Le fond dit non aux chambres à hypoxie
Avec le confinement l’an dernier et l’impossibilité d’aller s’entraîner en altitude, les Norvégiens avaient déjà demandé à ce que soit levée l’interdiction des chambres à hypoxie qui permettent de recréer les effets de l’altitude sur le corps. La fédération de ski norvégienne avait alors refusé.
En revanche, cette année, la possibilité d’autoriser en Norvège cet outil d’entraînement est sérieusement envisagée par le Conseil des Sports et la question devrait être bientôt votée à la fin du mois de mai… Ce qui ne réjouit pas le ski de fond norvégien.
« Nous pensons que l’association de ski votera à nouveau contre l’autorisation des chambres à hypoxie, révèle Torbjørn Skogstad à Dagbladet. Nous sommes convaincus que c’est ainsi que nous pourrons défendre les valeurs de notre sport même si nous respectons tous ceux qui les ont autorisées puisque ce n’est pas interdit par les comités internationaux. »
Pour l’association de ski, c’est aussi une façon de montrer l’exemple aux plus jeunes qui ont pour habitude de copier les athlètes de l’équipe nationale et pour qui l’utilisation de ces chambres à hypoxie ne serait pas forcément bonne. Le ski de fond sait déjà qu’il dira donc non même s’il attend encore de connaître le choix du saut à ski, du ski alpin et du combiné nordique qui forment à eux tous l’association de ski norvégienne, le biathlon ayant sa propre fédération.
« Je suis heureux que de notre côté, nous restons pour son interdiction, confie Ole Morten Iversen, l’entraîneur de l’équipe féminine. Je pense que nos résultats parlent d’eux-mêmes, nous n’en avons pas besoin, mais je comprends que ce ne soit pas le cas d’autres athlètes. Il faut en revanche faire attention : ces chambres ne s’adressent pas à tous et ne vont pas faire de vous des stars du sport par miracle. »
Certains fondeurs, eux, ne le voient pas du même œil pour la simple et bonne raison que les Jeux olympiques 2022 se dérouleront en altitude et qu’ils ont besoin de s’y acclimater. « L’entraînement en altitude sera très important mais nous sommes totalement dépendants de la situation actuelle et je ne veux pas prendre trop de risque en voyageant », explique ainsi Johannes Høsflot Klæbo. Un avis dans lequel il est rejoint par sa compatriote Therese Johaug qui parle de « difficulté à planifier » en raison de la pandémie de covid-19.
Johaug se met aux pointes
Therese Johaug l’a déjà annoncé : elle vise les championnats d’Europe 2022 à Munich en course de fond. Et pour s’entraîner au 10 000 mètres, la fondeuse a acheté une paire de pointes, obligatoires si l’on veut courir au plus haut niveau.
Une nouveauté qui fait peur à l’ancienne athlète Ingrid Kristiansen : « Ca me fait très peur pour elle, confie-t-elle à Dagbladet. Ce type de chaussures, quand on n’y est pas habitué, ça peut faire très mal aux jambes et il y a même des risques de blessures. Je crains que si elle n’y va pas progressivement, elle se blesse et mette en jeu non seulement sa saison d’athlétisme mais surtout celle de ski de fond, juste avant les JO. » Une crainte qu’a entendu Johaug. « Je suis au courant des risques et je compte faire très attention, c’est juste un test, affirme la Norvégienne. De plus, je ne sais pas si j’irais plus vite avec ces chaussures alors c’est vraiment juste pour essayer, tout en prenant garde à ne pas y aller trop fort. »
Pas forcément suffisant pour rassurer Ingrid Kristiansen qui, dans les années 1980, avait elle même troqué le ski de fond pour l’athlétisme. « Il m’a fallu trois mois pour que mon corps s’habitue, la course à pied demande beaucoup d’efforts au corps, souligne-t-elle. Je ne suis pas sûre que Therese puisse combiner les deux au plus haut niveau. » L’ancienne athlète conseille aussi à sa compatriote de d’abord tester ces chaussures sur l’herbe avant d’aller courir sur piste.
