Johannes Thingnes Bø : une vie bien rangée, le secret du succès
A seulement 29 ans, Johannes Thingnes Bø vit une vie bien rangée depuis longtemps. Mais il y a moins de dix ans, il n’était pas le dernier à faire la fête. En fait, à 20 ans, il avait tenté d’entrer en boîte de nuit avec ses coéquipiers grâce à sa page Wikipédia puisqu’il avait oublié sa carte d’identité ! Mais ce temps semble bien loin… Comme le dirait son frère, Tarjei, « c’est un vieux dans un corps de jeune » !
Loin de s’en offusquer, Johannes Thingnes Bø approuve. Il explique dans une longue interview pour la chaîne TV2 que ces changements se sont effectués presque du jour au lendemain. « J’ai beaucoup gagné en maturité ces dernières années, dit-il. J’ai franchi beaucoup d’étapes en peu de temps et je me sens plus vieux que je le suis mais j’espère bien arrêter de vieillir mentalement maintenant », rit-il.
Le biathlète explique ces changements par un fait tout simple : il a toujours voulu le meilleur, dans sa vie professionnelle comme personnelle. « C’est pour cela que je suis déjà marié, père dans une belle maison avec un tas de médailles », continue le Norvégien. Mais s’il a déjà essayé d’imaginer ce que serait sa vie en tant que biathlète célibataire avec seulement le sport comme objectif, Johannes Thingnes Bø est catégorique : « jamais je n’échangerai ce que j’ai pour autre chose, jamais. »
« J’aurais sûrement été un meilleur coéquipier car j’aurais plus souvent participé aux stages, aux fêtes de l’équipe, j’aurais fêté Noël avec eux dans les Alpes, imagine le sportif. Mais je me rends compte que ce n’est pas du tout moi. J’ai besoin de faire des choix qui me conviennent et cela veut dire que je vis pour le biathlon pendant la saison mais que les six autres mois de l’année, je vis normalement et j’ai besoin d’être chez moi. »
Car le Norvégien le dit : il veut du vrai désormais, plus de déguisement, plus de blagues pour se cacher derrière une fausse image. « Je n’ai jamais rien regretté dans ma vie jusqu’à présent, avoue-t-il. Je n’ai pas le temps pour les regrets, chaque année représente de nouveaux défis, de nouvelles opportunités. Je vais toujours de l’avant, je n’ai pas le temps de m’arrêter trop longtemps. »
Une philosophie qui l’a amené vers les sommets, même s’il confie lui-même ne pas assez s’entraîner. « Mais quand je m’entraîne, c’est à forte intensité, peut-être qu’il vaut mieux ne pas trop se former mais seulement plus fort ? », analyse le biathlète.
Et si les compétitions se passent moins bien, si les résultats sont moins bons, Johannes Thingnes Bø ne doute pas. C’est peut-être ce qui le caractérise le plus d’après ses coéquipiers. « Il sait ce qui ne va pas, il travaille dessus et il revient vite au top », déclarent-ils tous. « Je ne ressens plus la même euphorie quand je gagne d’ailleurs, révèle le cadet des Bø. C’est plus une sensation de bonheur de savoir le travail bien fait. »
S’il a affirmé qu’il continuerait encore quatre ans, jusqu’aux prochains Jeux olympiques, le Norvégien ne s’attend pas à continuer de régner sans partage sur la discipline. « Si je suis comme Martin Fourcade, alors viendra un jeune Johannes qui me dépassera, c’est ainsi que va le sport même si j’espère avoir encore le droit à quelques victoires car je pourrais continuer le biathlon encore longtemps, j’adore ça mais j’ai besoin de faire autre chose, d’avoir une autre vie », conclut un Johannes Thingnes Bø serein, sûr de ses choix.
Northug 1 – 1 Halfvarsson
Depuis de longues années, Petter Northug Jr. et Calle Halfvarsson se livrent une guerre sans merci. S’ils ne sont plus adversaires sur les pistes, leurs joutes semblent leur manquer comme ils l’ont prouvé à Ruka.
