La revanche de Golberg
En 2013, à Val di Fiemme, Pål Golberg était aligné aux côtés de Petter Northug Jr. sur le team sprint. Sa première médaille d’or aux Mondiaux lui tendait les bras. Il faut dire qu’à l’époque, Northug est le roi incontesté du sprint. « J’étais le pire et en même temps le meilleur coéquipier que Golberg pouvait avoir ce jour-là », se souvient-il pour TV2. Il faut dire que le Mosvik Express avait d’ores et déjà annoncé qu’il écraserait tous ses concurrents pour récupérer ce titre collectif.
« Mon coéquipier devait juste tenir pour m’envoyer dans les meilleures conditions et que je puisse faire mon show, sourit Northug. Mais je crois que ça a trop mis la pression à Pål. Dans la voiture, il était tellement nerveux… » Et ce qui devait arriver arriva. Lors de son dernier relais en qualifications, Golberg s’effondre et la Norvège ne se qualifie pas pour la finale. « Pål pleurait, moi j’étais énervé et je pensais que Finn Hågen Krogh aurait dû être mon coéquipier, révèle le retraité. Pourtant, je dois le remercier car sans cette défaite, jamais je n’aurais eu la rage nécessaire pour aller remporter l’or sur le 15km. »
Piètre consolation, pour Golberg, à l’époque. Dix ans après, l’occasion se présentait enfin à Planica de prendre sa revanche. « Je me sens plus fort, plus solide comme sprinteur qu’en 2013, confie-t-il à VG avant le départ. Johannes Høsflot Klæbo ne m’en a pas parlé et moi non plus mais s’il le souhaite, je pourrais le rassurer : je sais que j’ai la force nécessaire pour prendre l’or. »
Et le fondeur n’a pas déçu. En compagnie de Klæbo, il remporte une médaille d’or bien méritée, la troisième en trois courses pour le ski de fond masculin norvégien.
Les Norvégiens critiquent l’organisation du skiathlon
Si la neige à Planica a déjà fait parler d’elle, c’est un autre élément que les Norvégiens ont critiqué après le skiathlon masculin. Dans les stands pour changer les skis, en effet, la neige était glacée et donc très glissante. « Ils auraient peut-être pu mettre des petits tapis : changer des skis sur la glace est difficile et cela semble un peu dommage une telle erreur aux Mondiaux », fait remarquer Pål Golberg dans les colonnes de Dagbladet.
Quatrième sur le skiathlon, le Norvégien est certain qu’il a perdu de précieuses secondes lors de ce changement de ski du fait du sol glissant. Contrairement à Sjur Røthe et Simen Hegstad Krüger, ce qui leur a permis de prendre une avance confortable et s’assurer le podium.
Pourtant, Krüger a lui aussi été gêné lors du changement de skis… Mais par William Poromaa ! Le Suédois a en effet lancé ses bâtons dans le stand du Norvégien, ce qui lui a valu quelques mots un peu grossiers. « Je lui ai crié dessus en le voyant faire, il faut dire qu’on a le sang chaud pendant les courses, raconte Krüger au micro de la NRK. Mais j’ai essayé de ne pas trop m’énerver, de rester concentré et de me venger sur la piste en le mettant K.O. très vite. »
Le Suédois n’a en effet jamais revu ses adversaires et a terminé 5e. « C’était un peu moche de ma part comme geste, je ne m’en étais pas du tout aperçu avant de l’entendre crier, tout va tellement vite lors du changement de skis », s’excuse après coup Poromaa.
Le bonheur des sauteuses bronzées
Anna Odine Strøm, Maren Lundby, Thea Minyan Bjørseth et Eirin Maria Kvandal étaient ravies de leur médaille de bronze sur le par équipes féminin. La plus jeune du quatuor, Kvandal, a même été décrite comme l’héroïne du jour par ses coéquipières. Ce n’est pourtant pas elle qui a fait les plus longs sauts…
Et pour cause ! La jeune sauteuse, victime d’une très lourde chute il y a deux ans et à peine revenue au plus haut niveau, souffre encore d’inflammations dans les jambes depuis le début des Mondiaux. Elle ne peut donc pas poser le télémark correctement, souffrant de douleurs trop importantes. « Mais elle joue vraiment pour l’équipe et elle doit être saluée pour cela », commente Maren Lundby au micro de la NRK. « C’est très gentil de dire ça », répond Kvandal, émue par les mots de son aînée.
