Boycott proposé chez les Norvégiens
L’annonce du CIO qui a réouvert la discussion autour de l’interdiction de concourir des Russes et Biélorusses a beaucoup fait réagir dans le monde entier. Les pays baltes ainsi que les Ukrainiens ont déjà prévenus : si les Russes sont autorisés à revenir, ils boycotteront les Jeux olympiques et toutes les Coupes du monde qui suivraient l’exemple du CIO.
Et ils ne sont pas les seuls : certains athlètes norvégiens n’ont pas hésité à apporter leur soutien à leurs adversaires, comme Vetle Sjåstad Christiansen. « Si la situation en Ukraine ne change pas, alors oui j’envisagerais de boycotter la coupe du monde l’an prochain », dit-il à la NRK. Pål Golberg a aussi annoncé qu’il n’irait pas à Planica si la réintégration des Russes était décidée d’ici là. « C’est un choix difficile à faire », assure-t-il.
Tarjei Bø, lui, s’est dit ouvert à un boycott national des Norvégiens. « Nous devrons peut-être l’envisager, explique-t-il. Nous en parlerons avant avec tout le monde mais il me semble impossible de concourir contre les Russes dans la situation actuelle, je ne veux pas qu’ils reviennent en coupe du monde. » Le skieur alpin Henrik Kristoffersen approuve : « il ne faut pas faire reposer cette décision sur chaque individu, il vaut mieux un choix collectif, c’est plus facile à assumer », affirme-t-il.
Ingrid Landmark Tandrevold va plus loin en expliquant le choix de ses compatriotes : « on ne peut séparer à 100% sport et politique, ce serait naïf de penser le contraire, dit-elle au quotidien VG. C’est difficile d’imaginer boycotter une épreuve ou plusieurs mais la situation est grave et doit être prise au sérieux. »
« Je comprends qu’il doit y avoir une discussion pour savoir quand et comment les Russes pourront être réintégrés, ajoute Johannes Thingnes Bø. Mais aujourd’hui, ça ne me paraît pas envisageable, nous en sommes même très loin. Que le CIO dise que la majorité des athlètes est pour le retour des Russes me semble malhonnête, ils n’ont qu’à faire un vote avec tous les athlètes, à mon avis, le « non » l’emportera », conclut-il, rappelant que les possibilités financières que représente un retour de la Russie ne devrait pas peser dans la balance.
Une apparition impromptue à Toblach
C’est le choc pour les fondeuses de la coupe du monde à Toblach : un visage familier s’est invité sur les pistes pendant un entraînement officiel sans autorisation… La Russe Yulia Stupak avait en effet enfilé un dossard officiel accrédité de la FIS et s’entraînait au milieu des autres athlètes alors que la Russie est bien évidemment toujours exclue des compétitions.
« Nous avons trouvé quelle équipe lui avait fourni ce dossard et nous leur avons rappelé que c’était évidemment interdit de fournir un dossard réservé aux athlètes à quelqu’un qui n’était pas accrédité, cela ne se reproduira plus », a aussitôt réagi le directeur de course de la FIS, Michal Lamplot, au micro de la NRK.
Du côté des experts en ski de fond norvégiens, on voit cela comme une provocation. « Elle sait qu’elle n’a pas le droit d’être là, elle est là pour montrer que la Russie existe toujours et le récent soutien du CIO leur donne raison à leurs yeux », analyse Jan Petter Saltvedt pour VG.
Chez les Norvégiennes, qui l’ont aperçue sur la piste, on ne peut retenir sa surprise. « C’est étrange de se montrer ici, c’est surprenant mais apparemment, elle était aussi à Livigno en même temps que nous », révèle Tiril Udnes Weng. « C’est injuste et irrespectueux qu’elle s’entraîne à un moment réservé aux équipes qui concourent, il y a des règles et elles ont une raison d’exister », ajoute sa coéquipière Ane Appelkvist Stenseth.
Incompréhension du côté de Pål Golberg. « Il y a plein d’endroits sympas en Europe pour s’entraîner, c’est étrange d’être aussi attiré par la coupe du monde quand on n’est pas autorisé à y participer », dit-il.
