Suites du conflit Bråthen-fédération
C’est LA grosse affaire de cette fin août. La fédération norvégienne est en conflit avec son directeur du saut à ski, Clas Brede Bråthen. L’association de ski hésite à prolonger son contrat au-delà de 2022 tandis que Bråthen veut désormais obtenir un CDI qu’il estime bien mérité après plus de 17 ans de bons et loyaux services où il a participé à envoyer les équipes norvégiennes au sommet du monde du saut à ski. Il jouit d’ailleurs d’un soutien sans faille des coachs et du reste du staff des équipes. Alexander Stöckl a même annoncé qu’il ne continuerait peut-être pas si Bråthen s’en allait.
Mais au départ, tous voulaient régler ce conflit loin des médias. « Nous avons fait tout notre possible pour que les choses évoluent sans passer par les médias, explique Bråthen au micro de la NRK. Au départ, il n’y avait même pas de problème puisque mon contrat devait être reconduit et j’étais ravi de la confiance que l’on m’accordait encore. » Mais ça, c’était avant que la fédération ne fasse volte-face. « Ces dernières semaines, les choses ont changé, déclare Alf Tore Haug, représentant du saut à la fédération, à la NRK. Les deux parties ont une responsabilité dans ce changement car il nous faut nous mettre d’accord sur les termes de la coopération entre Bråthen et la fédération. »
Pour l’avocate du directeur sportif, ces problèmes de « coopération » auraient un lien avec la volonté du Norvégien de mettre en avant la lutte pour le saut féminin dans les médias. Clas Brede Bråthen a en effet été d’un soutien sans faille pour Maren Lundby, ses coéquipières et ses rivales, voulant que la Norvège soit pionnière dans l’égalité hommes-femmes en saut à ski.
« Nous en sommes là car notre équipe mène les combats nécessaires, estime Bråthen. Nous sommes très soudés dans le monde du saut et c’est ainsi que j’aime le sport, c’est ainsi qu’il perdurera je l’espère. Et mon amour de ce sport n’a aucune limite : je ferais n’importe quoi pour que ça fonctionne. »
Et les athlètes le lui rendent bien. Plusieurs se sont ainsi déjà exprimés dans les médias. « Nous ne comprenons pas cette situation, commence Daniel Andre Tande, interrogé par la NRK. Nous sommes très contents de lui, il a développé notre sport en Norvège et nous pouvons compter sur lui. » Un avis appuyé par Maren Lundby : « sportivement parlant, il a beaucoup compté pour moi, raconte-t-elle, mais aussi à d’autres niveaux. Je le connais depuis que j’ai 14 ans et il a toujours été là pour moi. C’est une personne formidable et il mérite de conserver son poste. »
Halvor Egner Granerud, lui, espère qu’une solution sera vite trouvée. « Je veux qu’on garde Clas, qu’on garde Alexander et qu’on ne détruise pas tout notre staff, confie le Norvégien à TV2. D’une certaine manière, ce sont nos carrières qui sont en jeu car la mise en place d’un nouveau staff pourrait nous faire perdre 3 ans et nos carrières sont courtes. »
Pour Johan Remen Evensen, il en va même de l’avenir de cette saison olympique. « Ce serait insoutenable de ne pas régler ce problème avant l’hiver, estime-t-il dans les colonnes de Dagbladet. Cela impacterait le sport car on a besoin de l’homme qui a participé à rendre notre sport si grand en Norvège. » Les entraîneurs et athlètes comptent donc s’en mêler en participant à une réunion de clarification avec la fédération norvégienne très prochainement.
Iversen craint les chutes en ski-roues
Lors de l’Hommenkollen Ski Show, du Blink Festival puis à Wiesbaden, de nombreux skieurs ont chuté. Tarjei Bø souffre d’ailleurs encore des conséquences de vilaines chutes en Allemagne. En cause : les fixations de l’entreprise norvégienne Rottefella. La fédération norvégienne a finalement décidé de choisir d’autres ski-roues pour les courses de la Toppidrettsveka mais certains fondeurs restent inquiets, comme Emil Iversen.
« Quand j’ai vu la chute de Tarjei, j’en ai eu des frissons, explique-t-il au micro de la NRK. Le ski-roues est dangereux, on le sait. Mais ce genre d’incident ne devrait pas être aussi courant, il aurait fallu le prendre plus au sérieux plus vite. » Le Norvégien souligne aussi que ces chutes auraient pu gâcher plusieurs hivers. Heureusement, pour presque tous, plus de peur que de mal. « Il y aurait pu y avoir des bras cassés ou pire et là… Des saisons olympiques se seraient brutalement arrêtées », continue Iversen. Un avis que partage Tarjei Bø, l’un des principaux concernés par ces évènements.
Dans un mail envoyé à la NRK, l’entreprise Rottefella a tenu à s’excuser pour ces malheureux incidents. « Nous avons un contrôle qualité et sécurité interne qui n’a pas fonctionné cette fois, c’est très grave et cela nous fait mal de savoir que les athlètes n’ont plus confiance, dit le communiqué. Nous sommes une entreprise norvégienne qui produit en Norvège et toutes les critiques et avis nous tiennent à coeur. Nous allons tout faire pour régler ce problème. »
En attendant, la fédération norvégienne n’utilisera plus ces fixations, au grand soulagement de plusieurs athlètes.
Les mêmes distances pour hommes et femmes ?
Si Emil Iversen s’inquiète des fixations de ski-roues, son père, Ole Morten Iversen, s’intéresse à un autre combat. L’entraîneur de l’équipe de ski de fond féminine norvégienne a en effet réagi aux critiques des fondeuses suédoises sur l’écart de distances entre compétitions féminines et masculines. Frida Karlsson a ainsi déclaré, soutenue par Charlotte Kalla et Linn Svahn, que les femmes et les hommes devraient avoir les mêmes courses, entre autres avec le 50km.
