L’équipe nationale de ski de fond toujours critiquée
Depuis les Jeux olympiques de Pékin et les critiques d’Emil Iversen sur la gestion de la fédération de ses équipes de ski de fond, particulièrement masculines, l’équipe nationale et ses chefs ont souvent été critiqués. Avec le départ de Johannes Høsflot Klæbo, ces critiques ont repris de plus belles.
Parmi les raisons de son choix, le Norvégien a ainsi expliqué à TV2 qu’il n’avait pas apprécié les choix faits par l’équipe concernant ses coéquipiers. « J’ai l’impression qu’ils ont souvent été traités injustement, entre autres pour me favoriser, révèle-t-il. Sans moi et mes séjours en altitude à payer, l’argent pourra aussi être réinvesti pour eux. Je suis déçu de ne plus faire partie de l’équipe mais c’est la meilleure solution. Et puis il y a eu les problèmes de communication… »
Le dernier exemple en date ? Didrik Tønseth et Sindre Bjørnstad Skar qui, en l’espace d’une semaine, ont été sortis puis réintégrés à l’équipe nationale. « Jeudi 20 avril, on me prévenait que je n’aurais pas de place, raconte ainsi Tønseth à la NRK. J’étais très énervé car on a vraiment tardé à me le dire et je n’avais aucun plan de secours. J’aurais préféré le savoir à la fin de la saison, pas plus d’un mois après. Et soudain, dimanche 23, on m’annonce que je ferai partie de l’équipe car Hans Christer Holund a pris sa retraite. » Skar a eu droit exactement aux mêmes coups de fil après le retrait de Klæbo. « C’est un sentiment très bizarre, comme si on était la cinquième roue du carrosse », commente celui-ci.
Pour toute justification, Espen Bjervig, directeur des équipes nationales, explique que même s’ils aimeraient n’écarter aucun fondeur, ils ont des impératifs économiques et doivent donc faire des choix qui, selon les évènements, sont amenés à changer. « Oui, on aurait pu faire cela différemment mais les choix de l’équipe doivent être respectés et nos impératifs compris », termine Bjervig, peu enclin à remettre en cause les problèmes de communication entre la fédération et ses athlètes.
Johannes Hoesflot Klæbo mieux traité que Petter Northug Jr ?
Depuis ses débuts, Johannes Høsflot Klæbo est sans cesse comparé à Petter Northug Jr. Si les experts avaient laissé de côté cette comparaison après les résultats impressionnants du jeune Norvégien, elle est revenue dans les médias avec l’annonce du départ de Klæbo de l’équipe nationale. Un choix qu’avait aussi fait Northug il y a quelques années, en 2013.
Fort de sa propre expérience, l’expert TV2 a tenu à mettre en garde son cadet. « Il a sûrement mûrement réfléchi et son choix doit être respecté, dit Northug à la NRK. Il y a eu des soucis de communication et depuis 2 ans, il s’entraîne beaucoup seul en altitude alors cela me semble juste mais une période mouvementée l’attend… Il y a encore du chemin avant la première compétition de l’hiver et sa sélection malgré tout en équipe nationale. »
Pour le retraité, il faudra aussi voir comment la « team Klæbo » s’en sort dans les accords nécessaires pour qu’il prenne part à la coupe du monde avec les sponsors nationaux entre décembre et mars. « A l’époque, j’avais Coop pour m’épauler en sponsor, cela m’avait aidé, j’espère que Johannes s’en sortira aussi », conclut Northug.
Mais pour certains experts, Petter Northug Jr. est bien gentil avec son compatriote quand on sait comment lui a été traité en 2013. « On l’a vu comme un égoïste, c’était ce qui ressortait dans les médias, Klæbo s’en sort bien mieux », juge ainsi Vegard Arntsen, directeur de la société d’analyse Sponsor Insight, dans les colonnes de Dagbladet. « Leurs cas sont différents, Petter était le rebelle qui s’opposait à la fédération, Johannes fait plus l’unanimité, modère l’expert TV2 Petter Skinstad. Et l’affaire a été gérée cette fois avec plus de discussions, moins dans les médias en déchaînant les passions. »
Restent deux questions à régler : comment assurer autant de revenus de sponsors sans Klæbo et cela donnera-t-il des idées à d’autres athlètes ?
La surprise Hans Christer Holund
Si après la saison, Hans Christer Holund affirmait vouloir aller jusqu’aux mondiaux 2025 à Trondheim, il a finalement surpris le monde du ski de fond en annonçant sa retraite. Et les premiers surpris ont été ses anciens coéquipiers !
« Je ne l’avais vraiment pas vue venir celle-là ! » commentait ainsi Niklas Dyrhaug sous le message Instagram d’Holund, le remerciant d’avoir été un excellent coéquipier. « Je suis sacrément surpris, réagit Martin Johnsrud Sundby au micro de la NRK. A Pâques, nous avons bu quelques bières ensemble et parlé entraînement en vue des Championnats du monde 2025, il avait l’air motivé alors j’imagine que beaucoup de choses se sont passées entre ce moment et son annonce. »
L’ancien n°1 mondial souligne évidemment qu’avec deux enfants, il est normal de se poser la question de la retraite à chaque saison. « Mais il était tellement en forme que je pensais qu’il continuerait au moins un an », ajoute-t-il. « Cela montre qu’il y a mûrement réfléchi, il sait ce qu’il faut pour être au sommet et nous perdons un élément important de l’équipe qui aidait les autres à connaître leur forme du moment », complète son coach Eirik Myhr Nossum. « Il est vrai qu’il a des capacités uniques, spécialement pour donner le meilleur de lui-même lors des grands évènements », conclut Sundby.