Le Suédois, en grande forme en ce début d’hiver, n’a pu s’empêcher de lancer une pique au Norvégien au micro de TV2 : « où est votre expert retraité ? Il est devenu lent mais il fallait s’y attendre, le circuit longue distance ne demande pas de la vitesse. » Une pique bien envoyée que Northug a apprécié. « Ok, 1-0 pour la Suède mais qu’il se tienne prêt, il y a un autre Northug qui arrive », prévient le Mosvik Express.
Et ça n’a pas manqué ! Si Calle Halfvarsson dépassait Even Northug en quart de finale du sprint vendredi, il n’a ensuite plus pu le suivre. « C’est bien du gars qui a tout donné dès le quart dont on parle ? plaisante le petit frère de la fratrie Northug au micro de TV2. Je ne l’ai plus revu après, j’imagine qu’il a confondu le quart avec la finale… »
Beau joueur, le Suédois a accepté la défaite, admettant que le jeune Norvégien était même plus rapide que son aîné. S’il croyait avoir vexé l’enfant terrible du ski de fond, c’est raté. « Oui, Even a fait ce que Thomas et moi n’avons jamais fait à Ruka, c’est le plus fort de nous trois ici », répond Petter Northug Jr. 1-1, balle au centre.
L’aîné des frères fondeurs va même plus loin. « C’est un premier podium pour Even, je sais ce que cela signifie et les efforts qu’il a fait pour en arriver là, c’est de bon augure avec un sprint classique aux mondiaux, ajoute Northug à la NRK. En fait, s’il gagnait là-bas, ce serait même plus important à mes yeux que si je remportais moi-même l’or. Je lui souhaite évidemment tout le succès du monde. »
Les Norvégiens censurés en Russie
Johannes Høsflot Klæbo ne l’a jamais caché : il ne veut pas revoir les Russes en Coupe du monde tant que la guerre en Ukraine se poursuivra. Il a récemment reçu le soutien de Petter Northug Jr. Sur les antennes de TV2, le Mosvik Express a en effet répondu à Alexander Bolshunov qui se plaint du peu de soutien des athlètes occidentaux pour leur retour en Coupe du monde.
« La frustration de Bolshunov est compréhensible car il veut courir et remporter le gros globe, une opportunité qui disparaît en ce début de saison puisque la FIS n’a pas réintégré la Russie, analyse Northug au micro de TV2. Mais ce serait bien qu’il réalise que la Russie est en guerre et a attaqué l’Ukraine, à un moment, il y a plus important que le ski de fond. La FIS a pris la bonne décision et je suis certain que la majorité des athlètes soutient ce choix. »
Johannes Høsflot Klæbo a approuvé les propos de son compatriote, soulignant qu’il aimerait beaucoup se battre pour le général contre son adversaire russe… Mais seulement quand la guerre sera finie.
Les autres experts TV2 se disent surpris des propos de Bolshunov qui se plaint d’une injustice. « De son point de vue personnel, ça se comprend mais il doit réaliser qu’il n’y a pas que le ski de fond dans le monde, que d’autres choses comptent plus, c’est comme si les Russes ne réalisaient pas la gravité de la situation », commente Petter Skinstad.
En Russie, les réactions ne se sont pas faites attendre. Si leurs athlètes ne sont pas en compétition, les Russes suivent néanmoins assidument la Coupe du monde et les propos de Klæbo et Northug ont évidemment été relayés… Mais de façon censurée ! Toutes les mentions à une guerre ont été changées en « ce qu’il se passe en Ukraine » et les citations des deux fondeurs ont été modifiées, conformément à une nouvelle loi russe qui empêche les médias de donner toute information sur la guerre.
« Cela montre bien à quel point la situation en Russie est absurde, commente un représentant des Comités Helsinki, comités en charge de la surveillance du respect des droits de l’Homme, au micro de la NRK. Mais cela explique aussi que les Russes adhèrent à la version étatique de la guerre puisqu’ils n’ont accès qu’à ce genre d’information. » Pour un professeur de russe de l’université d’Oslo, c’est surtout un moyen d’embellir la vérité. « Ce n’est pas étonnant, ça évite de créer un énième conflit », conclut-il.
Heidi Weng remercie Didrik Tønseth
Heidi Weng a terminé 6e lors du 10km de samedi à Ruka. Une place qui ne semble pas un exploit pour la Norvégienne habituée des podiums mais qui sonne déjà comme une victoire pour la fondeuse. Victime d’une commotion cérébrale en mars, elle a dû attendre longtemps pour reprendre un entraînement normal et ne s’attendait pas à être performante dès le début de la saison.
