Le 50 km féminin divise toujours
Déjà, avant la compétition, les avis étaient partagés : les fondeuses devaient-elles vraiment parcourir un 50 km juste pour montrer qu’elles en étaient capables ? Si l’on aurait pu croire que la compétition finisse de mettre tout le monde d’accord, c’est loin d’être finalement le cas.
Jessica Diggins, arrivée 3e, était ravie de l’expérience. « Evidemment, il faut le refaire ! Personne n’a terminé en ambulance alors c’est bien que nous en sommes toutes capables, juge-t-elle au micro de la NRK. Cela envoie aussi le bon message aux jeunes filles : elles sont capables de tout faire si elles travaillent dur. »
L’Américaine aurait d’ailleurs souhaité que les reines du ski de fond Therese Johaug – pourtant opposée à cette course – et Marit Bjørgen puissent s’essayer à l’exercice avant leur retraite. « Nous devons nous battre pour que la prochaine génération ait une véritable égalité dans le sport », conclut Diggins.
Mais il y en a d’autres qui ne sont pas vraiment d’accord avec cette analyse… Heidi Weng, arrivée 11e et qui assure que ce sera son seul et unique 50 km. « Evidemment que nous pouvons le faire et je suis heureuse de l’avoir fait une fois. Mais il faut aussi voir que les hommes sont en effet plus puissants que les femmes, ce n’est pas une insulte que de le dire, affirme-t-elle à la chaîne TV2. Et il n’y a pas d’égalité quand on voit que notre course est plus longue de 30 minutes. »
La Norvégienne propose de plutôt proposer des courses durant le même temps, soit environ un 40 km pour les femmes. « Regardez la configuration de course masculine, elle est totalement différente de la nôtre, continue-t-elle. Ils peuvent vraiment s’amuser sur les vingt derniers kilomètres, nous moins. Je pense aussi que si l’on revenait aux 30 km, il y aurait aussi plus de fondeuses au départ, c’est un vrai problème d’avoir aussi peu de concurrentes. »
Deux avis s’affrontent donc toujours, sans possibilité apparente de s’entendre. Du côté de la FIS, il n’y a eu aucun commentaire.
Le combiné féminin ne lâche rien
Déjà en début d’hiver, les combinés nordiques féminines manifestaient lors des compétitions, croisant leurs bâtons de ski en l’air pour former le X de « no eXception » (pas d’exception), montrant ainsi leur refus de se plier à la décision du CIO de ne pas ajouter leur discipline aux prochains Jeux olympiques.
Pour leur dernière coupe du monde de la saison, elles ont décidé de montrer qu’elles n’abandonnaient pas la lutte. Presque toutes les athlètes sont apparues avec des barbes ou des moustaches, signifiant ainsi qu’elles peuvent être des hommes si cela leur permet de concourir aux JO. « Nous n’avons pas abandonné le combat et le montrer ici, à Holmenkollen, où nous sommes autorisées à concourir pour la première fois, nous paraissait être un symbole fort », explique Gyda Westvold Hansen à TV2.
Ivar Stuan, directeur du combiné nordique norvégien, s’est dit très fier de l’initiative des athlètes féminines. « Elles veulent montrer qu’elles ont leur place en 2026 aux Jeux, que l’on ne devrait plus faire de différences basées sur le sexe en sport, commente-t-il. Il y a eu une nouvelle réunion avec le CIO ce qui me semble être une bonne chose. »
L’espoir persiste donc pour voir le combiné nordique féminin dans trois ans, en Italie, aux prochains Jeux olympiques. « Et il serait temps qu’elles aient les mêmes opportunités que nous », conclut Jarl Magnus Riiber.
Top 10 norvégien : à qui la faute ?
Le 50 km d’Oslo masculin a marqué les esprits. Avec 12 Norvégiens engagés, l’armada scandinave avait de bonnes chances de l’emporter. De là à placer dix athlètes dans les dix premiers, cela semblait plus improbable. Et pourtant, c’est bien le résultat final.
Une preuve, s’il en fallait encore une, que la Norvège domine le ski de fond masculin ces dernières années. De quoi dégoûter les autres équipes et interroger. Mais à qui la faute ?
« Il faudrait que les autres équipes se remettent aussi en question », juge Harald Østberg Amundsen dans les colonnes de VG. Si le fondeur comprend que les athlètes malades n’aient pas fait le déplacement, il a du mal à comprendre ceux qui ne sont juste pas venus, arguant qu’il y avait trop de courses rapprochées.
« Pål Golberg et Johannes Høsflot Klæbo font partie de ceux qui font le plus de courses et doivent donc aussi être fatigués, pourtant ils étaient là ! argumente le Norvégien. Il serait donc bien de voir plus de Finlandais, d’Allemands ou de Français… Je suis vraiment déçu car ils sont les premiers à dire que le fond est moins amusant à cause de la domination norvégienne mais ils ne viennent même pas. »
Un appel à toutes les nations pour prendre ses responsabilités, même les plus petites. Et si de nombreuses équipes ont pointé du doigt le calendrier où il a été décidé d’organiser deux 50 km à une semaine d’intervalle, les Norvégiens rappellent que les athlètes sont capables d’encaisser bien plus d’heures d’entraînement que celles faites sur deux compétitions et que le calendrier est connu bien à l’avance. « C’est la même chose pour tout le monde, ça fait partie du jeu, skier est notre métier et je ne comprends pas qu’il y ait si peu de fondeurs au départ », ajoute Johannes Høsflot Klæbo.