Tous ses coéquipiers, coachs et les experts du ski de fond norvégien font en tous cas son éloge : un expert de l’endurance, un gentleman, un travailleur acharné… Autant de compliments dont le jeune retraité pourra se satisfaire, sachant qu’il a laissé sa marque sur sa discipline.
Jarl Magnus Riiber irrité
Le combiné nordique et la FIS le savent : il doit y avoir des changements pour rendre le sport plus attrayant aux yeux des spectateurs et lui permettre de survivre. Mais les propositions faites par la fédération internationale sont loin de satisfaire tout le monde. Jarl Magnus Riiber a ainsi fait part de son irritation à la NRK : « leur nouveau format d’individual compact, par exemple, est un concept sans réel avenir, ça empêchera les meilleurs sauteurs de tirer leur épingle du jeu », juge-t-il.
Avec l’allongement des distances de fond et ce nouveau format, le Norvégien craint que les meilleurs fondeurs soient avantagés. « Qu’on saute bien ou mal, avec ce format, ce sera le même résultat, il n’y a aucun intérêt, les combinés ne seront plus de vrais combinés, polyvalents », estime Riiber.
Du côté de la FIS, Lasse Ottesen justifie les choix de la fédération en rappelant que le saut en combiné nordique s’est beaucoup développé, entre autres grâce à Riiber, quand les performances en ski de fond ont reculé. « Nous devons nous renouveler, tester de nouvelles choses pour faire progresser les deux pans de la discipline », explique-t-il.
Mais Jarl Magnus Riiber n’est pas d’accord. Pour le n°1 mondial, ces propositions risquent d’augmenter l’écart entre grandes et petites nations : « L’Allemagne et la Norvège seront favorisées par rapport à des pays comme la France ou le Japon, c’est dommage », dit-il. Des propos soutenus par son ancien coéquipier Magnus Moan.
Quant à l’augmentation des distances, Riiber et les experts norvégiens y voient le souhait de la FIS de, peut-être, désavantager le détenteur du globe de cristal qui fait souvent cavalier seul en tête et domine la discipline grâce à ses très bons sauts. « On peut comprendre qu’ils veuillent le pénaliser pour rendre la compétition plus excitante mais ce n’est pas de sa faute s’il est aussi bon », conclut Magnus Moan tandis que la FIS se défend de vouloir pénaliser le champion.
Seule proposition semblant faire l’unanimité : l’ajout d’une compétition de vol à ski mais c’est malheureusement celle qui semble la moins probable d’être votée fin mai.
Lillehammer exclu du calendrier ?
Avec les travaux sur le tremplin de Trondheim, le Raw Air ne comptait plus que 3 étapes contre quatre lors de ses débuts. La tournée norvégienne espérait revenir à son format premier dès la saison prochaine mais si les tremplins de Granåsen, terminés avant les Mondiaux 2025, seront de nouveau au programme, c’est Lillehammer qui en ferait les frais. Les tremplins olympiques de 1994 seraient en effet écartés du calendrier.
« Je comprends que certains aient râlé sur les conditions de la compétition cette année mais supprimer Lillehammer ? J’ai du mal à comprendre car l’organisation y est quand même vraiment bonne », réagit le local Robert Johansson au micro de la NRK. Si rien n’est fait, cette suppression devrait être confirmée fin mai lors du congrès de la FIS.
« On s’attendait à perdre notre place au Raw Air car on a eu des problèmes pour déneiger cette année, on a manqué de moyens et on a eu du retard, avoue l’organisateur. Mais rétrospectivement, les compétitions étaient bonnes. Malheureusement, nous n’avons pas respecté les règles de la FIS et nous en payons le prix. »
De son côté, Sandro Pertile, le directeur du saut à ski à la FIS, affirme que le but est aussi de remettre Lillehammer à la bonne place dans le calendrier tout en améliorant le niveau du Raw Air. Il faut dire qu’auparavant, les compétitions sur les anciens tremplins olympiques avaient lieu en décembre et non en mars. « Nous devons retenir les erreurs qui ont été faites et travailler pour tout améliorer », affirme-t-il.
« Je suis triste de voir la suppression de Lillehammer, c’est un très bon tremplin de compétition », conclut Silje Opseth, faisant écho à l’avis de nombreux fans de saut norvégiens.
Emil Hegle Svendsen célibataire
Si Emil Hegle Svendsen, l’un des plus grands adversaires de Martin Fourcade, ne fait plus vraiment parler de lui dans le monde du ski nordique, il a tout de même toujours une place particulière dans le coeur des fans de biathlon.
Le retraité depuis 2018, parfois consultant pour les chaînes norvégiennes, a annoncé cette semaine qu’il se séparait de la mère de ses enfants, la journaliste Samantha Skogrand dont il partageait la vie depuis 10 ans. Une annonce que même Martin Fourcade a commenté sur Instagram, leur envoyant un emoji de soutien.
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