De son côté, Christian Meyer, leur entraîneur, explique que Silje Opseth ne se sentait pas de prendre le départ sur petit tremplin. « Eirin a été d’accord de la remplacer malgré ses douleurs, c’était super de sa part et désormais, on sait que l’on peut compter sur elle, affirme-t-il. Les Allemandes n’ont qu’à bien se tenir, on ira les chercher en 2025, on n’était vraiment pas loin cette année. »
Et pour le moment, même sans l’or, les Norvégiennes savourent. « Je ne pensais jamais être là, encore moins à ce niveau ou avec une médaille, je suis fière d’avoir réussi à obtenir le bronze avec cette équipe », conclut Maren Lundby.
L’hommage de Riiber
Les deux doigts en l’air, Jarl Magnus Riiber passe la ligne d’arrivée samedi pour empocher une nouvelle médaille d’or. Mais celle-ci a un goût particulier pour le combiné nordique. « Je voulais envoyer un hommage à mes grands-parents, ils ont été ma source de motivation quand j’étais fatigué, je suis heureux d’avoir pu gagner pour eux », confie le Norvégien à la NRK.
Riiber a en effet perdu ses deux grands-parents paternels, Harald et Suzann May Riiber, peu de temps avant les Mondiaux. Très proche de son grand-père qui l’a beaucoup entraîné, le combiné nordique tenait à remporter cette victoire pour lui. « Mon but était de terminer ce que nous avions commencé ensemble, je ne voulais pas laisser leur mort m’affecter mais je suis très ému en pensant aux heures passées ensemble à l’entraînement pour en arriver là », continue-t-il.
« Ce qu’il a fait, c’est magique, surtout quand on connaît ses raisons, commente Ivar Stuan, directeur sportif du combiné norvégien, au micro de TV2. Lors de l’enterrement de son grand-père, Jarl avait confié qu’ils avaient un projet et il a accompli ce projet jusqu’au bout, je suis très ému pour lui. »
Les juges doivent-ils mieux s’adapter aux sauteuses ?
On l’a bien vu sur les épreuves sur petit tremplin : les sauteuses à ski sont en général moins bien notées que leurs compatriotes masculins. Des notes qui peuvent parfois faire perdre quelques places à des athlètes… Ce que critiquent souvent les Norvégiens.
Sur la compétition par équipes féminine, les médias ont pu apercevoir Clas Brede Bråthen en grande conversation avec le coordinateur médias de la FIS. Il n’en fallait pas plus pour que Dagbladet aille s’enquérir de l’affaire. « Nous avons parlé du développement du saut à ski, des notes de style entre autres et de ce que nous pouvons évoquer dans les médias ou pas », déclare Bråthen, directeur sportif du saut norvégien.
« Je l’ai dit mille fois et je le redis : c’est incroyable de voir que des athlètes dont le saut est propre n’ont au maximum que des 18,5 tout simplement parce qu’elles n’ont pas la même amplitude que les hommes ! » s’insurge-t-il. En effet, jamais une sauteuse n’a obtenu au-delà, et encore moins de 20/20 en style. « Le 20 ne doit pas être distribué tout le temps mais on peut peut-être aller jusqu’au 19, au 19,5 et c’est trop rare, il faut donc en parler », le soutient Maren Lundby.
Dans les colonnes du quotidien Dagbladet, le coordinateur médias de la FIS, Horst Nilgen, dit comprendre l’avis de Bråthen. « Mais il ne faut pas oublier que les juges, lors de certaines journées, jugent jusqu’à 250 sauts… Ils font un énorme travail, restent bien concentrés et doivent être salués pour ça, nuance-t-il. Si certains pensent qu’il y a un souci, alors il faut en parler en interne mais ce n’est pas la peine de passer par les médias avant d’en avoir discuté avec la FIS je pense. »
Si l’objectif était de perturber les juges, les critiques du clan norvégien n’ont pas atteint leur objectif. « Je ne suis pas d’accord avec ce que disent Bråthen et ses sauteuses : les filles, comme les hommes et les combinés, ont les mêmes normes et elles ne sont juste pas à la hauteur », juge Ole Walseth, chef du comité d’arbitrage de l’Association norvégienne de ski, pour le quotidien VG.
