Le show Johannes Thingnes Bø
Sept médailles en autant de compétitions. Comme sa compatriote Marte Olsbu Røiseland aux Mondiaux 2020, Johannes Thingnes Bø a marqué de son empreinte les Championnats d’Oberhof, rebaptisé pour l’occasion après la dernière course Boeberhof, en devenant le premier biathlète masculin à prendre des médailles dans toutes les compétitions.
Et pour les experts du biathlon norvégien, le n°1 mondial a cinq secrets pour en être arrivé là.
Numéro 1 : le corps. « Il a un corps adapté pour être puissant, il a une bonne génétique, un bon entraînement », analyse Øyvind Sandbakk, chercheur en sciences du mouvement et du sport, pour la NRK. « J’ai un bon équilibre entre être assez puissant et assez léger pour ne pas trop souffrir de l’acide lactique dans les jambes en course », confirme Johannes Thingnes Bø.
Numéro 2 : le mental. « Il s’agit de croire en soi et de ne pas être faible et je suis très fort à ce jeu », admet l’athlète. Pour les experts, il doit tout à une très bonne concentration et à une capacité à se « réinitialiser » si les compétitions se passent mal pour repartir sur de bonnes bases.
Numéro 3 : la qualité d’entraînement. S’il s’entraîne bien moins que d’autres athlètes, il semble que le Norvégien ait trouvé sa solution miracle. « Là-dessus, il est unique », juge Egil Kristiansen, son coach.
Numéro 4 : sa technique à ski. « C’est clairement là où je me suis amélioré ces dernières années, estime le biathlète. Mais c’est aussi comme ça que j’aime skier et mon corps y réagit bien. »
Numéro 5 : son équipement. Car si sa technique est excellente, il ne serait rien sans de bons skis. « Je travaille avec Fischer depuis longtemps et mes performances montrent que la fidélité est récompensée, j’ai aussi un farteur personnel avec Tarjei, Gian Luca Marcolini, et il est très fort dans son travail », continue Johannes Thingnes Bø.
Et ajouterait-il un point à cette liste ? « Vous oubliez ma famille, c’est la principale raison de mon succès, répond le Norvégien. Je suis papa depuis 3 ans et j’ai enchaîné trois bonnes saisons, il y a sûrement un lien… » Des propos confirmés par son entraîneur Egil Kristiansen : « depuis qu’il a sa maison avec sa salle d’entraînement, sa famille, il est meilleur et je suis certain que cela joue sur son repos et son entraînement », juge-t-il au micro de TV2.
Et c’est tant mieux ! En forme olympique, le biathlète en a profité pour faire le show à Oberhof. Le moment le plus marquant étant sans doute celui où il s’est agenouillé avant l’arrivée pour mimer un tir vers le public, à la façon d’une autre star norvégienne, le footballeur Erling Haaland. « On dirait Lucky Luke, c’est bien qu’il fasse le show », salue son coéquipier Vetle Sjåstad Christiansen sur la NRK. « Ca permet de rendre amusante une victoire avec plus d’une minute d’avance », ajoute Endre Strømsheim. « C’est un Dieu, un Jésus parmi nous et je suis heureux d’être parfois le meilleur des mortels », conclut Sturla Holm Lægreid.
Les Norvégiens s’inclinent
Les Championnats avaient extrêmement bien commencé pour les biathlètes norvégiens. En or sur le relais mixte, le sprint, la poursuite, l’individuel, le relais mixte simple… Jusqu’à ce que la machine s’enraye et qu’ils ne prennent que l’argent sur le relais masculin. Forcément, leurs ennemis de toujours, les Suédois, en ont profité.
« Il va y avoir au moins une demi-journée de deuil national », plaisante l’ancien biathlète Björn Ferry. « Et comme nous avons fini devant la Suède, il y aura sûrement trois jours de deuil national là-bas, répond Sturla Holm Lægreid sur TV2. Plus sérieusement, nous sommes très heureux d’avoir eu l’argent, nous avons fait de notre mieux mais le tir était difficile aujourd’hui. Nous ne sommes pas des enfants pourri gâtés, nous savons nous contenter de ce qu’on a », termine-t-il dans les colonnes de VG.
Et si la réplique de Lægreid a beaucoup plu, les Suédois ont su se venger à leur manière… En remportant le doublé sur la mass-start, privant Johannes Thingnes Bø d’une sixième médaille d’or. « Les Suédois ont fait de superbes championnats, prendre le doublé sur la dernière course de cette manière, c’était impressionnant », juge Vetle Sjåstad Christiansen, beau joueur, pour VG. « Je suis heureux de ce que j’ai fait, désormais, comme Marte, j’ai réussi à avoir sept médailles en un championnat, je ne pouvais pas lutter contre Samuelsson et Ponsiluoma, ils m’ont assommé dans le dernier tour », conclut Johannes Thingnes Bø.
Tandrevold ne profite pas de sa médaille
Lors du relais féminin, Ingrid Landmark Tandrevold a effectué trois tours de pénalité, condamnant son équipe à sortir du podium. Comme à chaque fois qu’elle se manque, les médias norvégiens n’ont pas été tendres avec elle. Alors quand elle a enfin obtenu une médaille d’argent sur la mass-start, la Norvégienne s’est un peu lâchée au micro de la NRK : « J’ai apprécié que de nombreuses personnes me soutiennent et me disent que vos commentateurs étaient méchants dans leur propos avec moi et qu’ils devaient aller se faire voir », a-t-elle déclaré.
Des paroles qu’elle a regretté et auxquelles elle n’a cessé de penser durant la remise des médailles. « Je n’aurais pas dû dire de gros mots, je n’ai pas arrêté d’y penser sur le podium et je tiens à dire que je regrette », rectifie Tandrevold plus tard sur la chaîne TV. Il faut dire que la Norvégienne sait que ses propos seront décortiqués et pourraient être réutilisés contre elle.
