Vu de Norge : au sommaire
Les frères Bø reconnaissants
Les frères Bø aiment partager le podium. C’est encore ce qu’ils ont fait sur l’individuel en prenant les médailles d’or et d’argent. Mais s’ils y parviennent, c’est parce que deux personnes oeuvrent en silence pour leur laisser le champ libre à l’entraînement.
« Je dois saluer Hedda qui s’occupe de nos deux enfants et qui est une mère et une épouse parfaite, c’est notre victoire à tous les deux », disait ainsi Johannes Thingnes Bø à TV2 après sa victoire sur l’individuel. « Je peux aussi surtout remercier Gita, ajoute Tarjei Bø, en argent, toujours sur TV2. Elle a tout géré à la maison, comme une mère célibataire et je n’y serais pas arrivé sans son soutien. »
De leur côté, Gita Simonsen et Hedda Dæhlie Bø, les femmes de Tarjei et Johannes Thingnes Bø, reconnaissent que ce n’est pas facile d’être la compagne d’un athlète de haut niveau, surtout avec des enfants. « Maintenant, Gustav a 4 ans alors il comprend quand son père part, c’est difficile mais heureusement, il commence à aimer le biathlon alors il comprend aussi pourquoi Johannes doit s’absenter », confie ainsi Hedda Dæhlie Bø. « C’est fatiguant, reconnaît Gita Simonsen. Heureusement je peux compter sur les parents de Tarjei et ma mère, eux aussi doivent être félicités. »
Mais si la compagne de Tarjei Bø a pu prendre quelques jours pour se rendre à Nove Mesto, sans leur fils, ce n’est pas le cas d’Hedda Dæhlie Bø qui, depuis 4 ans, reste bien souvent seule à la maison pour s’occuper de leurs enfants. « Evidemment, quand on voit les médailles, on se dit que ça en vaut la peine mais je n’ai jamais rêvé d’être la femme dans l’ombre d’un homme, cela me manque de pouvoir sortir, faire du sport et des choses pour moi », avoue la jeune femme. Pourtant, pour rien au monde elle ne demanderait à son mari d’arrêter. « Il a déjà réduit les déplacements au minimum et je sais qu’on en a pour au moins encore deux ans à ce rythme, à devoir faire ces sacrifices et après on verra », conclut-elle.
Quant à Gita Simonsen, elle pourrait avoir Tarjei Bø de retour chez eux beaucoup plus vite. « Tout le monde pense que je sais ce que va faire mon frère mais pas du tout, je ne sais pas s’il continuera après la fin de la saison », confie Johannes Thingnes Bø à la NRK. « Je me concentre sur ces Mondiaux, j’ai le temps avant de me décider », dit quant à lui son aîné. « Moi, je suis surtout heureux que nous ayons plusieurs « Bødiums » et j’en profite toujours comme si c’était le dernier », ajoute le cadet.
Johannes Thingnes Bø prêt à abandonner la médaille pour ses coéquipiers ?
Trois fois titré en individuel sur ces Mondiaux, Johannes Thingnes Bø a aussi égalé le nombre de titres en Championnats du monde d’Ole Einar Bjørndalen. Après la poursuite, pourtant, le Norvégien se disait satisfait d’avoir déjà une médaille d’or et avouait être prêt à laisser ses coéquipiers monter sur le podium sans lui pour leur laisser prendre tous au moins une médaille. « J’en serais vraiment heureux », assure-t-il à la NRK.
« Il bluffe ! lance l’expert biathlon Torgeir Bjørn. Il essaie de créer un vrai esprit d’équipe mais il ne le fera pas au détriment de ses propres résultats. » « Je pense qu’il aimerait vraiment qu’ils aient tous une médaille dans l’équipe mais c’est un athlète, il se bat toujours pour la victoire », ajoute Ola Lunde.
Et ses coéquipiers ne sont pas dupes. « Je ne le crois pas du tout, il ne voudra jamais finir quatrième pour nous laisser avoir une médaille, ce n’est pas son style », rit Vetle Sjåstad Christiansen. « Il est bien généreux mais je pense qu’il est aussi trop gourmand pour nous laisser faire », conclut Endre Strømsheim.
Pourquoi Ole Einar Bjørnalden ne voulait pas partager avec Johannes Thingnes Bø ?