Johaug écoutera-t-elle les conseils ? En tous cas, elle ne pourra peut-être participer à aucune épreuve officielle cet été… Elle aurait en effet dû s’aligner au départ de la Bislett à Oslo, comme l’an dernier, le 10 juin prochain. Mais la course a été reportée au 1e juillet en raison de la pandémie. Résultat, la date de la compétition entre en compétition avec le calendrier d’entraînement de l’équipe de ski de fond qui doit terminer un camp d’entraînement le même jour. « Ce sera difficile de se lancer directement dans une course, explique Johaug au micro de la NRK. J’espère qu’ils le déplaceront de nouveau, je suis disponible en août s’ils veulent. » Une option qui n’est pas écartée par les organisateurs en raison des restrictions d’entrée en Norvège. Johaug devrait être fixée dans une quinzaine de jours.
Krog : « je n’ai pas de regret »
Magnus Krog a pris sa retraite il y a maintenant plus d’une semaine. Le Norvégien a eu une belle carrière en combiné nordique et s’est confié à Nordic Magazine dans une longue interview. Fin de cet entretien.
- Pourquoi partir maintenant, juste avant une saison Olympique ?
Comme je l’ai expliqué, ça aurait signifié passer plus de temps loin de chez moi et des miens, tant pour la préparation que pour les compétitions et je n’étais pas sûr de vouloir faire ce sacrifice.
- Avez-vous des regrets concernant votre carrière ?
Pas vraiment, non.
- Saut à ski ou ski de fond ?
Pour moi, je dirais ski de fond. Franchement, la sensation de voler dans les airs, faire un bon saut, c’est incroyable. Mais je suis un athlète de combiné nordique et pour moi, la partie la plus intéressante a toujours été la course de ski de fond.
« Merci d’avoir partagé ce voyage avec moi, ça a été une expérience magnifique. » Magnus Krog à Nordic Magazine
- Un dernier mot pour vos fans et les amateurs de combiné nordique ?
Merci d’avoir partagé ce voyage avec moi, d’avoir fait ce bout de route. Ça a été une expérience magnifique et une superbe façon de sauter vers la prochaine étape de ma vie. J’espère que vous continuerez de suivre les incroyables athlètes du combiné nordique et que cela vous créera encore de beaux souvenirs liés au sport.
Dæhlie met fin à son contrat
Ancien grand fondeur, Bjørn Dæhlie a créé sa marque de vêtements sportswear en prenant sa retraite. Depuis 2014, il est le sponsor officiel de la fédération norvégienne de ski. Partenariat qui prendra fin après la prochaine saison olympique, au printemps 2022.
« Il n’y a pas vraiment de raison, de désaccord, je suis très satisfait de notre partenariat au cours de toutes ces années, confie Øystein Bråta, directeur général de la marque, au quotidien Dagbladet. C’est surtout dû au fait que nous voulions investir dans le ski de fond au niveau international, pas seulement national. »
Bjørn Dæhlie, lui aussi, se dit très content de ce partenariat qui aura finalement duré neuf ans. « Ce fut un vrai plaisir d’être leur sponsor, dit l’ancien fondeur. Désormais, nous voulons sponsoriser des athlètes venus de toute nation et ils feraient bien de faire affaire avec moi, j’ai pour habitude de dire que mes combinaisons permettent d’aller plus vite », plaisante-t-il.
De son côté, l’association de ski promet de terminer ce partenariat sur la meilleure note possible en remportant un beau lot de médailles lors des Jeux olympiques de Pékin en février prochain. « Nous continuerons bien sûr de soutenir le ski de fond grâce à de nouvelles initiatives que nous avons hâte de présenter », termine Bråta.
Lundby ne voulait pas
Vous l’avez certainement vu la semaine dernière : Maren Lundby a publié une vidéo rassemblant 21 sauteuses à ski demandant à pouvoir s’élancer sur les grands tremplins de vol à ski.
