Journée historique en vol à ski
C’était une première historique : ce week-end, les sauteuses à ski ont participé à leur premier week-end de compétition sur un tremplin de vol, à Vikersund. Et à tous ceux qui critiquaient cette possibilité, elles ont répondu de la plus belle des manières. « Elles ont très bien géré et nous avons fait 45 sauts sans incident, commente ainsi Clas Brede Bråthen après les entraînements du samedi dans les colonnes de Dagbladet. J’imagine que ceux qui critiquent sont de moins en moins nombreux, elles les ont fait taire et ceux qui restent peuvent toujours s’époumoner… »
L’égalité en saut à ski, est enfin toute proche. Seul regret : que le jury n’ait pas accordé plus d’élan aux athlètes. Malgré tout, les sauteuses n’avaient qu’une hâte : recommencer. « C’était agréable pour tout le monde, nous étions toutes si excitées et si heureuses après les premiers sauts », sourit Maren Lundby. « C’était une journée fantastique », confirme Silje Opseth.
Pied de nez aux derniers réfractaires et à tous ceux qui jugaient les filles incapables de voler, Lundby répond auprès de Dagbladet: « Aucun utérus n’a été abîmé dans l’opération alors j’imagine que c’est une victoire. » Une remarque partagée par son compatriote Halvor Egner Granerud.
« C’est dommage d’avoir attendu si longtemps, une telle compétition aurait déjà pu être proposée il y a six ou sept ans, nous avons perdu du temps mais je suis heureux que ce soit enfin en place et que les filles aient une chance, bientôt, de se battre pour le record avec les garçons », conclut Bråthen, interrogé par VG.
Maren Lundby se fait voler le record
Le nouveau record de distance féminin en vol à ski a été établi ce dimanche par la Slovène Ema Klinec qui s’est reposée à 226 mètres. Juste avant elle, samedi, la Canadienne Alexandria Loutitt l’établissait à 222 mètres.
Mais quelques minutes avant, la toute première recordwoman de vol était bien norvégienne : Maren Lundby était en effet la première femme à se reposer dans une compétition officielle au-delà des 200 mètres, à 212,5 mètres exactement. « C’était agréable de détenir le record, même si ce n’était que pendant un court moment », sourit Maren Lundby après sa performance face aux caméras de la NRK.
Surtout, la Norvégienne, qui s’est battue comme une lionne pour que les filles puissent enfin voler, est ravie d’avoir prouvé qu’elles en étaient toutes capables. « Cela signifie beaucoup d’avoir montré que nous pouvions gérer des sauts aussi longs, l’expérience était incroyable de pouvoir sauter ici », complète Lundby.
Et si elle aurait aimé voler encore plus loin et reprendre le record, elle devra finalement attendre un an de plus. De quoi la motiver à retourner à l’entraînement au printemps.
Ingrid Landmark Tandrevold : la nouvelle chef de file
Avec la retraite de Marte Olsbu Røiseland et Tiril Eckhoff, l’équipe norvégienne féminine de biathlon se retrouve amputée de ses deux chefs de file. Qui reprendra le flambeau ? Le rôle semble déjà attribué à Ingrid Landmark Tandrevold. Mais supportera-t-elle la pression ? En Norvège, on se souvient encore d’une Tiril Eckhoff qui s’était écroulée lorsqu’elle avait dû reprendre la place de Tora Berger avant de revenir doucement en tête des classements. Tandrevold connaîtra-t-elle le même sort ?
« Ingrid a déjà des victoires et on espère pouvoir compter sur elle mais elle n’est pas seule et les autres doivent aussi sortir de l’ombre et encore améliorer leurs performances », confie Per Arne Botnan, manager du biathlon norvégien, au micro de TV2.
Mais pour continuer de performer et espérer montrer la voie à ses coéquipières, Tandrevold devra elle aussi gérer la pression. « Je suis celle qui me met le plus de pression, reconnaît-elle. Mais cette année j’ai franchi une étape, je suis plus stable et je pense pouvoir me battre pour les podiums tous les week-ends. La pression, elle vient de mes précédents résultats alors d’une certaine manière, c’est bien qu’elle soit là. »
Ole Einar Bjørndalen, comme sa compatriote, ne s’inquiète pas. « Elle a su performer en l’absence d’Eckhoff et Røiseland avant Noël, je suis certain qu’elle recommencera, je ne m’en fais pas pour elle », assure le roi du biathlon. « Elle a une âme de leader, je pense qu’elle appréciera cette pression », ajoute même sa coéquipière, Marte Olsbu Røiseland.
Celle-ci part d’ailleurs rassurée quant à la relève : « Ingrid n’est pas seule, il y a aussi Karoline Knotten, Ida Lien, Juni Arnekleiv et Ragnhild Femsteinevik, l’avenir s’annonce brillant pour l’équipe », affirme la Norvégienne. « Une nouvelle génération arrive, ce sera excitant à voir », conclut Bjørndalen.
Johann Andre Forfang et Daniel Andre Tande mécontents
A Vikersund, samedi, la compétition masculine a été quelque peu perturbée par le vent. Et ce n’est pas la première fois de l’année… Pour certains, le jury serait d’ailleurs plus attentif à proposer des conditions équitables aux meilleurs du classement général qu’au reste du circuit. C’est en tous cas ce qu’ont rapporté Johann Andre Forfang et Daniel Andre Tande aux médias norvégiens.