« Patrick Oberegger m’a beaucoup aidée la veille au soir pour remettre en place les choses sur le pas de tir, révèle-t-elle finalement à TV2. J’ai réussi à me reconcentrer et je suis vraiment heureuse d’avoir réussi à prendre une médaille car beaucoup de très bons athlètes n’en ont pas eu. »
Bjørndalen fâche les autres équipes
En apprenant la composition des équipes sur le relais mixte simple, Ole Einar Bjørndalen avait déclaré, à propos de la France et de l’Allemagne : « c’est incompréhensible, ils alignent leur équipe C, dit-il sur les antennes de TV2. La France ne veut apparemment pas prioriser une médaille sur le relais mixte simple quant à l’Allemagne, ce choix à domicile est vraiment très étrange. »
De quoi agacer les Allemands. « Il dit toujours qu’il est extrêmement respectueux, qu’il a un bon esprit sportif mais ses remarques, ça montre juste un énorme manque de respect envers nos athlètes », juge le coach allemand Mark Kirchner dans des propos rapportés par VG. « Je connais Kirchner et nous avons chacun nos opinions, répond Bjørndalen. D’autres athlètes auraient dû être prioritaires sur ceux choisis et l’irrespect vient plutôt de leur choix d’aligner une telle équipe à domicile. Philip Nawrath n’a même pas été choisi sur le relais masculin et ils l’alignent sur le simple mixte. »
Si ses pronostics, respectueux ou non, se sont avérés vrais pour le simple mixte, les Allemands ont pu en revanche avoir la joie de le voir se tromper quand il avait affirmé que personne d’autre que la Norvège ne remporterait le relais masculin… Relais coiffé au poteau par les Français.
Derniers Mondiaux pour Olsbu Røiseland ?
Avec une 17e place pour finir ses Mondiaux, c’est les larmes aux yeux que Marte Olsbu Røiseland s’est présentée aux médias norvégiens. « Ca a été difficile aujourd’hui, je sentais que je n’étais pas assez en forme pour me battre devant », confie-t-elle à TV2. Malgré cela, la Norvégienne repart avec trois médailles : deux en or sur le relais mixte et relais mixte simple et une en bronze sur la poursuite. « Je veux profiter des médailles que j’ai remporté mais dans ma tête je n’arrive pas à mettre de côté que c’était sûrement mes derniers Mondiaux », continue Røiseland.
La biathlète s’explique : « c’est déjà énorme ce que j’ai fait ici car je n’aurais pas forcément parié dessus, je suis heureuse d’y être parvenue mais là je sens l’émotion et la fatigue qui m’envahissent alors on verra bien mais je ne serais peut-être pas sélectionnée la prochaine fois au vu de mes résultats », conclut-elle.
Ida Lien oublie ses balles
Ida Lien a bien failli ne pas participer à l’individuel. La Norvégienne avait en effet oublié un élément important de sa course… Deux de ses quatre chargeurs ! « Quand les contrôleurs me l’ont signalé, je me suis dit que j’en avais un en plus mais il m’en manquait toujours un alors j’ai sprinté pour trouver Ragnar », raconte la biathlète à la NRK.
Ragnar, c’est Ragnar Hagen, physiothérapeute de l’équipe. Celui-ci a tout fait pour trouver un dernier chargeur en un temps record et l’apporter à la Norvégienne. « C’est mon héros, sourit celle-ci. Mais c’était une erreur de débutant, ça ne devrait pas m’arriver. Heureusement, le problème a pu être réglé et ne m’a pas trop impactée. »
Opérationnelle 30 secondes avant son départ, on peut dire qu’Ida Lien avait déjà un taux d’adrénaline élevé avant même de prendre le départ. Trois pénalités plus tard, elle terminait 17e, de quoi la satisfaire. « Par rapport à ma poursuite où j’ai raté sept tirs, je suis contente de moi, même si c’était plus dur sur la piste », conclut-elle dans les colonnes de Dagbladet.
Klæbo nerveux
Peu d’équipes vivront à Planica pour les Mondiaux, la plupart seront en fait à Villach en Autriche. Les Norvégiens, eux, ont décidé de prendre deux hôtels en Italie qui leur seront réservés, à 30minutes seulement du stade, révèle TV2. Mais ce n’était pas assez confortable pour la super star de l’équipe, Johannes Høsflot Klæbo. S’il est bien dans l’un des deux hôtels, le fondeur a droit à un dernier étage qui lui est entièrement réservé.
Il faut dire que le Norvégien espère ainsi être au calme et pouvoir récupérer correctement. Car s’il est le grand favori pour peut-être remporter six titres sur six possibles (et dépasser le record de Northug de quatre titres), Klæbo est plus nerveux que jamais. « J’ai appris à mieux gérer la pression au fil des ans mais quand les grands évènements se rapprochent, évidemment on devient plus nerveux mais ça a un aspect positif », confie-t-il au quotidien VG.
Le fondeur avoue aussi savoir que sa nervosité ne fera qu’augmenter à mesure que les compétitions se dérouleront. « Evidemment, je pense plus à obtenir une médaille d’or sur les courses de distance mais le sprint reste très important pour moi, continue-t-il. Je vais faire mon travail et on verra si je réussis à obtenir un titre en distance ou pas. »
Dans une forme olympique et sa blessure à la cuisse semblant loin derrière lui, le Norvégien pourrait bien gagner facilement le sprint, le sprint par équipes et le relais. Quant au 15km, au 30km et au 50km, il fera partie des potentiels vainqueurs s’il réussit à s’accrocher au groupe de tête.
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