Moseby impressionne
Personne n’aurait parié sur lui et pourtant, c’est bien Håvard Moseby qui a fait sensation sur les courses masculines de Beitostølen. 3e samedi, 4e dimanche, le Norvégien de 22 ans ne s’attendait absolument pas à un tel résultat. Il faut dire que lors du Holmenkollen Ski Show au début de l’été, Moseby est tombé et s’est blessé à la hanche. Après un mois d’entraînement ainsi, il a subi une fracture de fatigue au bassin en juillet. « A partir de là, je ne pouvais plus skier, j’avais trop mal », confie le fondeur à la NRK.
Au début du mois d’août, après avoir passé une IRM, l’athlète a été obligé de se mettre au repos. « La pilule a eu beaucoup de mal à passer, admet-il. J’ai eu beaucoup de difficulté à voir le positif. » Sans possibilité de courir ou de skier, Moseby s’est tourné vers la natation et plus précisément la nage en eau libre, coaché par un concurrent du Norseman Xtreme triathlon, Mette Pettersen Moe. « Ca a été un défi mental pour moi, j’ai même acheté des écouteurs étanches pour m’aider dans mes entraînements mais j’espère ne jamais avoir à le refaire », confie le Norvégien.
Mais à force d’abnégation et de travail, il a tout de même réussi à revenir en forme pile pour l’ouverture de la saison. « Je ne pensais pas y arriver, mais je l’espérais certainement, j’ai beaucoup travaillé pour cela », continue-t-il. Moseby rêve maintenant de qualification pour la coupe du monde et peut-être même pour les Jeux olympiques…
Un rêve pas si fou d’après son compatriote Petter Northug Jr. « Il a fait de très belles courses, commente-t-il pour TV2. Je pense qu’il a de bonnes chances d’être sélectionné pour Ruka même si Erik Valnes est aussi un gros concurrent, tout comme Amundsen. » De son côté, Moseby ne préfère pas y penser. « Je veux seulement aller vite sur toutes les courses où je serais aligné et si cela peut m’amener en coupe du monde ou aux Jeux, tant mieux », conclut-il.
Østberg critiquée, Johaug et Northug réagissent
Qualifiée pour le week-end d’ouverture à Ruka après une saison blanche, Ingvild Flugstad Østberg a fait le choix de ne pas prendre le départ à Beitostølen. Un choix très critiqué, entre autres par des entraîneurs régionaux. « Cela montre que l’équipe nationale ne prend absolument pas en compte ceux qui n’en font pas partie, c’est renier qu’il existe de nombreux talents en Norvège », déclare ainsi Ola Kvisle, entraîneur de l’équipe Norconsult, dans des propos rapportés par Dagbladet. « Il faut quand même rappeler qu’elle est l’une des meilleures du monde alors la qualifier d’office pour Ruka n’est pas absurde », réagit de son côté l’entraîneur de l’équipe Telemark, Steinar Mundal.
Des avis partagés qui ont tout de même touchés Østberg. « Je comprends que ceux qui ne sont pas en équipe nationale veulent se battre pour une place en coupe du monde, dit-elle. Mais ce n’est pas ma décision, ce n’est pas moi qui ait choisi qui aligner même si j’ai un peu mauvaise conscience, je préfèrerai ne pas y penser mais c’est comme ça. »
Elle a aussitôt été soutenue par son amie et coéquipière Therese Johaug. « Il ne faudrait pas oublier ses résultats pendant plusieurs années ! s’insurge la Norvégienne auprès de la NRK. Il y a toujours des critiques mais nos entraîneurs savent ce qu’ils font. Et puis, Ingvild n’aurait pas accepté de s’aligner si elle savait qu’elle avait la forme d’un âne ! » Ole Morten Iversen, coach de l’équipe féminine, appuie ces propos : « je recherche les meilleures athlètes pour les Jeux olympiques, je connais Ingvild, je sais comment elle s’est entraînée et je dois penser à ramener des médailles, même si c’est un peu cynique, dit Iversen. Je préfère parier sur quelqu’un de sûr et d’expérimenté. »
Petter Northug Jr. a lui aussi réagit à cette petite polémique. « Ingvild ne doit pas y penser, si ça m’était arrivé, je n’aurais pas prêté attention aux autres, dit l’ancien fondeur au micro de TV2. Je pense qu’à sa place, j’aurais voulu ma place si j’avais senti que je pouvais bien performer, peu importe qui était éjecté pour me faire de la place. Et je pense que c’est normal de laisser Ingvild prendre le départ de la coupe du monde. » Loin d’opter pour la même philosophie, Østberg a conclut qu’elle ne pouvait rien y changer. Elle tentera donc de faire de son mieux pour performer à Ruka.
