Pas de filles aux JO ? Westvold Hansen s’adapte
Douche froide en mai pour le combiné nordique lorsque le CIO a décidé de ne pas créer de compétition féminine aux prochains Jeux olympiques d’hiver en Italie en 2026. Mais les supporters de la discipline et de l’égalité hommes-femmes n’ont pas dit leur dernier mot. Une pétition a été relancée et de son côté, Gyda Westvold Hansen, leader mondiale de la discipline, prend aussi les choses en main.
A Beitostølen, ce week-end, la jeune athlète a remporté la compétition sans trop de surprise. Son look lors de la course de ski de fond, en revanche, en a étonné plus d’un. La Norvégienne s’était en effet maquillée en se dessinant une barbe. « Il est absurde de devoir avoir une barbe et de ressembler à un homme pour avoir le droit d’aller aux JO, explique-t-elle au micro de la NRK. Avec ce geste, on espère faire bouger les choses. »
« On », c’est évidemment toute son équipe mais aussi les autres athlètes féminines. « C’est une question d’égalité ! s’insurge sa coéquipière Marte Leinan Lund. Nous sommes la seule discipline olympique où les femmes ne peuvent pas participer uniquement parce qu’elles ne font pas pipi avec un pénis ! C’est profondément injuste. » « Cela nous agace », ajoute Westvold Hansen.
Toutes les filles prenant le départ ont aussi croisé leurs skis en l’air avant la course, formant ainsi le X de « no eXception » (pas d’exception), le slogan de la campagne de Swix pour l’égalité en combiné nordique. Leurs homologues masculins ont fait de même sur le podium.
Elles ont aussi été rejointes dans leur combat par les fondeuses. Anne Kjersti Kalvå, Ingvild Flugstad Østberg, elles ont toutes loué le combat de leurs compatriotes, insistant sur l’injustice de cette décision lorsqu’on sait que le combiné nordique est la dernière discipline à ne pas voir les hommes et les femmes représentés aux Jeux.
Une autre grande athlète a aussi apporté son soutien à Gyda Westvold Hansen et ses concurrentes : sa cousine, Therese Johaug. « Gyda est un très beau modèle pour tout le monde de par son combat pour l’égalité, j’espère que cette campagne ouvrira les yeux du monde, qu’elles pourront participer aux JO 2026, dit ainsi la championne au quotidien Dagbladet. On ne peut pas continuer avec cette inégalité en 2022. »
« Tout ce soutien, ça compte énormément, réagit Westvold Hansen, émue. C’est plus facile de continuer le combat quand on voit que tant de personnes nous soutiennent. »
La décision finale quant à l’avenir olympique du combiné féminin sera prise en mars 2023. Les filles ont donc une saison pour convaincre.
Klæbo : blessure chronique ?
Blessé mais vainqueur. Johannes Høsflot Klæbo avait beau annoncer ne pas être en grande forme, cela ne l’a pas empêché de s’imposer par deux fois à Beitostølen. Mais cela ne pourrait bien être que temporaire. Depuis quatre mois, il est en effet blessé au niveau d’un tendon reliant les muscles ischio-jambiers à son bassin. « Ma plus grande crainte, c’est que ça devienne chronique, explique-t-il à la NRK. Malgré cela et le fait que je ne sois pas encore rétabli, j’ai choisi de tester ma forme à Beitostølen. »
Mais si le champion a obtenu de bons résultats, cela n’est pas forcément de bon augure. Le médecin de l’équipe nationale norvégienne, Ove Feragen, explique en effet à la chaîne TV que les tendons se réparent bien moins vite que des muscles et une telle blessure peut prendre jusqu’à six mois de récupération. « En revanche, il n’y a souvent pas de blessure chronique aux tendons », rassure le médecin.
Le problème, c’est que Klæbo est impatient et a du mal à se mettre au repos, ce dont il aurait bien besoin pour que son tendon guérisse au plus vite. Le Norvégien envisage donc, si sa blessure ne passe pas, de faire appel à des traitements spécifiques à l’étranger, entre autres chez un médecin basé en Allemagne et qui a soigné le champion d’athlétisme Karsten Warholm cet été.
Ce qui est à retenir, en tous cas, c’est que Ove Feragen et les coachs de Klæbo ne sont pas inquiets : le fondeur devrait récupérer très bientôt toutes ses capacités.
Qui pour relever le fond féminin ?
Ces derniers mois, les médias ne prêtaient pas un bel avenir au ski de fond féminin norvégien. Pourtant, les courses de Beitostølen ont été relevées mais les fondeuses n’appartenaient pas toutes à l’équipe nationale… En conséquence, les experts, dont Petter Skinstad chez TV2, en sont certains : des athlètes hors équipe nationale pourraient avoir leur chance pour aller en coupe du monde et même aux Championnats du monde et battre les fondeuses sélectionnées au printemps. Il a même fait sa propre sélection de 10 fondeuses.
