JO 2022 : les Norvégiens prendront-ils position ?
Le football norvégien s’est dressé contre le Qatar qui organisera la prochaine coupe du monde. La raison ? Leur non-respect des droits de l’Homme. Et en Norvège, on attend des fondeurs – stars en leur patrie – qu’ils fassent de même avant les Jeux olympiques organisés en Chine.
Espen Bjervig, chef des équipes de ski de fond, a annoncé au micro de la NRK que sa direction se renseignait actuellement sur les accusations portées contre la Chine afin d’ensuite en informer ses athlètes. « Mon travail, c’est que les athlètes soient performants, qu’ils se concentrent là-dessus, explique Bjervig. Et s’il y a des problèmes dans les pays où nous devons concourir, alors nous nous renseignons et nous décidons ensuite. » De ne pas aller aux Jeux olympiques ? Cette décision semble très improbable. Ce n’est d’ailleurs pas ce que veulent les athlètes.
Interrogés, la plupart répondent ainsi se concentrer sur leur entraînement. « Je suis une fondeuse, je ne fais pas de politique et c’est au comité olympique et à notre direction de décider », déclare ainsi Heidi Weng. Helene Marie Fossesholm a aussi refusé de commenter, se contentant de dire que oui, les droits de l’Homme sont importants mais ce n’est pas à elle de créer une polémique.
« Je suis épaté par ce que fait l’équipe de foot, c’est difficile de prendre une décision politique comme eux et de s’y tenir, affirme quant à lui Iversen. Nous ne faisons pas aussi bien qu’eux, ni moi ni l’équipe alors je ne peux que leur dire mon soutien. » Fier de ses compatriotes mais pas de là à les imiter. Les fondeurs ne sont pas prêts à faire une croix sur les JO.
Amnesty, qui a travaillé en lien avec l’équipe de foot et dénonce les manquements aux droits de l’homme au Qatar et en Chine, ne leur en demande pas tant. La branche norvégienne de l’ONG voudrait seulement attirer le regard international sur les problèmes en Chine, en particulier le traitement réservé aux Ouïghours et leur enfermement dans des camps de « conversion ». « Je pense qu’il serait important que certains prennent la parole et disent qu’il est dommage que le milieu du ski de fond se rende dans des pays où les droits de l’homme ne sont pas respectés », déclare le secrétaire général d’Amnesty en Norvège, John Peder Egenæs.
Johannes Høsflot Klæbo et Sindre Bjørnstad Skar sont prêts à porter ce message, affirmant que l’association de ski de fond norvégienne doit agir et ne pas se taire face au non-respect des droits de l’Homme en Chine. Les sœurs Tiril et Lotta Udnes Weng, elles aussi, sont prêtes à lancer une action s’il le faut. Aucun ne parle, pour autant, de boycotter totalement les Jeux. « Tout est lié, on ne peut séparer sport et politique, surtout quand les gouvernements se servent du sport dans des intérêts politiques », conclut Egenæs.
L’équipe masculine en galère
Après l’équipe féminine, c’est au tour des fondeurs norvégiens de se rendre sur le Sognefjellet pour un premier stage d’entraînement. Ils y sont arrivés en milieu de semaine dernière et ont déjà pu faire leurs premiers chronos et voir leur état de forme. « Mentalement, je suis très bien, explique ainsi Emil Iversen au quotidien Dagbladet. Mais physiquement, j’ai l’impression d’être un seau plein de merde. »
Le fondeur de Meråker ne mâche pas ses mots mais son état de forme est loin d’inquiéter ses coéquipiers. « On le connaît bien maintenant, il est très fort pour ne rien faire au printemps puis beaucoup s’entraîner pour être tout à fait prêt en novembre », affirme ainsi Sindre Bjørnstad Skar.
Surtout qu’il n’est pas le seul à être dans le même état. « C’est bon d’être de retour à l’entraînement mais je dois me remettre en forme », déclare le nouvel arrivé Harald Østberg Amundsen. « Emil aime bien se rabaisser mais il n’est clairement pas le seul à se sentir dans le dur, on est tous comme ça », confirme Erik Valnes.
Pire : Sjur Røthe s’est fait disputer par sa compagne qui l’a forcé à sortir un peu pour aller courir. « Je n’avais aucune motivation, confie l’intéressé. Heureusement, c’est revenu. » Mais il est vrai que Røthe reconnaît qu’Iversen n’a peut-être pas tort : il est loin d’être le plus en forme de l’équipe actuellement. « Mais ça ira vite mieux, il est très motivé et c’est normal d’avoir des passages à vide, on ne peut pas être à fond 365 jours par an », conclut leur entraîneur Eirik Myhr Nossum.