La Norvégienne a publié ce montage après l’annonce de la FIS qui refusait pour au moins encore une année d’accorder ce droit au circuit féminin. « En réalité, ça fait déjà presque un an que nous avons tourné cette vidéo, confie Lundby au micro de la NRK. J’espérais, comme les autres filles, que nous n’aurions pas à l’utiliser et à la publier. »
En fait, à la fin de l’hiver 2019/2020, Maren Lundby avait contacté le top 30 mondial pour leur demander si elles étaient favorables au vol à ski féminin. 21 avaient répondu oui (et apparaissent donc dans la vidéo), deux n’étaient pas sûres, deux ne se sentaient pas encore prêtes et cinq n’avaient pas pris le temps de répondre mais les résultats restent sans appel : près des 2/3 du top 30 du circuit féminin veut pouvoir voler. « En revanche, je ne jette pas la pierre à celles qui ne se sentent pas prêtes, je les comprends, continue Lundby. Mais 25 sauteuses, c’est suffisant pour une compétition. Et puis, regardez, tous les garçons non plus ne sont pas capables de faire du vol à ski. »
Elle prend ainsi l’exemple de Marius Lindvik qui avait avoué ne pas se sentir encore prêt pour le tremplin de vol à ski de Planica. « Et ce n’est pas grave, il faut surtout attendre de se sentir prêt », termine Lundby qui espère que cette campagne vidéo aidera à faire pencher la balance en la faveur du oui pour le vol à ski féminin dès l’hiver 2022/2023.
Mort de Brusveen, héros du fond norvégien
Il avait 93 ans et avait marqué une génération de fans de ski de fond : mercredi dernier, Håkon Brusveen est mort à l’hôpital de Lillehammer.
Brusveen avait entre autres remporté le 15 km lors des Jeux olympiques 1960 à Squaw Valley (Etats-Unis). Il sera le seul Norvégien en or cette année-là en ski de fond et participera à remporter l’argent avec le relais masculin. Ce n’était pourtant pas gagné puisqu’il ne devait être que remplaçant. Mais après de très bonnes courses avant les Jeux, un journaliste était allé trouver le roi Olav V (père de l’actuel roi de Norvège Harald V) pour lui demander à ce que Brusveen concourt à Squaw Valley. Le comité de sélection n’avait alors plus le choix et c’est à la surprise générale que le fondeur norvégien réussissait à prendre l’or devant les favoris de l’époque… Qui n’étaient pas norvégiens !
S’il perd l’or sur le relais pour quelques dixièmes, il a bel et bien marqué cette édition olympique 1960. Il sera récompensé par la médaille d’or de Morgenbladet (désormais d’Aftenposten, ndlr) et avait déjà été lauréat de la médaille d’Holmenkollen deux ans auparavant.
Il était aussi connu pour être devenu commentateur de ski de fond à la radio NRK dès 1963 après s’être essayé au biathlon avant sa retraite. « Brusveen a sans nul doute contribué à rendre le ski de fond populaire en Norvège, affirme Vegard Ulvang, autre grand fondeur norvégien. La passion, l’atmosphère qu’il donnait à ce sport lorsqu’il commentait avec Bjørge Lillien, c’était sans comparaison. »
Le commentateur de la NRK, Jan Petter Saltvedt, appuie ces propos : « C’est encore une des légendes du sport norvégien qui est mort cette semaine, déclare-t-il. Ce n’était pas seulement un grand skieur mais aussi un grand commentateur. » En Norvège, de nombreuses générations ont été bercées par la voix de Brusveen sur les antennes de la NRK et ses anciens collègues l’affirment, on se souviendra encore longtemps de lui.
Håkon Brusveen avait aussi participé à rendre le sport plus populaire à l’échelle locale, participant à la fondation du club de sa ville natale : Vingrom. « C’était très important pour lui que les jeunes aient une bonne éducation, surtout dans le domaine sportif », explique Steinar Fjeldberg, chef des équipes de ski de Vingrom. Car Brusveen avait failli refuser un poste à la radio, ne se sentant pas assez éduqué et ayant un fort accent. Il gérait en parallèle, même pendant sa carrière de fondeur, la ferme familiale puis un magasin de sport à Lillehammer. « Je pensais devenir jardinier ou menuisier à cause de mon asthme, racontait-il. Finalement j’ai pu réaliser mon rêve et être fondeur. Il faut dire qu’à l’époque, il valait mieux venir de la campagne, avoir un travail en lien avec la forêt… On se moquait un peu des citadins », déclarait Brusveen à la fin de sa carrière. Les Norvégiens, eux, s’en souviendront comme de LA voix du ski de fond et le premier à avoir commenté les épreuves depuis le bord de la piste.
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