Smedås affronte son deuil
Magni Smedås a pris une très belle 11e place samedi sur le 10 km de Beitostølen. Mais ce n’est pas sa performance qui occupait toutes les pensées de la fondeuse une fois la ligne d’arrivée passée. « C’est très difficile pour moi d’être là aujourd’hui car mon père avait l’habitude de venir m’encourager à Beitostølen, explique-t-elle au micro de la NRK. C’est étrange et triste pour moi de savoir qu’il n’est pas là même si je suis heureuse que ma mère soit venue. » Car la jeune femme de 26 ans a perdu son père dans un accident de la route il y a un peu plus d’un mois. C’est donc en larmes qu’elle a retrouvé sa mère après la course. « Elle m’a dit qu’elle était fière et que mon père aussi aurait été très fier de moi », confie-t-elle quelques minutes plus tard.
En zone mixte, elle a ensuite croisé le chemin de Therese Johaug qui a tenu à la réconforter. « Qu’elle soit ici aujourd’hui, qu’elle performe ainsi, cela montre la force qu’elle a en elle et je pense que son père aurait en effet été très fier d’elle », dit la numéro 1 norvégienne aux médias. « J’ai de la chance, j’ai beaucoup de soutien, entre autres de mes coéquipiers, mais cette saison sera très spéciale pour moi », continue Smedås.
La fondeuse a aussi confié qu’après l’accident, elle avait mis beaucoup de temps à rechausser les skis, ayant d’abord perdu toute envie de skier. « Mes coéquipiers m’ont aidée à revenir et j’ai ensuite travaillé très dur, c’est une victoire pour moi d’être là et d’être revenue à un bon niveau », conclut-elle.
Granerud : le globe plus que l’or
« Mon objectif cette saison sera de défendre le gros globe de cristal plus que d’obtenir un titre olympique, confie Halvor Egner Granerud avant les premiers sauts de la saison au quotidien VG. La coupe du monde sacre le meilleur mondial, les JO sacrent le meilleur d’une seule journée même si je puisse comprendre qu’une médaille olympique soit quelque chose de spécial. Mais si je suis le meilleur sur la saison, je peux aussi l’être aux Jeux. »
Une philosophie qui s’oppose à celle de la plupart des fondeurs qui donnent la priorité aux JO plutôt qu’au globe de cristal. « Mais le saut à ski est un sport très différent du ski de fond ou du biathlon, rappelle Granerud. A chaque saison, nous repartons de zéro, nous ne pouvons pas seulement nous baser sur l’expérience de ce qui a déjà marché ou pas. » Un aspect qui excite les sauteurs autant qu’il peut les handicaper. Il n’est pas rare de voir un sauteur dominer une saison avant de plonger au classement l’hiver suivant. « Très franchement, j’aime cela autant que je le déteste mais il faut faire avec », conclut le Norvégien.
Pour le moment, il aura tout de même brillé en Russie avec une troisième place et une victoire. Il repart à Ruka ce week-end avec la deuxième position au général.
Beitostølen face au vent
Les organisateurs des courses de Beitostølen ont dû faire face à un ennemi plus commun en saut à ski qu’en ski de fond : le vent. Après avoir annulé les sprints vendredi, les bénévoles et même les officiels ont dû mettre la main à la pâte pour préparer la piste pour les épreuves de samedi. Espen Bjervig lui-même est venu en aide aux organisateurs pour aider à ramasser tous les cailloux apparus sur la piste en raison des températures bien trop douces pour la neige.