Walseth s’explique plus en détails : « Nous avons adapté les notes de style avec l’arrivée des femmes et le fait qu’elles s’améliorent d’année en année, cela veut aussi dire que leurs notes s’améliorent et elles atteindront un jour le 20. Il n’y a aucune discrimination faite parce qu’elles sont des femmes », assure-t-il.
« Et pourtant, j’ai vu des sauts qui méritaient des 20 ! » répond Bråthen, pas prêt à abandonner le combat.
Bjørgen prend sous son aile Nicholas Lau
Son nom ne vous dit sûrement rien : Nicholas Lau est un fondeur représentant Trinité-et-Tobago, petite île des Caraïbes. A Planica, il s’est classé 66e sur 69 participants à la qualification masculine. Pourtant, en arrivant devant les médias, le fondeur était tout sourire. « C’était dur, plus qu’à l’entraînement mais c’est logique que ça se corse en compétition », analyse-t-il pour Dagbladet.
Pourtant, Lau avait eu l’un des meilleurs entraîneurs pendant deux jours, à Holmenkollen : Marit Bjørgen ! « Elle m’a donné quelques astuces que j’ai utilisé aujourd’hui, notamment sur comment tenir mes bâtons ou rester bien en équilibre sur les skis, révèle-t-il. Je ne suis pas tombé une seule fois alors j’espère qu’elle sera fière de moi. »
Le fondeur de 43 ans a aussi insisté sur la gentillesse de la Norvégienne qui l’a aidé lui et un petit groupe d’athlètes de son niveau. « Elle a vraiment partagé avec nous, c’était incroyable et cela me motive au quotidien, continue-t-il. Elle nous a dit d’écouter notre corps plus que les conseils des autres. De mon côté, j’essaie de faire comme les meilleurs en m’entraînant six fois par semaine avec des double séances. »
Nicholas Lau a aussi eu la chance de s’entraîner sur les mêmes pistes que les tous meilleurs mondiaux. « Ils sont une vraie source d’inspiration, c’est un rêve de pouvoir les rencontrer et de voir leur technique en vrai. Personnellement, je suis fan de Johannes Høsflot Klæbo et de Petter Northug Jr », conclut le fondeur de Trinité-et-Tobago.
Heidi Weng reviendra-t-elle ?
Depuis 2020 et la crise du coronavirus, Heidi Weng a du mal à revenir au meilleur de sa forme, spécialement mentalement. Sa commotion cérébrale n’a pas aidé à lui permettre un retour en fanfare cette année. C’est donc sans grande surprise qu’elle a avoué à ses entraîneurs préférer rentrer en Norvège plutôt que de rester à Planica pour les Mondiaux.
Mais ce départ précipité de Slovénie pose une autre question : Heidi Weng sera-t-elle un jour prête à reprendre le départ de la Coupe du monde ? Ou prendra-t-elle très prochainement sa retraite du haut niveau ?
« J’ai parlé avec Heidi, indique Ingvild Flugstad Østberg au micro de TV2. Elle sait que je suis là pour l’aider, surtout que j’ai traversé une période difficile moi aussi. Elle nous a expliqué sa décision avant de l’annoncer aux médias et les détails resteront entre nous mais elle était d’abord venue pour skier, son choix de repartir était courageux et le meilleur pour elle. »
Sa coéquipière ajoute que seule Weng peut répondre à la question qui taraude les médias : a-t-elle la motivation nécessaire pour revenir ? « Nous ne devrions pas répondre à sa place, c’est son choix et en tant qu’amie, je la soutiendrai, peu importe ce qu’elle décide », insiste Østberg.
Petter Northug Jr n’est pas plus certain de la décision de sa compatriote. « Heidi a le talent nécessaire pour revenir et avoir de bons résultats mais en a-t-elle la motivation ? demande-t-il. Elle est sûrement déjà satisfaite de ce qu’elle a accompli durant sa carrière, elle a eu des résultats incroyables. Alors elle doit faire d’abord le point sur son envie et ses résultats avant de prendre une décision. »
Stig Rune Kveen, son entraîneur, en est pourtant sûr : Heidi Weng sera de retour au départ après les Mondiaux. « Elle a eu une saison difficile mais elle a fait un podium et je crois que cela montre sa motivation, elle reviendra, je l’espère et j’en suis sûr », déclare-t-il à la chaîne norvégienne.
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