Klæbo en équipe privée ?
C’est l’affaire qui a fait les gros titres la semaine dernière : Johannes Høsflot Klæbo a failli manquer l’étape de Lillehammer après être entré en conflit avec la fédération pour une histoire de sponsor. Finalement, le fondeur est rentré dans les rangs mais pas sans rappeler qu’il pensait qu’arborer Viaplay comme sponsor n’allait pas avec ses valeurs.
De quoi lancer la plus folle des rumeurs : Klæbo pourrait-il imiter Petter Northug Jr. et partir en équipe privée ? Le PDG d’Uno X-Mobility, plus gros sponsor du Norvégien, a tenu à nier ces rumeurs. « Nous n’en avons jamais discuté, assure Vegar Kulset au micro de TV2. Il n’y a aucune place allouée aux équipes privées en coupe du monde, si la FIS change ces règles, alors nous y réfléchirons mais pour le moment, ce n’est pas pertinent. » Même si Kulset a déjà dit être en faveur d’un remplacement des quota nationaux par des équipes privées, proposition soutenue par Klæbo dans les médias.
Pour autant, le fondeur a aussi assuré qu’il espérait faire partie de l’équipe nationale au moins jusqu’aux Championnats du monde à Trondheim en 2025. Mais pour son ancien coéquipier, Martin Johnsrud Sundby, la question est loin d’être si facilement réglée. « Il faut se rendre compte que l’Association de Ski est incapable de gérer ces conflits, elle l’a montrée au fil du temps, cela ne cesse de réapparaître », réagit le retraité dans les colonnes de VG.
S’il fustige la fédération, il tient à rappeler que Klæbo aussi a sa part de responsabilité : « dans l’équipe nationale, il y a 24 athlètes, seuls 3 ou 4 d’entre eux ont des revenus suffisants pour vivre par leurs propres moyens, les autres dépendent vraiment de ce genre d’accord de sponsoring, rappelle Sundby. Si Klæbo met cela en danger, ce n’est pas une bonne idée non plus. »
Et tous ces éléments combinés pourraient bien, à termes, briser la relation entre le fondeur et la fédération norvégienne. « Franchement, je serai surpris que Klæbo ne décide pas de quitter l’équipe nationale avant 2025 », ajoute Sundby. Le père du fondeur norvégien, Haakon Klæbo, a lui décrété que ces questions devraient être réglées hors des médias : « la seule chose que veut Johannes cette année, c’est skier vite, surtout aux Jeux olympiques », conclut-il.
Quentin Fillon-Maillet devance les Norvégiens
Avant de remporter la victoire dimanche sur la poursuite, Vetle Sjåstad Christiansen a connu quelques difficultés avec les très froides températures d’Östersund. Lors du week-end d’ouverture, le Norvégien a manqué le podium sur l’individuel à cause de plusieurs fautes sur le dernier tir. En cause ? Des doigts gelés. Le lendemain matin, dans les colonnes de Dagbladet, le biathlète confie qu’il a encore froid : « j’ai essayé de dormir avec les mains au chaud, dans mon boxer très exactement, plaisante-t-il, mais rien à faire. Mes doigts ont tellement gelé que la peau s’est trop durcie, je ne la sens plus. » Tout de même plus habitué sur les courses suivantes, il réussissait à régler la question jusqu’à monter sur la plus haute marche du podium.
Mais une invention aurait encore mieux pu l’y aider si les Norvégiens y avaient déjà eu accès : le quotidien VG a ainsi révélé que Quentin Fillon-Maillet avait fait sensation auprès de l’équipe norvégienne avec ses nouveaux gants chauffant ! Le fournisseur de gants des Norvégiens, Kinetixx, a assuré que l’équipe devrait recevoir ces nouveautés dans quelques semaines. « Nous espérons que le CIO nous donne aussi l’autorisation de les utiliser sur les Jeux de Pékin », a ajouté le responsable marketing de Kinetixx.
Il faut dire que la marque a passé du temps sur cette innovation après une idée soufflée par Quentin Fillon-Maillet il y a deux ans. « Il a été difficile de travailler avec les câbles, les piles… Il faut huit à dix heures en tout pour créer une paire. Et puis chaque athlète a des gants personnalisés, il n’y a pas deux paires identiques », explique Kinetixx. Une innovation que les Norvégiens sont pressés de tester. « Franchement, j’aurais aimé les avoir ce week-end, confie Sturla Holm Lægreid. J’ai du mal à tirer quand j’ai les mains froides alors je suis très impatient. Cela pourrait même décider d’une victoire aux JO, c’est une innovation importante. »
Les Norvégiens devraient avoir accès à ces gants au plus tard sur la coupe du monde du Grand-Bornand.