« Ils font bien plus attention aux derniers dossards qu’aux premiers, estime Forfang au micro de la NRK. Moi-même ayant été au milieu de la liste de départ, j’ai l’impression de ne pas avoir eu droit à des conditions équitables. Le problème, c’est que ce n’est pas nouveau et c’est dur de faire face à la même situation, encore et encore. Le pire, c’est que le jury en est conscient, je leur en ai déjà parlé ! Ils sont presque incompétents. »
Malgré ce constat, Sandro Pertile, directeur de course à la FIS, a assuré plusieurs fois aux athlètes demander au jury à chaque compétition de prendre leur temps avant d’envoyer les athlètes, mêmes les moins bien placés au général. « J’ai connu aussi une saison difficile, c’est dur de se reconstruire et de bien repartir quand on sent qu’on fait de bons sauts mais que les résultats ne le montrent pas », approuve Daniel Andre Tande.
« C’est une question de chance, juge Borek Sedlak, ancien sauteur et désormais préposé à l’envoi des sauteurs au sein du jury. Malheureusement, Forfang n’en a pas eu ces derniers temps mais peut-être cela tournera-t-il à nouveau en sa faveur… C’est difficile de savoir avec un sport en plein air et ses propos sont blessants, nous faisons de notre mieux. »
Il est soutenu dans ses propos par le coach des Norvégiens, Alexander Stöckl : « Je pense que le jury fait de son mieux, Johann et Daniel n’ont pas eu de chance, c’est tout et que Johann dise que le jury est incompétent et fait du favoritisme n’est pas correct », dit-il à Dagbladet.
Le biathlon s’engage
Lors des remises de médailles des mondiaux de biathlon, on a pu voir sur le col du manteau de Johannes Thingnes Bø un flocon de neige qui fond. Ce logo est celui du projet Snøkrystal, lancé par l’Association norvégienne de biathlon en partenariat avec l’agence climatique Footprint.
Il y a trois ans, la fédération norvégienne se penchait déjà sur son empreinte carbone liée aux déplacements des équipes. Mais avec le coronavirus, cette enquête avait été stoppée. Elle est désormais remise en route avec une évaluation prévue liée aux déplacements, évidemment, mais aussi aux émissions liées à l’alimentation, l’équipement et la production de neige au cours de l’année pour les équipes norvégiennes.
« Nous voulons lancer notre propre campagne pour le climat car nous voulons presser les politiciens d’agir et faire de notre mieux pour aider », explique l’Association de biathlon à la NRK. « Le pouvoir des biathlètes va au-delà de leurs émissions et de leur potentielle réduction », confirme Johanna Victoria Barcia, conseillère principale chez Footprint.
« Evidemment, nous savons que nous ne changerons pas le monde tous seuls mais il est important que nous ayons notre mot à dire et que nous agissions aussi », ajoute Morten Djupvik, chef du biathlon norvégien. Et aux critiques qui jugeraient que les mesures envisagées (regrouper les déplacements, réduire le nombre d’équipements, changer de moyens de transports…) sont superficielles, l’on répond que c’est mieux que rien et qu’il vaut mieux essayer de changer un peu les choses que de rester à attendre le réchauffement climatique, bras ballants.
« Il faut vraiment que ces paroles soient suivies d’actes, sinon c’est du Greenwashing, prévient une militante norvégienne pour sa part. Fondamentalement, c’est bien que les sports d’hiver s’engagent, ils peuvent vraiment aider mais il faut maintenant qu’ils réussissent à faire avancer les politiques avec des actes réels. » Mais Djupvik le promet : ce projet sera suivi d’actions. Reste à savoir lesquelles pourraient être mises en place dès l’hiver prochain.
L’équipe de fartage norvégien réduite
Pour l’étape de sprint à Tallinn aujourd’hui, les Norvégiens sont arrivés avec une équipe bien moindre. Elle a en effet dû se déplacer sans son énorme camion de fartage. En cause ? La distance et le peu de temps de compétition mais aussi une nouvelle règle. Sur cette étape, la FIS va tester pour la première fois un système plus égalitaire : un nombre limité de produits et de techniciens pour chaque équipe et un seul et unique lieu où tous travailleront côte à côte.
« Nous devons faire ce qu’on nous demande et ce sera un challenge très intéressant », s’enthousiasme le chef du fartage norvégien, Stein Olav Snesrud, au micro de la NRK.
Dans le même temps, les athlètes devront tester eux-mêmes leurs skis et ne sélectionner que deux paires pour être préparées la veille de la course. Les Norvégiens ne pourront donc pas compter sur leur armada de techniciens. Un moyen de réduire l’écart entre grandes nations et petites équipes qui n’ont pas autant de personnes à disposition. « Le système ne sera jamais égal à 100% mais c’est un pas vers une plus grande équité », estime Michal Lamplot, directeur de course FIS.
Du côté des Norvégiens, on ne craint pas de retour de bâton. « Ce n’est pas seulement une question de nombre de personnes dans le staff mais aussi de connaissances », affirme Fredrik Aukland, expert NRK.
Une décision saluée, en tous cas, par les athlètes des plus petites nations qui voient là une chance de rivaliser avec les grandes équipes. Mais d’autres sont aussi de l’avis d’Aukland. « Si quelqu’un a de moins bons skis que Klæbo, ça peut être aussi parce qu’il s’en sert moins bien », répond l’Américain Ben Ogden.
Du côté des fondeurs Norvégiens, on est plutôt favorables à ce test. « Ce sera excitant », assure ainsi Johannes Høsflot Klæbo. « C’est bien de tester des choses pour rendre le ski de fond plus égalitaire, surtout quand la domination norvégienne est aussi critiquée », conclut Aukland.
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