Le froid, ennemi des fondeuses à Beitostølen
Samedi matin, les fondeuses ont dû faire face à un problème inattendu : le froid. Avec des températures avoisinant les -20°C, la course de 10 km s’est parfois transformée en véritable calvaire. Jessie Diggins s’est ainsi retrouvée incapable de bouger à l’arrivée et a dû être couverte de couvertures et réchauffée avant de pouvoir bouger. Frida Karlsson, elle, a dû abandonner le podium, ayant bien trop froid pour s’y rendre.
« C’est vraiment horrible quand il fait si froid, il faut faire attention et prendre soin de soi, répond Anne Kjersti Kalvå à VG qui l’interroge sur l’absence de Karlsson à la cérémonie de remise des prix. Le plus important est de se réchauffer, de se nourrir et tout ira bien ensuite. »
Pour la Norvégienne Julie Bjervig Drivenes, en revanche, cela a été un peu plus compliqué. « En bas de la dernière descente, j’ai senti que mes yeux étaient très secs et j’ai commencé à perdre en vision, j’ai cru que je ne trouverais jamais la ligne d’arrivée mais j’ai réussi à la passer, raconte-t-elle au quotidien Dagbladet. Je suis habituée au froid mais là, étrangement, ça me brûlait les yeux et une fois arrivée, je ne voyais plus grand chose. »
Même si la Norvégienne avoue avoir eu très peur, elle a fini par retrouver la vue et a pu sortir de l’aire d’arrivée. « Le froid en ce moment est assez exceptionnel et on ne sait jamais comment le corps va réagir, il faut faire attention », conclut Drivenes.
La consécration de Tiril Udnes Weng
Avant l’hiver, tout le monde prédisait une saison marquée par la domination suédoise et une équipe norvégienne en berne en ski de fond féminin. Tiril Udnes Weng aura fait mentir tous leurs détracteurs ! Dès le premier week-end de coupe du monde à Ruka, la Norvégienne a pris le maillot jaune et, forte d’une belle régularité, elle ne compte pas tout de suite le lâcher.
« Au départ, ce n’était pas mon objectif, avoue Tiril Udnes Weng au micro de TV2. Mais garder le maillot jaune est de plus en plus important pour moi. Je n’aurais jamais imaginé être dans la position de leader de la coupe du monde, c’est énorme pour moi ! Et en même temps, chaque course passée avec le maillot jaune me fait prendre conscience que je peux me battre pour le gros globe. » Après ce week-end, elle a en effet 102 points d’avance sur Frida Karlsson.
« La saison est encore longue et les Mondiaux restent mon objectif principal mais ce n’est pas impossible que je réussisse à conserver la tête du général, sourit-elle, optimiste. Elles sont nombreuses à vouloir m’attraper mais je ne vais pas les laisser faire si facilement. »
Autre avantage à mener la coupe du monde ? La Norvégienne a vu ses revenus considérablement évoluer. En deux week-ends de coupe du monde, elle a reçu l’équivalent d’un an de salaire lorsque l’on regarde ses saisons précédentes. « C’est beaucoup d’argent pour moi, reconnaît Tiril Udnes Weng dans les colonnes de VG. Mais ce sera pratique, je pourrais enfin rénover ma salle de bain qui a presque 30 ans ! » Terre à terre, elle remercie sa soeur Lotta Udnes Weng de l’aider à garder les pieds sur terre et à ne pas prendre la grosse tête.
Quant aux Suédoises, Tiril Udnes Weng reste persuadée qu’elles ne la voient que comme une outsider, pas une concurrente réelle sur le long terme. « Mais ça me va très bien ainsi, elles craignent plus d’autres athlètes que moi et cela me laisse la voie libre », conclut-elle.
Anne Kjersti Kalvå enfin au sommet
A 30 ans, Anne Kjersti Kalvå est montée le week-end dernier sur son premier podium en coupe du monde. Une consécration après avoir travaillé des années pour atteindre ce but. « J’ai souvent été proche, c’est incroyable d’y être enfin arrivée, souffle-t-elle à TV2 après le 10 km de Beitostølen. J’ai souvent douté, je ne savais pas si j’y arriverais un jour mais j’ai essayé de garder la foi, d’écouter ma petite voix intérieure qui me disait que j’en étais capable. »
A force de travail acharné, de longues heures d’entraînement, la Norvégienne aura atteint son objectif. « Je suis émue de la voir sur le podium, elle a travaillé tellement dur pour cela et elle a dû être patiente pour être sélectionnée mais n’a jamais abandonné », déclare ainsi sa mère.
