Fond féminin : le rapport qui fait mal
Depuis plusieurs saisons, déjà, le ski de fond féminin norvégien inquiète. Derrière Therese Johaug, l’équipe peinait à faire de gros résultats. Avec sa retraite, les experts du ski de fond s’attendent à un passage vide pour l’équipe nationale. Un nouveau rapport, publié la semaine dernière, tire de nouveau la sonnette d’alarme et cherche des responsables.
Øyvind Sandbakk, qui a dirigé ce rapport, explique ainsi à la NRK et aux autres médias dans une conférence de presse que des éléments simples auraient pu permettre d’éviter cela : le recrutement d’un directeur sportif dédié au fond féminin, l’amélioration du recrutement en équipe nationale en partenariat avec les équipes régionales, le recrutement d’entraîneurs venant d’ailleurs qu’Oslo et avec des compétences se complétant et la création d’un plan à long terme d’actions sur la santé. Des éléments qui semblent donc simples mais que l’Association norvégienne de ski n’a jamais pris le temps de mettre en place.
« Nous ne sommes pas face à une crise, nuance Sandbakk. Mais les années à venir seront exigeantes pour l’équipe féminine et il ne faudra pas s’étonner des résultats. » Car, et beaucoup le pointent du doigt depuis longtemps, depuis Therese Johaug, Maiken Caspersen Falla et leurs accolytes, très peu de jeunes fondeuses ont été révélées comme de grandes stars en Norvège. Voire aucune.
Dans le même temps, la Suède a investit sur sa jeunesse et le résultat est flagrant : de nombreuses pépites ont émergé comme Frida Karlsson ou Ebba Andersson, prenant ainsi le relais de fondeuses comme Charlotte Kalla. « Nous n’avons pas fait le travail nécessaire avec les fondeuses junior, nous n’avons pas assez investi dans leur développement », déclare ainsi Vidar Løfshus, directeur sportif du fond norvégien de 2006 à 2019.
Therese Johaug, qui faisait partie des participants à ce rapport, est du même avis. « Nous devons nous pencher sur ce qui a fait le succès notre équipe et cela passe par les athlètes, les coachs, les managers et toute l’Association », dit-elle à la NRK. Anne Kjersti Kalvå, actuellement en équipe nationale, ajoute : « il faut donner plus aux juniors. Personnellement, j’ai dû me débrouiller seule, on n’aide pas assez les plus jeunes à arriver au niveau junior et on perd beaucoup de filles en route si elles ne sont pas bien accompagnées. »
Et ces manquements venant de la fédération ne concerneraient pas seulement le recrutement d’après Ragnhild Haga… Celle-ci n’a pas vraiment aimé que ses coéquipiers masculins critiquent l’absence de l’équipe au Holmenkollen Ski Show. « Si l’Association nous veut là-bas, il faut le préciser dans nos contrats que c’est obligatoire, réagit-elle dans les colonnes du quotidien VG. Je pense que tout ce qui concerne le printemps et l’été manque de clarté : les attentes doivent être clairement précisées du côté des directeurs sportifs et des athlètes pour que les entraînements soient fait en conséquence. »
Car juste avant l’Holmenkollen Ski Show, les filles s’étaient retrouvées en Italie et plusieurs étaient revenues en Norvège blessées ou malades. Quant aux autres, on ne leur a annoncé qu’au dernier moment qu’elles auraient dû se rendre à la compétition. Un manque de clarté et de communication qui n’arrange pas la situation. La fédération devra faire mieux si elle veut revoir son équipe féminine en haut des classements.
Krog directeur de course
Magnus Krog, ancienne star du combiné nordique norvégien, sera directeur de course aux Championnats du monde de ski nordique organisés à Trondheim en 2025. Il sera évidemment en charge du combiné nordique tandis que Daniel Myrmæl Helgestad sera chargé du ski de fond. Hroar Stjernen, lui, avait déjà été nommé directeur de course pour le saut à ski.
« Je suis ravie d’avoir des gens si compétents pour ces rôles clés, déclare à VG Kristin Mürer Stemland, directrice par intérim de ces mondiaux. Ils sont vraiment au coeur du projet et tout repose en grande partie sur eux. »
Bjørndalen valide les choix de Lægreid
Lorsque Sturla Holm Lægreid a acheté une nouvelle maison, risquant de se mettre sur la paille, pour gagner quelques minutes de trajet vers le stade de Birkebeiner, beaucoup ont été sceptiques. Pourtant, les calculs du biathlète sont simples : en quatre ans, jusqu’aux prochains Jeux olympiques, il gagnera 100 heures de trajet en moins et donc 100 heures supplémentaires pour s’entraîner ou mieux récupérer.
