Le fond menacé en Norvège ?
Cela fait plusieurs mois, voire saisons, que les médias en parlent : l’intérêt pour le ski de fond en Norvège recule, les audiences baissent et cette situation inquiète. « Il faut dire que nous avons gagné tellement de stars dans d’autres sports, analyse pour VG Bjørge Stensbøl, ancien président du biathlon norvégien. C’est donc tout naturellement que l’intérêt se porte du fond vers d’autres sports. »
Un constat que fait aussi Marit Bjørgen. « Le football est en hausse avec Håland, l’athlétisme aussi grâce à plusieurs sportifs comme les frères Ingebrigtsen, dit-elle à Dagbladet. Il est donc important de trouver de nouvelles stars en ski de fond et tous les fondeurs doivent contribuer à conserver la popularité de notre sport. Il est aussi primordial que cela ait lieu dans d’autres pays et j’espère pouvoir aider tout le monde grâce à mon expérience. » La retraitée pense aussi que le retour de Petter Northug Jr. à la compétition pourra servir les intérêts du sport.
Contrairement à l’absence de la Russie qui risque de faire diminuer l’intérêt pour ce sport qui perd l’une de ses grandes nations. « Les médias ont tendance à aller vers les sports au sommet et avec le changement de génération chez les femmes et le manque de concurrence chez les hommes, le ski de fond fait face à plusieurs défis », estime Stensbøl.
« Nous devons donc continuer d’être agréables, motivés et créer du divertissement, répond Emil Iversen. Mais c’est important pour la Norvège de réussir dans de nombreux sports », ajoute-t-il.
Mais ce qui inquiète le plus, finalement, ce sont les problèmes de recrutement. « Nous avons besoin d’athlètes avec des profils forts », dit Stensbøl. « Le problème, c’est que l’IBU a bien mieux joué que la FIS, raconte Trond Nystad à VG. Ils ont mis en place une diffusion TV meilleure que la nôtre et ils aident les petites nations. Le biathlon est donc devenu plus populaire que le fond chez les jeunes, surtout en Europe centrale et le ski de fond manque donc de concurrents. » Ce que confirme Lucas Chanavat : « c’est un sujet complexe mais nous devons trouver des solutions », dit le Français.
Pour sauver le ski de fond, aussi bien en Norvège que dans les autres pays, le maître mot semble donc être diffusion télévisée. « La FIS doit travailler sur ce point et s’inspirer de son homologue l’IBU », affirme Nystad. Les idées de Johannes Høsflot Klæbo pourraient aussi être une piste intéressante.
Johaug alerte la FIS
Au printemps, la FIS a décidé que dès l’hiver prochain, femmes et hommes parcouraient les mêmes distances en ski de fond. Une décision qui n’est pas approuvée par tous. Et si elle ne s’était pas encore exprimée, Therese Johaug a décidé de prendre la parole à ce sujet. « Je suis très sceptique, admet-elle au micro de la NRK. J’entends dire depuis des années que j’ai ruiné le fond car je mettais trop d’écart avec mes concurrentes et pour moi, allonger les distances féminines risque de faire la même chose. »
Selon toute logique, les moins bonnes athlètes risquent en effet de voir leur écart avec les gagnantes augmenter. « Et alors ça risque de démotiver beaucoup d’entre elles et d’aggraver les problèmes de recrutement, continue Johaug. Idem pour les téléspectateurs qui ne verront pas l’intérêt de courses avec d’aussi grands écarts. Il n’y aura pas assez d’actions, de rebondissements. » La Norvégienne ajoute tout de même que, personnellement, elle aurait été ravie de se mesurer au 50 km, comme de nombreuses fondeuses en activité.
Quand aux audiences télévisées en baisse, Johaug pense qu’il faut vite agir. « Nous devons accepter la baisse de popularité du ski de fond et y remédier, dit-elle à Dagbladet. Essayons ces distances pendant un an et nous verrons ensuite mais il faut dans le même temps étudier d’autres solutions. »
Les équipes norvégiennes en désaccord
Parmi les 11 membres de l’équipe de ski de fond féminine, seules trois ont participé aux 15 km de l’Oslo Ski Show ce week-end : les soeurs Lotta et Tiril Udnes Weng et leur cousine Heidi Weng. Mais l’absence du reste de l’équipe, malgré les trois présentes, a été très remarquée.