Parmi elles, Amalie Håkonsen Ous en sprint, en argent lors des championnats nationaux l’hiver dernier. « Avec la retraite de Falla et Johaug, il y a plus de place alors j’ai mes chances mais nous sommes nombreuses à nous battre », explique-t-elle à TV2.
Maria Hartz Melling, 19 ans seulement, est aussi un grand espoir du fond en distance. « J’ai très envie de voir où je me situe par rapport au reste de l’équipe nationale, je veux me confronter à elles, confie Melling. Mais le passage d’équipe junior à senior n’est pas évident et j’ai encore beaucoup à apprendre. »
Enfin, Edda Østberg Amundsen est aussi vue comme la relève de l’équipe nationale. « J’apprécie que Skinstad pense à moi, j’ai mes objectifs et je veux les atteindre et performer, affirme la Norvégienne. Mais c’est cool de voir qu’on croit en nous, ça donne de la confiance. » Soeur jumelle d’Harald Østberg Amundsen, la jeune femme espère être du voyage à Planica avec son frère.
Les biathlètes prêts à passer sous l’œil de Northug
La NRK et TV2 se partageront les droits de diffusion du biathlon cet hiver. TV2 a donc engagé quelques consultants et a en même temps étendu les fonctions de Petter Northug Jr qui commentera désormais le biathlon. « C’est une discipline qui m’intéresse énormément et m’a toujours intéressé, en particulier les départs en mass-start ou les choix tactiques et c’est là-dessus que je commenterai le plus », explique le Norvégien au quotidien Dagbladet. Et bien évidemment, l’enfant terrible du ski de fond donnera un avis tranché et honnête sur chaque course et chaque athlète… Ce à quoi les biathlètes sont tout à fait prêts.
« C’est un showman, ce sera génial pour les téléspectateurs, estime ainsi Sturla Holm Lægreid. Il sait attirer l’attention et il l’a montré en fond, tant comme athlète que comme expert et cela sera bon pour notre sport. Mais on s’attend évidemment à recevoir notre lot de critiques si ça se passe mal », plaisante-t-il.
« Le choix de TV2 est très cool, ça va créer le buzz ! ajoute Filip Fjeld Andersen. Mais que Petter ne s’inquiète pas, nous allons aussi lui apprendre des choses… Il serait dommage que notre expert ait l’air d’un novice », sourit-il.
De bonne humeur et prêts à affronter le regard acerbe de l’ancien fondeur, les biathlètes sont en tous cas prêts à faire passer le bonheur des téléspectateurs avant le leur.
Ragnhild Haga malade
Troisième cas covid en trois semaines pour les nordiques norvégiens. Cette fois, c’est au tour de Ragnhild Haga. Testée positive ce week-end, la fondeuse a dû renoncer à la course dominicale de Beitostølen et s’isoler. Septième samedi, elle s’est réveillée dimanche matin avec un mal de gorge et a été testée positive, comme le révèle le médecin de l’équipe Ove Feragen dans un communiqué.
La Norvégienne manquera aussi l’ouverture de la coupe du monde à Ruka. Elle garde tout de même le sourire sur les réseaux sociaux, commentant : « quand la vie te donne des citrons, fais de la limonade ».
Johaug joue les cheerleaders
Présente à Beitostølen en tant qu’experte pour la NRK, Therese Johaug n’a pas pu se retenir de quitter son poste sur le dernier tour de course d’Ingvild Flugstad Østberg lors du 10km de samedi où elle s’est classée 3e. Comme le révèle le quotidien Dagbladet, la jeune retraitée a rejoint le bord de piste pour encourager son ancienne coéquipière, et ce plutôt bruyamment. « C’est toi qui a couru vers moi et m’a crié dessus ? » rit Østberg après la course.
« C’était bon de revoir Ingvild sur la piste et performer, confie Johaug. Je sais le travail qu’elle a fait pour en arriver là, je suis optimiste pour son hiver. » Même hors de l’équipe nationale, la Norvégienne est persuadée que son amie peut revenir en coupe du monde.
Un optimisme qui réchauffe le coeur d’Østberg. « J’étais dans ma bulle sur la fin de course et soudain j’ai entendu des cris pour me motiver, révèle celle-ci. Mais je n’ai réalisé que c’était Therese qu’en voyant les photos après ! J’ai apprécié qu’elle vienne, elle m’a beaucoup soutenu et elle compte beaucoup pour moi. »
Troisième samedi, quatrième dimanche, la fondeuse semble revenir peu à peu à son meilleur niveau. Mais même si elle est sélectionnée pour les premières coupes du monde, elle ne les fera pas toutes avant Noël, préférant se préserver pour potentiellement aller aux Mondiaux. Si elle n’est pas sélectionnée, elle envisage de se rendre sur la Coupe de Norvège.
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