« Je suis tellement heureuse et satisfaite, j’ai à peine pu m’arrêter de pleurer après la ligne d’arrivée », confie Weng au micro de TV2. Elle tient aussi à remercier ceux qui l’ont aidée lors de sa convalescence et de ses moments de doute cet été. « Didrik Tønseth, en particulier, a été très présent pour moi, révèle-t-elle. Il comprenait ce que je vivais et il a été d’une aide précieuse, je l’en remercie. »
En effet, Tønseth avait lui aussi subi une commotion cérébrale en 2017. « J’ai voulu partager mon expérience avec elle, lui donner quelques conseils basiques comme éviter le bruit, les lumières fortes, la foule… J’ai essayé de l’aider au mieux car je sais à quel point ce type de traumatisme est difficile, ce n’est pas comme une blessure où on a une date de fin », explique le Norvégien.
Un coup de pouce qui était le bienvenu pour celle qui, comme elle le dit elle-même, est souvent dans la négativité et a toujours eu du mal à gérer l’aspect mental de la compétition. « Didrik, lui, est très positif et il m’a aussi aidée pour le travail psychologique que je devais entreprendre, continue Weng. Je suis tellement heureuse de voir que ça a fonctionné et qu’il ait pris tout ce temps pour me répondre, m’aider. »
« Elle n’a plus de souci à se faire, dès qu’elle aura compris que tout va bien, que sa tête va bien, elle retrouvera ses bons résultats », conclut Tønseth dans les colonnes du quotidien VG.
Le para ski de fond oublié
Vous ne le savez sûrement pas mais la semaine dernière, à Beitostølen, les athlètes paralympiques du ski de fond débutaient eux aussi leur saison d’hiver en Norvège. Pourtant, pas un mot dans les médias norvégiens ni même sur la NRK qui diffusait pourtant toutes les autres épreuves. « J’ai même reçu des appels de chez moi me demandant si nous avions couru ou non au final puisqu’ils n’avaient rien vu, rien entendu », révèle Vilde Nilsen à Dagbladet.
La Norvégienne est déçue et énervée. Le samedi, à l’antenne, alors que les femmes paralympiques partent et que l’on entend clairement le signal sonore de départ, les commentateurs ne disent rien et une minute plus tard, lorsque part la première athlète valide, ils affirment qu’elle est la première à s’élancer. « Durant la course des hommes, on voit deux de mes coéquipiers avec leur prothèse et pas un mot n’est dit ! s’insurge Nilsen. C’est presque de l’intimidation… La NRK fait bien plus pour les sports paralympiques habituellement, c’est un grand retour en arrière là. »
L’athlète pointe aussi le fait qu’aucun média n’ait pris le temps d’interviewer les para-fondeurs en zone mixte.
Le rédacteur en chef des sports à la NRK, lui, explique que les commentateurs n’avaient pas les résultats des para-athlètes et ne pouvaient donc suivre leurs performances lors des courses. « C’est une mauvaise excuse, ils auraient au moins pu dire que nous étions là, ils n’ont pas dit un mot sur nous », réagit Vilde Nilsen.
Se confondant en excuse, la NRK promet de tout faire pour que l’an prochain, les para-fondeurs soient pris en compte et aient le droit à un temps d’antenne.
Incident aérien pour les équipes norvégiennes
Pour se rendre en Finlande, à Ruka, la fédération norvégienne avait fait affréter un avion spécialement pour ses équipes de saut à ski, de combiné nordique et de ski de fond. Parti d’Oslo, il a ensuite fait escale à Trondheim pour récupérer les athlètes habitant dans le nord du pays.
Mais il a ensuite eu des difficultés à redécoller… « On nous a seulement dit qu’il y avait une situation militaire non-résolue au-dessus de la Suède et qu’en conséquence des voies aériennes étaient fermées, ce n’était pas très rassurant », a révélé Alexander Stöckl, coach du saut norvégien, à Dagbladet.
Après une longue attente, une autre route aérienne a été choisie et l’avion a pu décoller vers Kuusamo, amenant tout le monde à bon port. L’aviation suédoise et l’armée, elles, n’ont fait aucun commentaire.
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