Ses coéquipières aussi sont ravies pour elle : « c’est un soulagement pour nous toutes de la voir deuxième, confie Tiril Udnes Weng. C’est tellement mérité et ce n’est qu’une question de temps avant sa première victoire. »
Une autre personne a été particulièrement impressionnée et a laissé exploser sa joie en voyant le podium d’Anne Kjersti Kalvå : sa cousine, Marit Bjørgen. « Je suis tellement heureuse pour elle, dit-elle à VG. Le week-end dernier, quand elle était si proche du podium, je lui avais dit qu’elle avait toutes ses chances pour battre les autres filles, qu’elle avait le talent pour. C’est bien qu’elle ait réussi. » Un soutien qui fait chaud au coeur pour Kalvå qui assure que sa cousine a été un modèle pour elle, tant dans le ski que sur le plan personnel.
« Pour moi, ce podium signifie tout, conclut Kalvå. L’an dernier a été très dur avec le coronavirus juste avant les Jeux olympiques, être enfin au sommet après avoir tant travaillé, c’est énorme. » La jeune femme tient aussi à remercier ses parents qui l’ont toujours soutenue, même quand d’autres ne croyaient pas en elle.
Taugbøl blessé
Si vous étiez devant le sprint de Beitostølen vendredi, vous avez peut-être remarqué l’arrêt brutal d’Håvard Solås Taugbøl en pleine course. Le Norvégien a en effet ressenti une vive douleur dans la cuisse et a préféré s’arrêter pour ne pas empirer les choses.
« Soudain, j’ai senti un pincement très fort dans ma cuisse gauche, raconte-t-il au micro de TV2. Quand j’ai voulu me remettre en marche, je n’arrivais pas à mettre de la puissance, c’était bloqué. Je n’avais plus qu’à abandonner la course. »
Ausculté par le médecin de l’équipe nationale, le fondeur souffrirait d’un étirement d’un tendon au niveau du mollet. « Pour le moment, nous ne savons rien de plus de la gravité de la blessure ou s’il sera absent un moment ou non », ajoute Arild Monsen, entraîneur de l’équipe de sprint.
De son côté, Taugbøl, forfait pour Davos (Suisse) cette semaine, espère être opérationnel très vite pour se préparer à la perfection pour les Mondiaux de Planica.
Le super sprint en combiné nordique arrive
Le combiné nordique est sur la sellette aux Jeux olympiques. C’est en tous cas ce qu’a annoncé le CIO lorsqu’il a refusé l’arrivée des compétitions féminines en 2026. Quant aux compétitions masculines, elles doivent évoluer et réunir plus de spectateurs si elles veulent rester au programme en 2030.
Dans cette optique, le chef du combiné à la FIS, Lasse Ottesen, a confirmé au quotidien Dagbladet que serait bientôt testé le super sprint. « C’est une proposition de la Norvège qui s’inspire du sprint en ski de fond avec des qualifications, des quarts de finale, des demi-finales et une finale, explique Ottesen. Nous testerons ce format à Rena, en coupe continentale en février et si ça fonctionne bien, le but est de l’introduire au calendrier de la coupe du monde l’an prochain. »
Ivar Stuan, directeur sportif du combiné nordique norvégien, révèle que c’est le père de Jens et Einar Lurås Oftebro qui a eu cette idée. Celle-ci a d’ailleurs déjà été testée en Norvège. « Rena, ce sera une première à l’internationale », complète Stuan. L’objectif ? Permettre à de nouvelles nations de monter sur les podiums et trouver un regain d’intérêt parmi les fans de ski.
Retarder la coupe du monde : une solution ?
Les changements climatiques inquiètent les sports d’hiver et ce n’est pas une nouveauté. « Je veux que mes enfants connaissent le même monde que celui dans lequel j’ai grandi, qu’ils aient les mêmes chances de voir de la neige », réagit ainsi le combiné Espen Bjørnstad en voyant les conditions d’enneigement assez pauvres à Oslo. « Il faut réagir, les glaciers fondent, il y a moins de neige… Je crois qu’on ne prend pas assez ce problème au sérieux », confie-t-il à la NRK.
« Nous devons espérer que de plus en plus de gens le réaliseront et agiront à leur niveau car sinon, le ski pourrait disparaître ou devenir un sport de très riches », s’inquiète de son côté le biathlète Sturla Holm Lægreid. « Je ne me souviens pas d’une année où nous avons eu un bon enneigement sur toutes les étapes de coupe du monde », avoue Johannes Thingnes Bø.
