Ole Einar Bjørndalen regrette d’avoir parié contre Tarjei Bø
Evidemment, Ole Einar Bjørndalen avait pronostiqué le règne de Johannes Thingnes Bø. Il faut dire qu’il y avait peu de doute sur les chances de réussite du Norvégien. S’il y avait un Norvégien que Bjørndalen ne voyait en revanche pas aller chercher une médaille, c’était Tarjei Bø. Et celui-ci l’a fait s’en mordre les doigts dès le sprint.
« Oui, j’ai eu une saison difficile mais on ne se débarrasse pas si facilement de moi, sourit-il au micro de TV2. Je savais comment me préparer pour ce moment avec le sprint en particulier dans ma ligne de mire. C’est magique de réussir à prendre l’argent, Johannes était imbattable et c’est un soulagement et une vraie joie de performer ainsi. »
« Je regrette d’avoir dit qu’il ne prendrait aucune médaille, réagit Bjørndalen. Il est de nouveau ce bon vieux Tarjei, je l’ai réalisé en voyant ses entraînements. » Et Tarjei Bø est loin d’en prendre ombrage : « quand on devient expert, on perd certaines connaissances, se moque-t-il dans les colonnes de VG. En même temps, je comprends qu’on se soit demandé si je devais rester dans l’équipe quand on voit mes résultats avant Noël. Il faut prendre du recul, voir la situation dans son ensemble pour juger correctement en biathlon. »
Des propos approuvés par son coach, Egil Kristiansen. « Une grande partie de notre travail est de ne pas écouter tous les avis, de se fier à ce que l’on connaît car sinon, on prendrait les mauvaises décisions, c’est le cas avec Tarjei cette année », assure-t-il.
Et si le Norvégien n’a pour le moment qu’une médaille d’argent, il n’est pas passé loin du bronze dimanche sur la poursuite, de très beaux résultats pour celui qu’on voyait comme bon à prendre sa retraite.
Sturla Holm Lægreid, le soutien sans faille
Le relais mixte la semaine dernière a couronné la Norvège après des relais assez impressionnants de Sturla Holm Lægreid et Johannes Thingnes Bø. Pourtant, le résultat semblait mal engagé quand Ingrid Landmark Tandrevold est partie tourner sur l’anneau de pénalité. Evidemment, la Norvégienne n’a pas oublié de se sentir coupable. « C’est très étrange d’avoir l’or après avoir si mal commencé le relais, ce n’était pas ce que je voulais et ce n’était sûrement pas ce que les autres voulaient voir dès le début, confie-t-elle à la NRK. Heureusement, j’ai les meilleurs coéquipiers du monde. »
Et mention spéciale à Sturla Holm Lægreid qui, en plus d’avoir ramené le relais en tête, est celui qui a le mieux consolé sa compatriote. « Il est venu me voir alors que j’allais mal et m’a dit « mais c’est super, je voulais être à l’attaque aujourd’hui », il était vraiment prêt à tout donner et les mots qu’il a eu m’ont vraiment fait du bien », continue Tandrevold.
« Je sais ce que c’est d’être celui qui met en danger le relais, ça m’est arrivé aux Jeux olympiques mais nous sommes une équipe et il est important de se soutenir les uns les autres, peu importe le résultat, explique Lægreid. Qu’Ingrid fasse un tour ce n’est pas grave et vraiment, ça m’a permis de me faire plaisir en étant à l’attaque, je tenais à lui dire. »
En plus de la médaille d’or du relais mixte, le Norvégien repart, sans aucun doute, avec la médaille d’or du meilleur coéquipier.
Juni Arnekleiv, la révélation féminine
Elle n’aurait pas dû être à Oberhof. Elle a été appelée au dernier moment avec les changements de quota. Elle a fait deux très belles courses pour sa première fois sur le circuit mondial. « Elle », c’est la Norvégienne Juni Arnekleiv, auteure d’une 12e et d’une 13e place sur le sprint et la poursuite des Mondiaux d’Oberhof.