Larsen impressionne
Sur le sprint de Lillehammer, Johannes Høsflot Klæbo a retrouvé de sa superbe. Pourtant ce n’est pas lui qui a le plus impressionné le public mais bien le numéro 2 de vendredi : Thomas Helland Larsen. « J’espère que cette performance suffira à le qualifier pour l’étape de Davos », déclare après le sprint son entraîneur Ola Kvisle. De son côté, Johannes Høsflot Klæbo a avoué se méfier de son compatriote : « je lui ai peut-être donné un peu trop de conseils comme nous partageons la même chambre ici, il a bien failli me battre, je vais devoir faire plus attention », plaisante-t-il au micro de la NRK.
Larsen a confié avoir en effet beaucoup profité de l’expérience de son coéquipier. « Et puis monter sur le podium ici, c’est énorme quand on sait tout ce que cela cache », continue-t-il. En effet, depuis trois hivers, le fondeur a connu des temps difficiles en équipe senior après avoir très bien performé en junior. « Ça se passait très bien et soudain, je n’y arrivais plus, raconte-t-il. Mais je crois que cela m’a servi, c’est dans l’adversité qu’on apprend le mieux. J’ai essayé d’en tirer des leçons, de faire de mieux en mieux et mes efforts payent enfin. »
Un soulagement pour le Norvégien qui a fondu en larmes en retrouvant ses parents et sa petite amie, Marte Lier, après le sprint. « Ça a été difficile de le voir comme ça, désemparé, je pouvais seulement essayer de le détendre, le faire rire, je suis heureuse de voir que ça s’est amélioré pour lui », dit cette dernière. Espérons désormais que Larsen confirme cet état de forme et puisse continuer de faire ses preuves.
Lotte Lie aux Jeux pour la Belgique ?
La biathlète Lotte Lie réalise un beau début de saison cet hiver. A Östersund, elle a même réussi à finir chaque course devant Tiril Eckhoff, pourtant numéro 1 mondiale l’an dernier. Elle devrait donc être logiquement emmenée aux Jeux olympiques de Pékin en février… Mais pas avec la Norvège. La Norvégienne se bat en effet sous les couleurs de la Belgique. Elle espère ainsi obtenir une des douze « wildcards » de l’IBU, données aux athlètes des petites nations du ski comme la Belgique pour aller sur les grands évènements comme les JO. « Il y a encore beaucoup de compétitions avant que ça ne soit officiel, confie Lie à la NRK. L’IBU ne rendra sa décision qu’après Ruhpolding, je dois donc continuer de performer. »
En s’entraînant avec une équipe privée norvégienne, l’athlète de 26 ans met toutes les chances de son côté, comme lorsqu’elle a décidé en 2019 de changer d’équipe et de concourir pour la Belgique grâce à sa mère belge. « J’ai fait partie de l’équipe nationale junior en Norvège mais j’ai perdu ma place et je voulais vraiment continuer le biathlon et atteindre la Coupe du monde alors j’ai fait ce choix et je ne le regrette absolument pas », explique Lotte Lie.
Du côté de la Norvège, on se réjouit de ses bons résultats en Suède ces deux derniers week-ends. « Nous vivons très bien qu’elle ait battu plusieurs de nos athlètes, affirme Per Arne Botnan, directeur du biathlon norvégien. Elle a fait son choix en partant concourir pour la Belgique et on ne peut qu’être heureux que ce choix porte ses fruits et qu’elle réussisse à se développer, à s’améliorer. » Prochaine étape dans l’ascension de la Belgo-norvégienne : les Jeux olympiques.
Le saut et le combiné n’iront pas en Chine
Le week-end prochain, des compétitions en Coupe continentale seront organisées en saut à ski et en combiné nordique pour tester les tremplins et les pistes olympiques en Chine. Mais les Norvégiens ont décidé de n’y envoyer aucun athlète. « C’est surtout car nous craignons ce qui pourrait se passer si un membre de l’équipe tombait malade là-bas, surtout par rapport aux conditions de quarantaine », explique Clas Brede Bråthen à la NRK.
Initialement, le saut à ski et le combiné nordique devaient envoyer un entraîneur et un athlète pour tester les installations. Une équipe réduite pour des questions de coût mais qui semblait nécessaire pendant un temps pour récolter des données. « Finalement, les considérations humaines primeront, continue Bråthen. Nous ne voulons prendre aucun risque, tant pis pour la collecte d’informations. »
Après avoir pris la décision conjointement avec la direction du combiné nordique norvégien, le directeur du saut à ski a donc décidé que les Norvégiens iraient participer aux JO à l’aveugle. « Mais nous savons gérer l’imprévu et désormais, nous défendrons cette décision, quoi qu’il arrive, c’était la meilleure chose à faire », conclut Bråthen.