Face à ce constat, et remarquant que la neige arrive souvent plus tardivement depuis plusieurs hivers, Hans Christer Holund et d’autres fondeurs ont eu une idée : changer les dates de la coupe du monde. « Avril est souvent un très bon mois pour le ski, confirme Pål Golberg au micro de la NRK. Il suffirait de commencer et terminer plus tard pour avoir moins d’annulations. » « Rien que deux semaines de différence pourrait aider », affirme Holund.
Martin Løwstrøm Nyenget ajoute que les spectateurs seraient aussi peut-être plus nombreux et qu’il serait plus simple pour les organisateurs de stocker de la neige pour mars et avril que pendant l’été pour être prêt début novembre.
Mais Espen Bjervig, manager du ski de fond norvégien, soulève un problème : si la saison commence si tôt, c’est entre autres à cause de Noël et de l’opportunité de nombreux sponsors de se montrer et ainsi d’augmenter leurs ventes à l’approche des fêtes. « Mais c’est une bonne proposition, on voit bien cette année que c’est ridicule de commencer si tôt avec si peu de neige, confie-t-il. En revanche, il faudrait revoir les accords avec les sponsors et tout le monde pourraient y perdre… »
Manifestants à Lillehammer : les fondeurs réagissent
Si vous avez regardé les courses de ski de fond de Lillehammer, cela ne vous a sûrement pas échappé : des manifestants pour le climat et contre l’exploitation pétrolière en Norvège ont fait intrusion sur la piste lors du 20 km masculin. Ils ont d’abord allumé des fumigènes avant de brandir une banderole sur la piste, bloquant le passage des fondeurs. Pour les déloger, certains officiels ont dû traîner des manifestants et ils ont ensuite dû bloquer les intrus en attendant la police.
Sur la piste, les athlètes n’étaient pas franchement heureux de voir une telle intrusion. « J’ai d’abord dû retenir mon souffle à cause des fumigènes, raconte Martin Løwstrøm Nyenget à la NRK. J’ai ensuite vu les manifestants et ils n’ont pas réussi à tous les faire partir mais à juste nous dégager le passage, on a donc dû ralentir. Sur les tours suivants, il n’y avait plus rien mais on nous a dit qu’il y avait de l’huile sur la piste. »
Plus de peur que de mal, donc. Néanmoins, les fondeurs ne sont pas en total accord avec les activistes. « Leurs actions peuvent être dangereuses, réagit Emil Iversen. Pour eux et pour les autres. Je pense aussi qu’il y a d’autres moyens d’agir, je suis pour leur combat mais ce n’est pas la peine de détruire les efforts que d’autres font. »
Pål Golberg, actuel maillot jaune, ajoute : « heureusement, ils l’ont fait dans une montée, pas une descente sinon, cela aurait pu provoquer un grave accident. Je pense qu’il y avait d’autres moyens de faire passer leur banderole à la télévision pour faire connaître leur combat. »
Du côté des organisateurs, on s’inquiétait d’un évènement similaire à Beitostølen. Heureusement, rien n’est venu perturber le deuxième week-end de coupe du monde en Norvège. « Nous sommes en démocratie, manifester est un droit mais on doit aussi laisser les athlètes pratiquer leur sport », conclut Terje Lund, responsable des compétitions à la fédération norvégienne.
Pål Golberg et sa vie de famille
Maillot jaune depuis le début de l’hiver, Pål Golberg touche enfin du doigt son rêve : remporter le général de la coupe du monde de ski de fond. Mais quand VG l’a interrogé à Beitostølen sur comment il gérait sa vie d’athlète et sa vie de famille, le Norvégien était gêné, ému et a préféré reporter l’interview d’une journée.
« J’ai eu du mal à répondre hier car j’étais très ému, explique le fondeur au quotidien VG lundi. Je suis immensément reconnaissant envers ma compagne, Line Sogn Plassen. Elle est maman à plein temps, ma psy et elle aussi a beaucoup sacrifié pour que je puisse me concentrer à 100% sur le ski. C’est devenu un travail d’équipe, mes victoires on les a obtenues à deux. »
Line Sogn Plassen, avocate de métier, s’est en effet mise en congé pour s’occuper de leurs deux filles Frida et Sara, âgées de 4 ans et 6 mois. Il faut dire que décision a été prise de retirer de l’école maternelle la plus âgée des fillettes pour éviter qu’elle ramène des microbes à la maison et que la saison de son champion de père soit mise en danger. « J’apprécie réellement que Line ait la même envie que moi que je réussisse, sans elle, je n’aurais rien pu faire », conclut Pål Golberg.
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