« C’est notre travail, les absents ne sont donc pas au travail alors qu’ils le devraient, a ainsi estimé Hans Christer Holund au micro de la NRK. Il est important que chacun soit présent afin de maintenir l’intérêt des spectateurs, cela fait partie de nos obligations. Le ski de fond, comme tous les sports, est un divertissement et si nous ne venons pas aux courses, nous n’y contribuons pas, tout simplement. » Même s’il comprend l’absence de certaines fondeuses due à des blessures ou des maladies, Holund pense donc que les autres, sûrement en forme, n’ont pas rempli leur part du contrat en tant que membre de l’équipe nationale.
Ses coéquipiers sont du même avis. « Cette année, le ski show d’Oslo était un peu tard comparé à d’habitude, admet Pål Golberg, cherchant des excuses à ses compatriotes. Mais Hans a raison, nous devons nous montrer, ne pas nous laisser oublier et ces compétitions y contribuent. » « Pour montrer notre sport sous son meilleur jour, les meilleurs doivent se rendre à ces courses », dit de son côté Simen Hegstad Krüger.
D’autres sont plus tolérants. « C’est dommage mais je suppose qu’elles avaient leur raison », déclare ainsi à VG Sindre Bjørnstad Skar. Ce que semble confirmer Heidi Weng. « La plupart d’entre nous sommes allées au Blink Festival et sur la Toppidrettsveka mais toutes celles assez en forme pour venir aujourd’hui sont venues », assure la Norvégienne.
« En effet, certaines fondeuses sont malades ou blessées et les autres se reposent après un camp d’entraînement et donc un voyage, a confirmé le manager des équipes de fond, Espen Bjervig. Les dates ne sont pas optimales cette année, habituellement l’Oslo Ski Show est en juin. » Pas suffisant pour certains garçons qui estiment que leurs coéquipières auraient dû mieux planifier leur été et leur automne.
Lægreid s’endette
Si Sturla Holm Lægreid a eu un hiver 2021/2022 moins glorieux que le précédent, il a tout de même gagné beaucoup d’argent en 2021 et doit donc payer ses impôts en conséquence… Il a confié ce week-end au micro de TV2 devoir près de 700.000 couronnes norvégiennes au trésor public. « Je sais bien que sur chaque prix gagné, nous devons payer 20% au pays hôte de la compétition et 25 à 30% en Norvège, explique Lægreid. Normalement, on le met de côté mais quand on s’en sert plutôt pour payer son loyer, alors là ça pose souci », rit-il.
Le biathlète a en effet acheté une maison à Lillehammer avec une partie de l’argent gardé de côté pour les impôts. « C’est un investissement pour les prochains Jeux Olympiques car je suis plus près des pistes, c’est mieux pour la récupération et l’entraînement », déclare-t-il.
En attendant, il a vidé ses comptes épargnes pour payer son dû aux finances publiques, entre autres celui qui lui servait à épargner pour sa retraite. « J’espère gagner assez d’argent l’hiver prochain pour remplir mon épargne à nouveau, assure le Norvégien. Surtout que ce compte, lié à ma société Sturla AS, me sert à préparer ma retraite pour dans 10 ans comme nous n’avons pas de fond de pension si nous ne le créons pas nous-même. »
A seulement 25 ans, Lægreid semble donc déjà bien préparé à la suite de sa carrière, malgré quelques petits soucis financiers actuellement.
Klæbo achète une deuxième maison
En 2019, Johannes Høsflot Klæbo s’offrait une maison à Byåsen en Norvège, près de Trondheim. Récemment, il a acheté une deuxième maison… Qui se trouve être la voisine de la sienne ! Elle lui a coûté la bagatelle de 13,3 millions de couronnes, soit plus d’un million d’euros.
« Il s’agit d’une maison d’architecte très spéciale sur les hauteurs de Trondheim, révèle un agent immobilier de la ville au quotidien VG. Elle a tout de même besoin d’être rénovée et il faudra investir pour cela. » Un investissement que le fondeur semble prêt à entreprendre, coupant court aux rumeurs le voyant aller s’installer à l’étranger.
Klæbo est donc désormais l’heureux propriétaire de deux maisons et d’une cabine, maison de ski norvégienne, à Skeikampen à Gausdal.
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