Rien du tout ? Ce n’est pas l’avis du Norvégien. « Pour moi, ce sont les petites marges qui font toute la différence, dit-il au micro de TV2. Si ça permet d’avoir l’or plutôt que l’argent aux Jeux, ça vaut le coup. »
Et Ole Einar Bjørndalen est bien d’accord avec lui. Le Roi du biathlon avait fait un choix assez similaire en s’achetant un camping-car et en l’installant tout près des pistes. « J’ai fait comme lui, je faisais tout pour gagner la moindre seconde, la moindre minute, révèle-t-il. A mon avis, Sturla est intelligent de penser ainsi mais il devra faire attention à ne pas en faire trop. S’il se concentre sur trop de détails, alors ça peut prendre trop de temps et lui rendre la vie difficile au lieu de la faciliter. » Car l’ancien biathlète en est certain : Sturla Holm Lægreid prendra bientôt le relais des frères Bø en haut des classements.
Lundby enfin de retour
Cette semaine, Maren Lundby est enfin de retour en équipe nationale puisqu’elle participera au stage à Midtsubakken, à Oslo. « Nous avons pu sauter mercredi et jeudi et pour la première fois depuis 2020, toute l’équipe était en haut du tremplin », se réjouit son entraîneur Christian Meyer, dans les colonnes de Dagbladet.
La sauteuse avait déjà effectué cinq sauts à Lillehammer il y a peu. « C’était une vraie joie, il était temps ! » commente Lundby. « Je ne sais pas si elle a l’air mieux techniquement, ajoute Meyer, mais je trouve que sa phase de vol ressemble à ce qu’elle faisait en 2018 lorsqu’elle a remporté l’or olympique et le général, voire mieux. Je dois avouer que c’est émouvant de la voir de retour car ça a été un rude combat. »
Pour rappel, Maren Lundby avait annoncé devoir renoncer à la saison dernière à cause de problèmes de poids. Mais, plus motivée que jamais, elle devrait être de retour en coupe du monde dès le mois de novembre.
Fossesholm copie Karlsson
Récemment, l’équipe féminine de ski de fond s’est réunie à Hafjell. Helene Marie Fossesholm faisait partie du rassemblement et a pu faire de nouveau des séances plus difficiles. Elle a aussi été aperçue avec un étrange appareil sur le bras… C’est en fait un appareil permettant de contrôler sa glycémie et son taux de sucre dans le sang. Avant elle, Frida Karlsson aussi s’est servie de cet outil. S’il est d’abord destiné aux personnes souffrant de diabète, de nombreux athlètes en acquiert eux aussi pour perfectionner leur entraînement.
« Le but est d’optimiser mon entraînement et mes apports nutritifs, explique Fossesholm à Dagbladet. Voir ce que consomme mon corps selon les séances, si je dois manger peu de temps ou longtemps avant l’entraînement… Ce sont des détails mais beaucoup de choses se jouent là-dessus dans le sport de haut niveau. » Des propos très similaires à ceux de la Suédoise qui expliquait vouloir maîtriser les détails de sa formation pour pouvoir l’ajuster au mieux.
Pour Fossesholm, le but est aussi de retrouver sa grande forme d’il y a un an après une saison un peu compliquée. « Je me suis vraiment bien entraînée ces trois derniers mois alors je pense être en bonne forme, continue la Norvégienne. Je vais donc pouvoir ajouter plus de séances difficiles et cet appareil doit m’aider à m’y habituer. Je ne suis pas encore en super forme alors je dois y aller étape par étape pour y arriver. »
« Elle a raison d’y aller pas à pas et de chercher les outils pour l’y aider, elle n’a que 21 ans et encore beaucoup d’années devant elle », conclut son coach Sjur Ole Svarstad.
Le saut manque d’argent
Le saut à ski a besoin d’un budget de 25 millions de couronnes norvégiennes pour l’an prochain, soit environ 2,5 millions d’euros. Mais il leur manque encore entre 10 et 15 millions de couronnes. Un état de faits dramatique pour le directeur sportif, Clas Brede Bråthen, persuadé que cela vient du conflit qui l’a opposé à l’Association de Ski l’hiver dernier.
« Après la pandémie, notre situation était déjà difficile, révèle-t-il à Dagbladet lors d’une promotion pour le livre portant sur sa carrière. Mais le conflit avec la fédération n’a fait qu’empirer les choses. Nous avons donc perdu des sponsors et nous avons eu du mal à en trouver de nouveaux. »
LO, principal sponsor du saut norvégien, n’a ainsi pas renouvelé son contrat après les Jeux olympiques. Les assurances Help et l’entreprise Nammo, eux, devraient prolonger leurs contrats. Mais cela reste tout de même bien insuffisant. « Nous sommes toujours en discussion avec des partenaires et ils verront très vite début novembre, à l’ouverture de la coupe du monde, qu’ils peuvent parier sur notre équipe, que c’est un bon investissement », dit Bråthen, plein d’espoir.
Le Norvégien espère aussi que la parution du livre Hopsjel qui revient sur le conflit permettra de tirer un trait sur toute cette situation pour que l’équipe aille de l’avant.
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