Deuxième meilleure norvégienne sur le sprint, Marte Olsbu Røiseland saluait les résultats de sa compatriote. « Je n’ai pas les mots tant je suis impressionnée, disait-elle à la NRK. Les gens ne se rendent même pas compte à quel point c’est un truc de malade ce qu’elle a fait. »
Arnekleiv, elle, reste humble. « C’était incroyablement amusant, déclare-t-elle. Je ne m’attendais pas à aussi bien performer. Ce que je retiens, c’est que ça paye de faire un 10/10, de skier vite et de prendre du plaisir. » Si elle ne tire qu’à 18/20 sur la poursuite, le bilan reste le même.
Un exploit sachant qu’elle n’a même pas pu faire un entraînement avant le sprint. Elle a seulement pu faire un tour de reconnaissance avec Ida Lien. « Apparemment, je l’ai bien aidée et j’en suis heureuse », sourit celle-ci. Elle a aussi profité du soutien de son petit ami, le biathlète Sivert Guttorm Bakken, sur le banc de touche cette année. « C’est bien que l’un de nous deux performe », commente-t-il à l’arrivée. « Il m’a vraiment bien encouragée, je l’ai entendu m’acclamer sur la piste, c’était génial », révèle Arnekleiv.
Ses résultats ont aussi été salués par la légende Ole Einar Bjørndalen : « sa performance est absolument sauvage ! dit-il dans les colonnes de Dagbladet. C’est fou de faire ça alors qu’elle a été prévenue la veille et qu’elle n’avait jamais été en coupe du monde. On a l’impression qu’elle est sur le circuit depuis 10 ans tant elle se contrôle et est calme sur le pas de tir », complète-t-il sur les antennes de TV2.
Silje Opseth se fait peur
A Hinterzarten, Silje Opseth était en pleurs devant les médias, expliquant qu’elle avait l’impression de ne pas être faite pour les tremplins dits « normaux », c’est-à-dire les HS100. « C’est une barrière mentale que je me suis mise toute seule », dit-elle à la NRK.
La semaine dernière, elle s’est rendue à Trondheim où elle a testé le tremplin remis aux normes pour les Championnats du monde 2026. Un entraînement en apparence anodin mais qui a failli tourner au drame lorsque la Norvégienne a réalisé qu’elle allait bien trop vite et qu’elle avait très mal entamé son saut dans des conditions qui avait soudain tourné. « J’ai sauté mal et loin et j’ai paniqué en l’air, raconte la sauteuse à TV2. J’ai bien cru que j’allais me briser tous les os. »
Heureusement, plus de peur que de mal, Opseth a finalement réussi à se poser sans encombre mais, en accord avec ses coachs, a mis un terme à sa séance d’entraînement. « Je ne sais pas si ça va aggraver cette barrière mentale mais je sens que mon objectif d’être plus stable en compétition n’est pas atteint, oui mes meilleurs résultats sont excellents mais ça rend les problèmes plus durs, plus profonds, estime la sauteuse. Je lutte techniquement et mentalement sur les plus petits tremplins et je n’arrive pas à enrayer cela. »
Pour son entraîneur, Christian Meyer, son blocage est vraiment mental. « Avec de bons résultats sur tremplin normal, elle pourrait dépasser cela, affirme-t-il à la NRK. Elle doit faire aussi attention à ne pas être trop perfectionniste, à avoir plus confiance en elle car cela la bloque beaucoup. » Résultat, elle n’est pas encore sûre d’aller à Rasnov où les filles concourent sur tremplin normal.
Malgré cela, Silje Opseth encense le tremplin normal de Trondheim : « Il est très beau, les installations ont été très bien faites, c’est seulement moi qui doit encore m’améliorer », sourit-elle au micro de TV2.
Martin Fourcade en désaccord avec les Norvégiens
Vous n’êtes pas passés à côté : Astrid Uhrenholdt Jacobsen s’est retrouvée en mauvaise posture auprès des médias et athlètes norvégiens après avoir évoqué la possibilité de réintégrer les Russes et Biélorusses en compétition. Pour la plupart des athlètes interrogés, la réponse est claire : non, ils ne peuvent revenir tant que la guerre en Ukraine continue.