« Je ne suis absolument pas d’accord avec cette proposition, a réagit Iversen, interrogé par la NRK. J’entraîne des filles depuis des années et cette requête d’avoir un 50km féminin n’aurait aucun intérêt pour le ski de fond norvégien ou international. » La FIS, elle, est prête à mettre le sujet sur la table dès la prochaine réunion internationale cet automne avant d’être votée au printemps prochain.
« Bien sûr que certaines athlètes aimeraient courir le 50km comme Johaug ou Karlsson, continue le coach norvégien. Mais je dois penser à toutes les fondeuses et si l’on accorde cette égalité, on aura plus de mal à recruter des athlètes et ce ne sera pas forcément bon du point de vue des spectateurs. » Iversen est d’ailleurs soutenu par plusieurs de ses athlètes. « Si vous demandez à Frida, Therese ou une autre distanceuse, bien sûr qu’elles veulent aller encore plus loin mais cela augmenterait les inégalités, souligne Anne Kjersti Kalvå. Les hommes sont plus grands, ont plus de force et ce n’est donc pas illogique qu’ils aient des courses plus longues. »
Sa coéquipière, la sprinteuse Ane Appelkvist Stenseth, n’est pas tout à fait d’accord : « on le voit en athlétisme, l’égalité hommes-femmes est possible sur ce point, réagit-elle au micro de la NRK. Mais peut-être peut-on le faire dans l’autre sens ? Réduire la distance des courses masculines ? » Une idée que la FIS compte aborder en proposant, par exemple, une course de 42km pour tous, soit la distance d’un marathon. Une proposition qui ne séduit toujours pas Ole Morten Iversen. « Le 50km, c’est une institution, rappelle-t-il. De plus, notre façon de fonctionner en ski de fond me paraît tout à fait égalitaire, les femmes et les hommes sont au même plan contrairement à d’autres sports. »
Une question qui n’est pas prête d’être réglée.
Des nouvelles de Sundby
Martin Johnsrud Sundby a pris des vacances cet été ! Une nouvelle qui peut paraître bien commune lorsque l’on ne connaît pas l’acharnement du fondeur lorsqu’il s’agit de son entraînement. Mais ça, c’était avant. Avant qu’il ne sorte de l’équipe nationale. Avant qu’il n’ait trois enfants. Cet été, le Norvégien a décidé de prendre du bon temps en famille, entre autre pour soulager sa femme qui a repris le travail à temps plein, et il n’a donc effectué que très peu d’heures d’entraînement en juillet et en août. « C’est historique pour moi ! sourit le fondeur au micro de la NRK. J’ai finalement réussi à me détendre mais je dois dire qu’au départ, ça m’a fait un choc, j’ai dû m’y habituer. »
Un format qui ne réussit pas trop mal à l’ancien champion qui a tout de même bien performé lors de la Toppidrettsveka. « Je sais comment je vais me préparer à l’automne et je pense que cela peut fonctionner mais je changerai peut-être d’avis dans quatre mois », continue Sundby, rieur. Il faut dire qu’il se frottera au circuit longue distance qui s’annonce très relevé. « Et j’espère vraiment que d’autres grands noms nous rejoindront… Peut-être Petter Northug ? » conclut le Norvégien dans les colonnes de Dagbladet. Il n’est d’ailleurs pas le seul à faire vivre cette rumeur.
Northug en compétition cet hiver ?
Car Petter Northug Jr. a remis le dossard. Il a ainsi participé au dernier jour du Blink Festival et à la Toppidrettsveka lors de ce mois d’août. Si les résultats n’ont pas été merveilleux, ils sont de bon augure : le Norvégien est motivé et prêt à mettre derrière lui tous ses problèmes. Mais prolongera-t-il jusqu’à l’hiver ? C’est le souhait de beaucoup, dont son ami Petter Skinstad.
« Au Blink, il avait eu la grippe 10 jours avant alors son état de forme était plutôt bon quand on prend cela en compte, explique Skinstad au quotidien Dagbladet. J’ai été très agréablement surpris. » Le fondeur a aussi assuré que Northug s’entraînait beaucoup ces derniers temps, principalement à ski-roues. « Et je m’attends à ce qu’il augmente encore sa dose de travail, continue Skinstad. On le sent plus heureux et je suis très content de le voir retrouver cet état d’esprit positif. » Il ne fait donc aucun doute pour le Norvégien qu’on verra bientôt l’enfant terrible de Mosvik repasser un dossard... Mais cette fois en hiver !
Nouvelle maison pour Jacobsen
Astrid Uhrenholdt Jacobsen vient d’acquérir une nouvelle maison, à l’ouest d’Oslo pour la modique somme de 14 millions de couronnes norvégiennes ! C’est le quotidien VG qui a partagé l’info cette semaine, n’en révélant pas plus sur la nouvelle propriété de l’ancienne fondeuse. Un achat plutôt inattendu sachant qu’elle partira bientôt pour son internat de médecine dans les Vesterålen, bien plus au nord, pendant un an et demi.
En attendant, elle participe à Landskampen et prend très au sérieux son rôle de représentante des athlètes au CIO.
Les cinq dernières infos
- Saut à ski | Rasnov : le Japonais Keiichi Sato en tête des qualifications, top 20 pour Ari Repellin
- Biathlon : du beau monde aux championnats de Norvège
- Ski de fond : une bonne nouvelle pour Ebba Andersson et Gustaf Berglund
- Rollerski : elle va courir la Klarälvsloppet une semaine après ses chutes à ski-roues
- Saut à ski : les billets pour la Tournée des Quatre Tremplins partent comme des petits pains