distances, ce qui lui est impossible dans l’équipe de sprint actuelle. « C’est dans cette équipe que je me sens le mieux mais si ça va à l’encontre de mes objectifs en tant que fondeur, alors je dois y réfléchir, déclare Golberg. Et quand nous emmènerons 8 athlètes aux JO, il ne faut pas oublier qu’un athlète polyvalent sera préféré à un pur sprinteur. »
Lægreid accusé
La saison de Sturla Holm Lægreid a été impressionnante. Au point que certains douteraient des capacités réelles du Norvégien. C’est en tous cas ce qu’a sous-entendu l’ancien biathlète russe Dmitriy Vasilyev : « J’aimerai comprendre comment il est passé d’athlète moyen à super star, j’ai certainement des questions, entre autres sur les autorisations médicales attribuées généralement aux Norvégiens, confie-t-il aux médias russes. Retirez-leur ces médicaments et on verra bien. »
De quoi attrister Lægreid, interrogé par TV2. « Ce n’est pas agréable d’être accusé de tricherie, réagit-il. Les Russes ont souvent été accusés de dopage et ils sont donc souvent en train d’accuser les autres en retour. Mais le plus triste, c’est qu’ils le font sans aucun fondement, sauf s’ils considèrent que faire une bonne saison est une preuve de dopage. » Le Norvégien rappelle aussi que, ces dernières années, les athlètes pris pour dopage étaient bien souvent russes. « Il serait bien, désormais, que tout le monde œuvre à un sport propre », dit Lægreid.
To accuse Sturla Lægreid or any athletes of doping that I took/take care, it s insulted my work.
M. Dmitri Vasiliev, when you are from a country who has the past it has, it s really better to shut up. Next.— Siegfried Mazet -HOLY- (@zigystardust77) April 6, 2021
Siegfried Mazet, le coach français du tir norvégien, s’est également ému de la sortie de Vasilyev sur Twitter. « Accuser Sturla Lægreid au tout autre athlète que j’ai entraîné de dopage, c’est insulter mon travail », écrit-il notamment.
De son côté, le directeur du biathlon norvégien, Per Arne Botnan, rappelle que Lægreid ne dispose d’aucune autorisation médicale pour des médicaments contre l’asthme. « De plus, on voit bien quand on regarde ses résultats de ces dernières années que son développement a été tout à fait progressif », termine Botnan qui préfère ne pas s’occuper des allégations russes, se disant habitué à ces accusations sans fondement.
L’accident de Tande décrypté
Daniel Andre Tande est bien réveillé et revenu en Norvège après son terrible accident sur le tremplin de vol de Planica. Si pour Clas Brede Bråthen, directeur du saut à ski norvégien, il ne fait aucun doute que le sauteur sera vite de retour sur les tremplins et au plus haut niveau, les fans de la discipline ont d’abord eu très peur que le Norvégien soit sérieusement touché. « Vous ne vous débarrasserez pas de moi si facilement », aurait-il dit en plaisantant lors de son réveil. Mais le sauteur ne se souvient de rien et ne peut donc expliquer sa chute.
Ce que les anciens sauteurs Anders Jacobsen et Johan Remen Evensen, eux, ont fait pour la NRK. « On voit bien qu’au départ, c’est un bon saut, la vitesse est bonne, il s’élance bien et pousse bien à la table, commentent les deux experts de la chaîne. C’est après que ça se complique. Daniel ressent une trop grande résistance avec les skis à plat alors il veut les pencher un peu pour retrouver de la vitesse. » C’est là que, pour les deux retraités, leur compatriote fait une erreur. « Il a tout simplement trop poussé ses skis, estime Jacobsen. De là, son ski gauche perd beaucoup de pression et décroche, il ne pouvait plus rien faire. »
Les deux anciens sauteurs saluent quand même sa présence d’esprit : Tande, avant de heurter le sol, serre les jambes et ses bras contre lui pour éviter que sa tête frappe en premier ou qu’il ne se casse quelque chose. Un bon réflexe puisque le Norvégien s’en sort avec seulement un poumon perforé et une clavicule cassée.
Dyrhaug vise les Jeux
Comme Martin Johnsrud Sundby, Niklas Dyrhaug a été écarté de l’équipe nationale l’an dernier. Il a alors fondé, avec son ancien coéquipier, une équipe privée. Mais à la différence de Sundby, Dyrhaug ne renonce pas aux Jeux olympiques l’an prochain et il compte bien se battre pour obtenir une place dans l’équipe norvégienne. « Cette année a été difficile, confie le fondeur au quotidien Dagbladet. Pour ceux qui n’ont pu aller en coupe du monde, comme moi, il y a eu très peu de courses et donc beaucoup d’ennui. Avec notre équipe, nous allons donc mettre l’accent sur les longues distances pour l’an prochain. Mais je n’écarte pas la possibilité de revenir en coupe du monde, cela m’est déjà arrivé en 2014 et je sais que cela peut être bénéfique pour moi. »
Le Norvégien devra affronter pour se sélectionner des fondeurs polyvalents alors qu’il est spécialisé longue distance. « Ce ne sera certainement pas un avantage pour lui », estime l’expert NRK Torgeir Bjørn. Pas de quoi faire peur à Dyrhaug qui a déjà son plan de secours : « Si je ne gagne pas en coupe du monde, alors je gagnerais sur le circuit longues distances, je m’entraînerais pour cela », affirme-t-il.
Skinstad soutient Manificat
Si Bjørn Dæhlie pense que le salut du ski de fond se trouve dans l’abandon du style classique, Maurice Manificat et d’autres athlètes ne sont pas d’accord. Le Français a proposé de s’inspirer de la fédération de biathlon pour rendre le fond plus attractif et moins coûteux pour les équipes. Une proposition soutenue par l’expert TV2 et fondeur Petter Skinstad. « Les suggestions de Manificat sont franchement intéressantes, estime-t-il dans VG. Il faudrait s’inspirer du biathlon, par exemple en choisissant une dizaine de lieux où l’on ferait au moins 3 ou 4 courses par week-end. On devrait commencer par l’Europe du Nord, puis l’Europe centrale avec le Tour de Ski et enfin retour en Scandinavie. »
Skinstad imagine bien les sprints se tenir les vendredis soir avant de faire des poursuites le samedi et des mass-start le dimanche. « Et si l’on reste dans le même secteur sur plusieurs week-ends, les équipes pourraient se déplacer en train ou en bus, ce serait moins cher et plus écologique, continue Skinstad. Ce serait gagnant-gagnant pour tout le monde, la FIS, les équipes et les organisateurs. »
L’entraîneur de la Grande-Bretagne, Jostein Vinjerui, se dit aussi favorable à cette façon de changer le ski de fond. « Mais il faudrait que nous ayons notre mot à dire à la FIS pour espérer cela », conclut-il.
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