Johaug : l’explication de son abandon
Mercredi dernier, Therese Johaug annonçait qu’elle arrêtait le premier stage d’entraînement de l’équipe nationale pour rentrer chez elle à Oslo. Dès le lendemain, le staff confiait à Dagbladet ne pas être inquiet. « Elle ne se sentait pas bien mardi et on ne préfère pas la pousser, pas au début de l’été, ça ne sert à rien, explique son entraîneur personnel Pål Gunnar Mikkelsplass. S’il restait plus d’une journée de stage, elle aurait juste pris un jour off mais là c’était inutile. »
Ole Morten Iversen, coach de l’équipe nationale, pense quant à lui qu’elle a peut-être eu du mal à gérer les hautes températures ce qui lui aurait donné un coup de fatigue. « Et puis Anne Kjersti Kalvå, avec qui elle partageait la chambre, est rentrée avec un mal de gorge alors elles ont peut-être attrapé une petite maladie toutes les deux », continue Iversen.
En tous cas, il estime lui aussi que Johaug a bien fait de s’écouter et de ne pas forcer si elle ne le souhaitait pas. « Il y a huit ans, elle aurait sûrement terminé le stage mais elle se connaît mieux maintenant », conclut Iversen.
Weng pas encore remise
Elle avait été la première à rentrer en Norvège : à Ruka, en novembre, Heidi Weng n’avait pu terminer le week-end de compétitions, trop stressée par l’épidémie de covid-19. Elle avait ensuite été suivie par toute l’équipe qui n’était revenue sur le circuit mondial que quelques mois plus tard. Si elle dit aller mieux grâce, entre autres, à des séances avec un psychologue, elle est tout de même toujours inquiète des répercussions que peut avoir l’épidémie.
« C’est simple, si les Jeux avaient lieu maintenant, je crois que je resterais à la maison », confie-t-elle à TV2 lors du stage sur le Sognefjellet. Marquée par la situation qu’elle avait vécue au Canada en mars 2020 lorsqu’elle avait failli ne pas pouvoir rentrer en Norvège, elle est depuis extrêmement précautionneuse. « Parler aux gens, sortir, me manque mais je préfère rester prudente et je ne vois donc toujours personne », continue Weng.
La Norvégienne attend donc avec impatience de recevoir le vaccin. Mais en Norvège, les athlètes ne bénéficient d’aucun passe-droit et doivent donc attendre leur tour alors que seulement deux millions de doses ont été administrées (contre 39 millions en France). Heureusement, le CIO a promis de vacciner toutes les délégations avant les Jeux de Pékin.
Fossesholm se met à Tiktok
Elle est arrivée dans l’équipe nationale l’an dernier et pourtant ses objectifs sont déjà très élevés. Helene Marie Fossesholm a un seul but cette saison : réaliser une campagne olympique exceptionnelle et aller chercher des médailles. « L’hiver dernier, mon objectif était de réaliser un podium et je l’ai fait, confie-t-elle à TV2. Je ne vais certainement pas aller me battre pour une 20e place à Pékin. Si on veut réussir, il faut avoir des objectifs élevés je crois. » A seulement 20 ans, la jeune femme impressionne et elle le sait. Pourtant, elle garde ce côté « jeune », ne cessant de s’amuser et de vouloir amuser la galerie. « Je peux vous promettre que même si j’ai changé de dizaine, je m’amuse toujours autant », affirme-t-elle ainsi aux médias.
Pendant l’intersaison, elle a d’ailleurs passé beaucoup de temps sur Tiktok, le réseau social le plus à la mode du moment. « J’adore Tiktok, je dois bien l’admettre, dit Fossesholm au micro de TV2. Et je vais continuer à faire des vidéos cet été, ce n’est pas très long et c’est très amusant. » Son compte est d’ailleurs très apprécié depuis sa première vidéo en janvier où elle se mettait en scène avec Heidi Weng sur un titre du film High School Musical. « Je veux rester moi-même, publier quand j’en ai envie alors je ne sais pas encore ce que ça va donner mais j’ai bien envie de continuer », conclut Fossesholm.
Les fondeurs n’iront pas en altitude ce mois-ci
Therese Johaug l’a dit et répété : pour être en forme à Pékin aux Jeux olympiques, il faudra s’être entraîné en altitude et ce dès le début de l’été 2021. La Norvège avait donc prévu d’emmener ses équipes de fond en Italie dès le mois de juin. « Nous devons annuler ce stage, a annoncé Espen Bjervig à Dagbladet cette semaine. Nous ne voulons pas prendre de risque inutile avec l’épidémie et nous allons donc encore attendre quelques temps. » L’objectif sera de se rendre à la fin août à Font-Romeu pour l’équipe masculine et en Italie pour l’équipe féminine.
De quoi agacer certains membres des équipes nationales qui estiment qu’ils ne seront pas bien préparés aux épreuves olympiques en altitude s’ils ne s’y prennent pas assez tôt. « Pour avoir une préparation optimale, il faut s’entraîner en hauteur dès juin », affirmait Johaug dès le mois d’avril. Si elle le voulait, elle pourrait y aller seule. Elle n’exclut pas cette possibilité, tout comme Johannes Høsflot Klæbo. Mais pas de quoi inquiéter Espen Bjervig, chef des équipes nationales. Pour lui, voyager à deux ou trois est bien moins compliqué en temps d’épidémie qu’avec une équipe au complet. « Je pense donc qu’il n’y aurait aucun souci mais personne n’a encore rien décidé », conclut-il.
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