Sauteurs positifs : les conséquences
« C’est le chaos », titrent les journaux norvégiens après que trois sauteurs aient été testés positifs au coronavirus. Après Daniel Andre Tande et Fredrik Villumstad, Johann Andre Forfang a en effet lui aussi attrapé le virus et a dû s’isoler. Deux semaines à peine avant les Jeux olympiques, ce n’était vraiment pas le moment et les médias sont inquiets.
« Très franchement, ça tombe au pire moment mais il me reste quelques jours avant de partir pour être testé négatif donc j’espère que tout ira bien », confie Forfang au micro de la NRK.
Il a en effet jusqu’au 26 janvier pour être négatif, soit 5 jours avant le départ de l’équipe norvégienne pour la Chine. Pourtant, rien n’est moins sûr, un test pouvant ressortir positif plus de 10 jours après l’infection.
Dans ce cas, il n’y aura pas d’autre choix que d’emmener quelqu’un d’autre. « Nous avons une liste de candidats potentiels », assure Alexander Stöckl, prêt à toutes les éventualités. Il est aussi entré en contact avec le comité norvégien pour savoir si Forfang pourrait rejoindre l’équipe plus tard. « Nous réfléchissons à tous les scénarios », commente l’entraîneur.
Mais une question se pose : comment autant de sauteurs norvégiens sont-ils tombés malades ? Ont-ils bien fait de se rendre aux championnats nationaux ? « Nous avons respecté toutes les mesures sanitaires, les athlètes ont des masque en permanence, sauf au moment de sauter et ils ont été testés tous les jours depuis qu’il y a eu des sauteurs positifs dans l’équipe », assure Stöckl. Ils ne pouvaient donc rien faire de plus à part espérer éviter l’infection.
Johann Andre Forfang, lui, ne peut faire que se reposer et se soigner. « Je travaille aussi sur un plan B et même un C ou un D pour pouvoir aller aux Jeux », dit-il à TV2. Son souhait : être au pire sur les concours sur grand tremplin qui se déroulent lors de la deuxième semaine des Jeux.
De son côté, l’Association de Ski a tiré la sonnette d’alarme. Elle a décidé d’annuler la conférence de presse des fondeurs avant les JO. « La situation est assez incontrôlable et nous ne voulons pas prendre de risque », justifie Espen Bjervig dans le quotidien VG. Pour l’Association de biathlon, en revanche, rien n’est annulé, Per Arne Botnan estimant que toutes les précautions sont déjà prises. « Nous le ferons à l’extérieur, avec des masques et une distance de sécurité, explique-t-il. Nous l’avons déjà fait de nombreuses fois et ce sera très bien ainsi. »
Johannes Thingnes Bø se rassure
S’il n’a terminé que deuxième, Johannes Thingnes Bø s’est grandement rassuré à Antholz (Italie) ce week-end après un début de saison très compliqué. Au point qu’il avait décidé de rentrer en Norvège pour se ressourcer et s’entraîner seul. Un choix qui a porté ses fruits juste avant les Jeux olympiques de Pékin. « Il s’approche d’une très grande forme », estime l’expert NRK Ola Lunde. « Oui, tout cela annonce de beaux résultats aux Jeux », lui répond Liv Grete Skjelbreid dans des propos rapportés par TV2. Une tendance confirmée après le relais masculin dimanche.
« Je suis de nouveau dans un mode offensif, je sens que je suis à l’attaque tant sur les skis qu’au tir et ça fait du bien, commente le biathlète. J’ai été très rapide et c’est peut-être la course où je me suis senti le mieux de toute l’année. Je pense être enfin prêt pour les JO et si je reste sur cette tendance, je peux faire de bonnes choses en tirant bien. »
Un Johannes Thingnes Bø de nouveau très optimiste sur ses chances d’obtenir des médailles olympiques. Il sera suivi de prêt par Sturla Holm Lægreid, 3e samedi dernier et lui aussi se sentant fin prêt pour le grand jour.
Røiseland sur de nouveaux skis ?
A Ruhpolding, Marte Olsbu Røiseland a profité de sa dernière course de coupe du monde avant les Jeux olympiques pour tester une nouvelle paire de skis Salomon. Test concluant puisqu’elle a remporté la course. Pourtant, elle n’est pas encore sûre d’emmener cette nouvelle paire à Pékin. « Ils ont surtout un nouveau design et ils ont bien fonctionné mais ce n’est qu’en les testant sur les pistes de Pékin que je pourrais me faire un avis et décider si je les utilise ou non », explique la biathlète au quotidien VG.