Markus Cramer, ancien entraîneur de l’équipe russe et désormais membre du staff italien, suspecté par les Norvégiens d’avoir fourni le dossard, avoue ne pas comprendre ce qu’on lui reproche : « Yulia peut voyager où elle veut, elle est ici pour s’entraîner, je ne vois pas pourquoi la Norvège en fait tout un plat », déclare-t-il à la NRK.
Pourtant, le message est très clair pour les Norvégiens : les Russes cherchent à provoquer. Et c’est réussi.
Tiril Udnes Weng hors de forme ?
Tombée malade après le Tour de Ski, Tiril Udnes Weng faisait son retour en compétition à Toblach. Mais ses résultats n’ont pas été à la hauteur de ses attentes. 29e samedi, la Norvégienne ne mâche pas ses mots au micro de la NRK : « c’est mauvais et c’est très loin de ce que je devrais faire, je pense que la maladie a laissé plus de traces que ce que je croyais, il m’en manque encore », dit-elle.
De quoi briser une confiance durement acquise en début d’hiver. « Désormais, je vais devoir me remémorer de ce que j’étais capable de faire, que je suis une bonne skieuse même si là, clairement, ça ne se voit pas », continue Weng. Avec seulement deux semaines devant elle avant les Mondiaux de Planica, le timing est serré.
Et Tiril Udnes Weng ne sait pas vraiment quoi faire pour retrouver son niveau d’il y a un mois. Elle a même envisagé de ne pas aller avec le reste de l’équipe en stage en altitude pour les prochaines semaines. « Je ne sais pas si mon corps peut le supporter », expliquait-elle à Viaplay.
Son compatriote, Petter Northug Jr, a donc tenu à lui prodiguer quelques conseils. « Oui, elle manquait d’énergie ce week-end, commence-t-il sur TV2. Mais je sais que le corps peut réagir différemment après le Tour de Ski et ça peut paraître difficile mais à mon avis, elle devrait aller en altitude, s’y entraîner, faire ce qu’elle doit faire et ça ira mieux ensuite. Elle doit aussi écouter les conseils du staff, ils pourront l’aider et ne surtout pas s’enfermer dans des pensées négatives ! »
Même son de cloche du côté de l’entraîneur : « elle sent qu’elle est encore un peu faible, c’est logique et elle a fait quelques séances difficiles alors forcément, elle est fatiguée, analyse Sjur Ole Svarstad. Elle a besoin de se reposer mais elle viendra avec le reste de l’équipe en altitude. »
Chez les autres experts, on est plus divisé : Petter Skinstad recommande aussi de bien s’entraîner tandis que le fondeur Niklas Dyrhaug, consultant Viaplay, lui recommande de rentrer en Norvège se reposer. Le séjour en altitude sera-t-il la recette gagnante pour la n°1 mondiale ?
Les biathlètes norvégiens confiants
Demain, grand lancement des Mondiaux de biathlon à Oberhof avec le relais mixte. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les Norvégiens ne sont pas du tout inquiets en ce qui concerne leur chance de médaille d’or. « Il faudrait presque que la Norvège fasse deux tours de pénalité pour vraiment avoir de la compétition », déclare Ole Einar Bjørndalen sur TV2 avant la compétition.
« Nous aurions pu avoir deux équipes qui se battent pour l’or tellement tout le monde est en forme, c’est un problème de riche », ajoute Sturla Holm Lægreid, sélectionné aux côtés de Johannes Thingnes Bø et évinçant ainsi Tarjei Bø et Vetle Sjåstad Christiansen.
Ils seront accompagnés d’Ingrid Landmark Tandrevold et Marte Olsbu Røiseland. « C’est sûr que la France, l’Allemagne ou la Suède vont probablement se battre pour le podium mais ils n’auront aucune chance de battre la Norvège », continue Bjørndalen. Mais les Norvégiens ne seraient-ils pas un peu trop confiants ?