Elle a pourtant récemment reçu le soutien d’un grand athlète. Martin Fourcade a en effet accordé une interview à la NRK où il s’est dit prêt à lancer le débat. « Certains comprendront, d’autres non mais je suis humain et j’ai mes opinions et je pense qu’il est temps de discuter de leur retour, explique-t-il. J’ai été élu au CIO pour représenter les athlètes et j’ai l’impression de ne pas les représenter, eux. Ils restent des sportifs, même s’ils sont russes ou biélorusses et ils ont le droit d’être représentés. »
Le Français tient à rappeler qu’il a toujours condamné les actions du gouvernement russe, tant lors de la guerre contre l’Ukraine que lors des nombreux cas de dopage qu’il a dénoncé avec force durant sa carrière. « Personne ne m’accusera d’être pro-russe, affirme-t-il. Mais se voir refuser la compétition à cause d’un passeport ou parce que le Président de notre pays décide de choses que l’on ne soutient pas, c’est injuste. »
L’ancien biathlète va plus loin, rappelant que le sport est l’occasion de s’affronter avec respect et en bonne intelligence, loin de la politique et de la guerre. « Les athlètes russes pourraient porter une parole autre que celle de leur pays, redorer leur image, continue-t-il. Quant aux Norvégiens, je suis sûr que certains sont pour lancer cette discussion mais personne n’ose en parler pour ne pas subir les mêmes critiques que Jacobsen. »
Ce qui n’a pas manqué de faire réagir les biathlètes norvégiens. « Je respecte Martin et je sais qu’il a sûrement beaucoup réfléchi à la question avant de s’exprimer, dit Johannes Thingnes Bø à la NRK. Pour autant, je suis toujours opposé au retour des Russes. » Il est soutenu par son coéquipier, Vetle Sjåstad Christiansen : « je comprends qu’on ne veuille pas mélanger sport et politique mais c’est difficile quand les Russes tissent des liens étroits entre les athlètes et l’armée. » A cela, Fourcade rappelle que lui aussi était payé par l’armée sans pour autant être un soldat.
Une discussion qui est donc loin d’être terminée.
Petter Northug Jr du côté des Suédois ?
Ses joutes verbales avec les commentateurs et fondeurs suédois sont célèbres : Petter Northug Jr est leur ennemi préféré et ce depuis des années. Pourtant, en tant qu’expert biathlon, le Norvégien semble s’être ramolli. « J’ai en effet donné quelques conseils et échangé sur la piste avec Sebastian Samuelsson et Martin Ponsiluoma, concède-t-il à Dagbladet. J’avais mauvaise conscience, j’ai toujours été si méchant avec les Suédois que j’ai voulu inverser la tendance pour les biathlètes. »
Mais que le peuple norvégien se rassure : l’ancien fondeur n’en oublie pas les bonnes habitudes. Après le très mauvais tir de Samuelsson sur le relais mixte, il n’a pas oublié de se moquer d’eux, affirmant qu’il voulait bien devenir leur entraîneur de tir dans ces conditions… Il a aussi salué les joutes verbales opposant le Suédois à Johannes Thingnes Bø.
Après que Samuelsson ait déclaré avant le relais mixte qu’il ne craignait pas le Norvégien et qu’il allait le battre, le leader de la coupe du monde s’est contenté de répondre « bien fait » au micro de TV2 en voyant son tir raté et ses trois tours de pénalité. « Je l’ai mérité, je l’avais cherché, rit Sebastian Samuelsson. J’espère qu’il trouve aussi amusant que moi de s’envoyer des petites piques dans les médias sachant que sur la piste, on se respecte évidemment. »
« C’est sûr, je suis un peu le petit frère énervant des Suédois, celui qui gagne tout le temps », le nargue Johannes Thingnes Bø. « C’est bien de voir que d’autres ont repris le flambeau, sourit Petter Northug Jr. Le public a besoin de ces petites disputes, ça met de l’ambiance. » Humble, le biathlète tient quand même à rappeler que jamais le combat en biathlon ne sera à la hauteur de celui du ski de fond entre Suédois et Norvégiens.
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