Tobias Dahle, chef des farteurs norvégiens, est quant à lui content de ces nouveaux skis : « ils ont très bien marché à Ruhpolding et en plus du design, il y a aussi du changement sur leur fabrication », révèle-t-il. Et elle n’est pas la seule à avoir reçu de nouveaux skis. Vetle Sjåstad Christiansen, qui court aussi sur des Salomon, a pu les tester à Oberhof. Les fondeurs utilisant les skis Fischer ont par ailleurs tous reçu le nouveau modèle de la marque. « Je peux dire sans me tromper que certains iront avec de tout nouveaux skis aux JO mais nous ne savons pas encore qui », commente Tobias Dahle.
Le chef des farteurs révèle aussi qu’une équipe norvégienne travaillant en collaboration avec la Chine se trouve déjà à Pékin et commencera les tests dès cette semaine sur les pistes olympiques. Le but : décider quelles paires de ski fonctionneront le mieux lors de ce grand rendez-vous.
Tarjei Bø heureux pour les Russes
Depuis quelques semaines, la Russie est revenue à son meilleur niveau en biathlon. Des résultats qui réjouissent l’un de leurs adversaires : Tarjei Bø. « Elle est de retour à sa place, parmi les meilleures nations, déclare-t-il au micro de TV2. Ils ont souvent été de redoutables adversaires et ils le seront de nouveau aux Jeux olympiques, j’ai hâte d’y être. »
S’il ne les avait pas épargné lorsque le réseau de dopage russe avait été découvert, le Norvégien veut laisser tout cela derrière lui. Raphaël Poirée, ancien biathlète français, est du même avis : « c’est bien de voir qu’ils ont à nouveau une bonne équipe et personne ne vient de nulle part, c’était de bons juniors, dit-il. Je peux comprendre que certains se méfient mais je pense et j’espère qu’il n’y a pas de raison. »
Tous, en Norvège, espèrent donc que les temps de dopage de l’équipe de biathlon russe sont derrière eux et que la lutte anti-dopage, en lien avec l’AMA, reprendra bientôt.
Les Norvégiens se rebellent
La Chine a déjà prévenu : elle n’acceptera pas les critiques des athlètes lorsqu’ils seront sur son sol pour les Jeux olympiques. Des sanctions pourraient être prises à leur encontre et qui serait prêt à le risquer ? Les Norvégiens ?
Certains d’entre eux sont déjà montés au créneau pour défendre leurs idées. « Je n’aime pas que l’on nous bâillonne et je dirais ce que j’ai envie de dire, peu importe les règles en Chine », a assuré Vetle Sjåstad Christiansen au micro de la NRK. Il est soutenu par plusieurs de ses compatriotes, dont le fondeur et biathlète Nils Erik Ulset : « je suis d’accord que le sport n’est pas toujours l’endroit le plus approprié pour s’exprimer mais s’ils veulent nous faire taire, c’est qu’ils ont quelque chose à cacher et alors nous n’avons pas d’autre choix que de parler », estime-t-il.
Plusieurs Norvégiens partagent cette opinion et ont donc participé à la campagne d’Amnesty Norvège sur la liberté d’expression et les droits de l’Homme. Le combiné nordique Jørgen Graabak fait partie de ces ambassadeurs. Pourtant, il a décidé de ne pas polémiquer sur les derniers évènements : « je vais aux JO en tant qu’athlète, pas politicien et je dois me concentrer sur mon sport », explique-t-il. Un choix effectué par de nombreux sportifs. « Je ne prendrai pas de risque là-bas mais s’il le faut, je m’exprimerai à mon retour », dit quant à lui Sturla Holm Lægreid.
Du côté d’Amnesty, on s’offusque. « Le comité olympique norvégien doit immédiatement contacter le CIO ! déclare le secrétaire général de la branche norvégienne, John Peder Egenæs. Le CIO doit faire pression sur le gouvernement chinois pour que la liberté d’expression soit respectée. » Problème : rien n’indique que le CIO protègera les athlètes décidant de s’exprimer librement aux Jeux olympiques. Oseront-ils, dès lors, prendre ce risque ?
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