« J’ai trouvé une technique efficace pour aller plus vite je crois, plaisante le directeur sportif du ski de fond norvégien au micro de la NRK. Je prends deux petites cuillères, cela permet de sortir le caillou plus vite. » Plus sérieusement, Bjervig regrette ces conditions se mettant en travers du bon déroulement des épreuves norvégiennes. « La neige était bonne mais on a perdu 10 centimètres avec la chaleur et le vent et tous les défauts de la piste sont réapparus, explique-t-il. Il nous faut absolument tout enlever pour éviter que les fondeurs n’abîment leurs skis. »
Mais malgré le travail de dizaines de bénévoles dans la nuit de vendredi à samedi et au petit matin, les incidents n’ont pas tous pu être évités. C’est ainsi qu’Heidi Weng a dû s’arrêter en pleine course pour déloger un caillou de son ski, lui faisant perdre un temps précieux sur Therese Johaug. « Le pire, c’est que je n’arrivais pas à le déloger rapidement alors je me suis énervée, confie Weng à la NRK. J’ai fait un effort pour me calmer et j’ai alors pu l’enlever et repartir. »
Heureusement, aucune chute n’a été à déplorer en raison de l’état de la piste. Une bonne nouvelle pour les organisateurs qui avaient annulé vendredi pour éviter tout danger.
Slind impressionnante à Sjusjøen
La fondeuse Astrid Øyre Slind avait décidé d’aller s’entraîner en conditions réelles lors des épreuves de biathlon de Sjusjøen. Et elle a impressionné ses concurrentes, prenant le meilleur temps de ski de fond lors du sprint où elle s’est classée 27e avec un 5/10 au tir. Il faut dire que sur les skis, elle n’avait que peu de concurrence, prenant 11 secondes d’avance sur la deuxième plus rapide du jour, Marte Olsbu Røiseland. « C’est impressionnant ! Elle est dans une très bonne forme je pense », réagit cette dernière au micro de la NRK.
Torgeir Bjørn, expert NRK, a aussi noté cette très bonne performance : « Personne ne s’y attendait vraiment car skier en portant une carabine est un exercice difficile, rappelle-t-il. J’espère pour nos biathlètes qu’elles étaient juste moins en forme et seront meilleures à l’ouverture de la saison. »
Slind, elle, s’est rassurée sur sa préparation après deux hivers difficiles, ponctués par la maladie cœliaque, un rhume, la pandémie de covid-19 et enfin un surentraînement la saison dernière. « Quand je me suis trop entraînée, Chris Jespersen m’a recommandé de faire autre chose, pourquoi pas de tirer, explique la Norvégienne. J’ai donc commencé cet hiver et cela m’a beaucoup amusée, m’a permis de penser à autre chose. » La fondeuse assure aussi que cette expérience lui a permis de développer sa patience et de s’améliorer en ski de fond. Une formule apparemment gagnante puisque Astrid Øyre Slind a pris une 7e et une 6e position.
Krüger attaqué
Simen Hegstad Krüger aurait bien pu manquer les épreuves de Beitostølen le week-end dernier voire même le début de la saison de ski de fond. La raison ? Quelques jours avant, le Norvégien est parti faire son jogging quand il a vu arriver deux petits chiens. « Ils étaient mignons mais ils sont arrivés en aboyant, explique le fondeur à Dagbladet. Je ne m’en suis pas trop occupé et soudain, ils m’ont attrapé les chevilles et m’ont mordu. »
Heureusement, plus de peur que de mal pour le champion olympique en titre du skiathlon. « J’ai seulement dû aller à l’hôpital prendre des antibiotiques et me faire vacciner contre le tétanos par précaution, continue-t-il. Les propriétaires, eux, étaient très embêtés et surpris que ça ait pu se produire mais ce n’est pas leur faute. » Magnanime, Krüger a donc décidé de seulement raconter cette anecdote comme un fait amusant plus que comme un réel incident.
A Beitostølen, le fondeur a terminé 6e samedi et 14e dimanche.
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