Cette attitude ne plaît pas forcément sur la coupe du monde… Il faut dire qu’ils ne se sont pas privés de provoquer leurs adversaires, à l’image de Tarjei Bø. Dire aux médias suédois que leur seule chance de remporter un relais masculin est de faire sortir de retraite Björn Ferry et Fredrik Lindström, c’est presque déclarer la guerre. Evidemment, la blague fait réagir.
« En biathlon, rien n’est joué, rappelle l’entraîneur suédois à VG. En revanche, si les Norvégiens reviennent avec seulement l’argent, ce serait une déception… » Beaux joueurs, Tarjei Bø et Vetle Sjåstad Christiansen ont tout de même répondu plus sérieusement en affirmant qu’ils voyaient bien la Suède venir les titiller pour la médaille d’or. « Mais il faut qu’ils aiguisent leur sens de l’humour quand ça marche moins bien pour eux », conclut Johannes Dale, provocateur.
Diggins vs Northug
Depuis le Tour de Ski, Jessica Diggins est en difficulté. Et quand ils voient un athlète en difficulté, il y a deux experts qui n’ont pas leur langue dans leur poche : Petter Northug Jr. sur TV2 et son collègue de Viaplay Åge Skinstad. « Si vous ne pouvez pas gagner, vous devriez rentrer chez vous », avait déclaré Northug pendant le Tour de Ski, parlant de Diggins.
Arrivée à Toblach malgré encore quelques douleurs au genou, l’Américaine a tenu à réagir à ces propos au micro de la NRK : « Ce n’est clairement pas le bon message à envoyer aux jeunes athlètes », estime-t-elle.
Northug a ensuite répondu à Diggins, cherchant à se justifier. « Nous avons vu que ses skis n’étaient pas les meilleurs et elle avait un langage corporel qui faisait penser à de grosses difficultés, explique-t-il. Nous avons jugé après plusieurs jours sur les images que nous avons vu mais évidemment, Jessie connaît mieux son corps et doit être celle qui décide. »
Bien essayé mais pas suffisant pour la fondeuse. « Oui, il y a des jours plus difficiles mais ce n’est pas une raison pour abandonner, rappelle-t-elle. Il faut parfois se souvenir que les athlètes ont des sentiments et surtout, qu’il ne s’agit pas seulement de gagner dans la vie. » Diggins ajoute qu’on ne connaît jamais toute l’histoire, que personne, hormis l’athlète, n’a toutes les cartes en main pour juger.
Propos rapportés à Petter Northug Jr qui a tenu à faire son mea culpa : « c’est vrai que quand les experts donnaient leur avis sur moi, cela avait tendance à m’agacer, se souvient-il. Quand elle dit qu’il y a presque plus de bonheur à gagner après avoir lutté contre des difficultés, je pense qu’elle dit vrai. A bien y réfléchir, j’adorais gagner après avoir eu une mauvaise journée. »
Et pour être sûr de se faire pardonner, Northug a affirmé que Diggins semblait prête pour les Mondiaux et serait une adversaire de taille pour les Norvégiennes.
Le Premier ministre norvégien a la forme
Le ski de fond, en Norvège, est un sport national. Si on connaît l’amour de la famille royale de la discipline, ce n’est pourtant aucun de ses membres que l’on a pu retrouvé lors de la compétition d’Hauern, course en mémoire de Thorleif Haugs, mais bien le Premier ministre !
Jonas Gahr Støre a ainsi parcouru les 25km de course en 1h55 après avoir joué le sprint contre Lene Lothe. « Ce n’est pas très convenable qu’un Premier ministre se batte ainsi pour passer devant moi alors que je l’ai devancé toute la course », plaisante cette dernière, chef de Norad, agence de coopération pour le développement sous les ordres du ministère des Affaires étrangères.
Støre, de son côté, explique qu’il aime faire au moins une course par an depuis 1979. « En général, je m’inscris et j’évalue la veille si je suis assez en forme, j’ai donc décidé seulement vendredi de faire cette compétition », révèle-t-il au micro de TV2. Le Premier ministre a terminé 2e de sa catégorie… Sur 2 participants, ce dont le Norvégien n’hésite pas à rire sur son compte Instagram.
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