L’avenir du fond féminin en jeu
Therese Johaug, Heidi Weng, Ingvild Flugstad Østberg, Maiken Caspersen Falla… Elles ont toutes plus de 30 ans. Elles représentent pourtant les meilleurs espoirs de victoire du fond féminin norvégien cette saison encore. A elles quatre, elles comptabilisent 372 podiums en coupe du monde contre seulement 2 pour le reste de l’équipe nationale. « C’est trop mince, il y a trop d’écart de performance entre elles et les plus jeunes, celles qui sont supposées être la relève, s’inquiète Petter Skinstad, expert en ski de fond pour TV2. Il risque d’il y avoir un grand vide quand ces quatre athlètes prendront leur retraite et elles risquent d’arrêter toutes plus ou moins en même temps. Il nous restera qui alors ? Fossesholm ? Elle sera bien seule face aux autres meilleures nations du ski de fond. »
Le fond norvégien est donc prévenu : du côté de l’équipe féminine, la relève tarde à arriver. Elle pourrait bien être là trop tard, si l’on omet Helene Marie Fossesholm. « Il est vrai que l’on voit qu’il y a un écart entre les meilleures et les deuxièmes meilleures de l’équipe, admet Espen Bjervig, directeur des équipes nationales de fond. Il faut dire que nos athlètes étaient tellement fortes qu’il a été difficile pour les plus jeunes de se faire une place, d’accéder à la coupe du monde. Nous devons réagir et travailler sur ce point car nous dépendons de l’arrivée au sommet de jeunes recrues. »
Plus grave : du côté des autres nations, le recrutement parmi les juniors se passe à merveille, comme le montrent, entre autres, les Suédoises. « Nous devons effectuer de réels changements, prendre plus soin de nos juniors et des athlètes en deuxième ligne », estime Skinstad. « C’est vrai, répond Bjervig. Fondamentalement, nous avons de bonnes bases qui permettent aux athlètes de se développer, d’être dignes du meilleur niveau mais peut-être devrions-nous plus leur laisser l’opportunité de faire leurs preuves en Coupe du monde. »
Une prise de conscience suivie d’actions ? A Davos, en tous cas, on verra enfin trois jeunes Norvégiennes au départ : Helene Marie Fossesholm, Kristine Ståvas Skistad et Mathilde Skjærdalen Myhrvold.
Une série sur les frères Bø
Dimanche sortait en avant-première sur TV2 une série particulière : « Brødrene Bø ». Littéralement « les frères Bø », cette série documentaire suit les aventures de Tarjei et Johannes Thingnes Bø dans leur préparation pour l’hiver olympique, leur vie personnelle et leur vie d’athlète. « Cette série doit donner aux téléspectateurs un aperçu exclusif du circuit Coupe du monde, explique Tarjei Bø à TV2. On y voit aussi à quel point on travaille dur pour arriver au sommet. » Plus qu’une série sur la vie d’athlète, on entre aussi dans l’intimité des deux champions. « Cette série est sur nos familles, à quel point elles comptent pour nous, continue Johannes Thingnes Bø. Notre série essaie d’être honnête, de montrer les défis que nous devons relever chaque jour. »
La série continuera d’être tournée jusqu’aux Jeux olympiques de Pékin et la fin de la saison de biathlon. On y verra d’ailleurs peut-être leur passion commune : les échecs. Une passion qui leur a déjà fait manqué des courses ! « Pour moi Östersund est surtout lié aux échecs, à chaque fois, Magnus Carlsen commence sa coupe du monde lorsque nous commençons la nôtre, explique Tarjei Bø. Et parfois, nous passons tellement de temps à le regarder, à jouer aux échecs et à penser aux échecs que nous sommes trop fatigués pour performer ! » Une erreur qu’a aussi commise Johannes Thingnes Bø.
Il faut dire que depuis presque une décennie, le Norvégien Magnus Carlsen a déclenché une frénésie des échecs en devenant l’un des meilleurs joueurs au monde. Il a aussi modernisé l’image des échecs. « Nous avons personnellement décidé d’arrêter de jouer aux échecs avant le début de la Coupe du monde pour pouvoir être concentrés », révèlent les frères Bø à la NRK. Cette année encore, Tarjei Bø a avoué ne s’être permis qu’une partie d’échecs, après le premier week-end de compétitions où il a terminé deuxième de l’individuel et douzième du sprint.
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