« Il est vrai que ce résultat était triste pour le ski international, admet Petter Northug Jr. pour TV2. Le 50 km d’Holmenkollen était une fête, une des courses où il fallait être auparavant, ce n’est pas normal qu’il n’y ait plus que le public pour venir en nombre… Il faut changer cela, revenir à l’ambiance qu’il y avait avant et refaire des 50 km une fête, même sur la piste. »
Trop de fêtards à Holmenkollen ?
Comme toujours, le 50 km masculin d’Holmenkollen a été une grande fête hors de la piste. L’affluence était même revenue cette année au niveau d’avant covid. Et, évidemment, malgré des mesures prises en amont, il y a eu de nombreux débordements.
« C’est dommage de voir autant de personnes ivres devant être évacuées, réagit Silje Opseth samedi, au micro de la NRK. Les compétitions de ski devraient être un lieu où tout le monde peut s’amuser et se sentir en sécurité. Malheureusement, il y a désormais trop de gens qui viennent seulement faire la fête et non encourager les skieurs. »
Et il n’y a pas que l’alcool qui coule à flot à Holmenkollen… Certains spectateurs consommeraient aussi un peu trop de drogues. « Nous n’aimons pas qu’il y ait trop d’alcool parmi les spectateurs ou d’autres substances mais nous faisons de notre mieux pour garantir la sécurité de tous et les secours sont toujours bien préparés », assurent les organisateurs à Dagbladet avant le week-end.
Cette année, une zone avait même été créée pour les plus jeunes, où l’alcool et la drogue étaient interdits mais où étaient invitées des stars du réseau social Tiktok pour que les jeunes spectateurs puissent s’amuser en sécurité, sans finir ivres. Des fondeurs ont tout de même affirmé avoir senti de nombreuses effluves d’alcool et de marijuana sur la piste…
Mais Silje Opseth, elle, pouvait être rassurée. Car il n’y avait plus personne pour la compétition de saut à ski féminin le soir ! « C’est vraiment très triste à voir, commente Johan Remen Evensen pour la NRK. On parle de l’égalité hommes-femmes mais pour assurer celle-ci, la première chose à faire du côté des spectateurs est de venir voir les concours. »
Pourtant, le stade était plein quelques temps auparavant pour les hommes. « On espérait qu’ils restent nous voir », avoue Thea Minyan Bjørseth. Seule une centaine de spectateurs est restée… Les organisateurs et les experts norvégiens demandent donc à la FIS, pour l’an prochain, de repenser les horaires de compétitions pour garantir une meilleure ambiance aux sauteuses à ski.
Hans Christer Holund rempile
Au début de l’hiver, Hans Christer Holund en était certain : cette saison serait sa dernière au plus haut niveau. Finalement, après le 50 km d’Oslo, le Norvégien a confié qu’il n’en avait pas fini avec la compétition. « J’ai décidé de continuer, j’espère faire encore deux 50 km ici », sourit-il, interrogé par VG.
Son annonce est donc claire : le fondeur veut aller jusqu’aux prochains Mondiaux, en 2025, à Trondheim. « En revanche, je ne garderai cette date en tête seulement si je suis capable de me battre pour les podiums et les victoires, ça ne sert à rien d’aller en coupe du monde si je n’ai pas le niveau », précise-t-il.
S’il avait peur de manquer de motivation, Holund affirme finalement avoir trouvé de nouvelles idées pour continuer de s’améliorer. « Je peux aussi compter sur une compagne très compréhensive, sans elle, je ne pourrais pas continuer, surtout avec un enfant », ajoute le Norvégien.
Une décision de prolongation qui satisfait son entraîneur Eirik Myhr Nossum. « Il ne fait aucun doute qu’il peut continuer dans la même forme qu’aujourd’hui encore deux ans », conclut le coach.
Trondheim 2025 mieux que Planica 2023 ?
L’une des critiques les plus souvent revenues au sujet des Mondiaux de Planica est le prix des billets – peu accessible – et, par conséquence, le manque d’ambiance sur les compétitions. Une déception pour les athlètes concourant en Slovénie.
Jørgen Graabak, combiné nordique norvégien, adresse donc un message aux prochains organisateurs : « Trondheim 2025 doit être un évènement populaire et il faudra donc faire attention aux prix, dit-il au micro de la NRK. Si les locaux, et plus largement les Norvégiens, viendront sûrement, il faut tout de même s’assurer que d’autres puissent faire le voyage et venir soutenir les athlètes. »
Åge Skinstad, responsable des Mondiaux de Trondheim, est tout à fait d’accord avec son compatriote. « Graabak est un homme intelligent qui tient des propos intelligents, affirme-t-il. Nous voulons proposer plusieurs prix, des offres VIP aux offres familiales pour qu’il y en ait pour tout le monde. » Une bien belle promesse, assortie d’une organisation écologique avec gestion des déchets, valorisation des énergies ou encore véhicules électriques.
« Nous voulons faire des Mondiaux 2025 à Trondheim un évènement pour tous, même ceux qui n’aiment pas forcément le ski », conclut Skinstad.
Médailles Holmenkollen 2023
La médaille Holmenkollen, décernée depuis 1895, est peut-être la plus haute distinction donnée aux skieurs nordiques internationaux lorsque ceux-ci obtiennent des résultats exceptionnels. Pour 2023, une femme et un homme ont été récompensés : le sauteur à ski autrichien Stefan Kraft et la fondeuse norvégienne Maiken Caspersen Falla.
« Maiken Caspersen Falla est une figure de proue du sprint en ski de fond et elle a aidé à développer cette discipline », justifie le jury dans les colonnes de VG. Quant à Stefan Kraft, ses valeurs sportives faisant de lui un modèle pour les jeunes ont permis de lui attribuer cette récompense.
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