Johannes Thingnes Bø est l’un des plus grands biathlètes de l’histoire et il pourrait très bientôt devancer son illustre compatriote Ole Einar Bjørndalen. Ils ont d’ailleurs été coéquipiers quelques années avant la retraite du Roi Ole et ils ont bien failli être compagnons de chambre… Si Bjørndalen n’avait pas expressément demandé à ne plus partager avec le n°1 mondial après une première tentative avortée.
« En 2012, j’étais heureux d’être dans sa chambre, je lui ai même laissé le lit du bas et j’ai pris celui du haut », se souvient Johannes Thingnes Bø pour la NRK. « J’étais assez excité de partager une chambre avec ce jeune prometteur, raconte Bjørndalen. Jusqu’à ce que je découvre qu’il ronfle toute la nuit ! Depuis, je crois qu’il n’a que des chambres individuelles… »
Mais hormis ce défaut majeur pour un colocataire, Bjørndalen n’hésite pas à redire à chaque fois qu’on le lui demande son estime et son admiration devant les accomplissements de son jeune compatriote.
Alexander Stöckl et ses sauteurs ne s’entendent plus
C’est le choc dans le saut à ski norvégien : rien ne va plus entre Alexander Stöckl, entraîneur de l’équipe nationale depuis 2011, et ses sauteurs à ski. Ces derniers ont envoyé un message à l’Association de ski pour demander un changement d’équipe avant même la fin de la saison. Contacté pour laisser sa place, Stöckl a refusé et d’après ses avocats, interrogés par Dagbladet, la fédération n’a aucun moyen de mettre fin à son contrat en avance à moins que l’Autrichien décide de partir par lui-même.
De son côté, Stöckl a annoncé vouloir rencontrer tous les sauteurs de l’équipe nationale pour mettre les choses au clair, mais pas avant qu’ils ne soient rentrés du Japon où le coach ne s’est pas rendu. Déjà absent en janvier en Pologne, le comité de saut à ski a demandé à l’entraîneur de ne pas non plus faire le voyage aux Etats-Unis et au Japon. « Je ne veux faire aucun commentaire tant que je n’ai pas vu les sauteurs », se contente de dire Stöckl à Dagbladet.
« Nous voulons régler cela en interne mais nous ne pouvons pas attendre le printemps car les Mondiaux de Trondheim sont dès l’an prochain », déclare quant à lui Johann Andre Forfang, représentant des athlètes, à la NRK. Mais personne n’y comprend rien. Stöckl ne comprend pas ce qu’on lui reproche, pas plus que Clas Brede Bråthen, directeur sportif du saut norvégien. Quant aux anciens sauteurs Johann Remen Evensen, Anders Jacobsen et Andreas Stjernen, experts NRK et Viaplay, ils restent dubitatifs. « J’ai déjà eu des désaccords avec lui pendant ma carrière mais il était ensuite facile de discuter pour régler les problèmes, dit Jacobsen à TV2. Mais depuis 2015, les choses ont peut-être changé. »
Au-delà de cette incompréhension, l’entraîneur autrichien se dit très touché. « Je ne dors plus, j’ai perdu beaucoup de poids et je vois bien que ma fille ne comprend pas ce qui se passe, pourquoi je passe tout mon temps au téléphone, explique-t-il à TV2. Habituellement, face aux critiques, je cherche des solutions mais là, je n’ai aucun retour, rien sur quoi me baser pour proposer des solutions, c’est très difficile. »
Des sources de Dagbladet avancent qu’avec le départ de Bråthen, les sauteurs auraient pu être convaincus qu’il leur fallait changer tout l’encadrement pour retrouver un nouvel élan avant les championnats du monde à domicile.
La fédération norvégienne, elle, a décidé de prendre le parti de ses athlètes. « Ils ont notre entière confiance et nous souhaitons les écouter dans leurs revendications », dit un communiqué envoyé au quotidien VG. L’Association de ski a, dans tous les cas, décidé de gérer l’affaire en interne au maximum pour éviter un nouveau scandale médiatique comme avec Clas Brede Bråthen.
Le nouveau travail de Maren Lundby
Après avoir pris sa retraite il y a environ deux mois, Maren Lundby devait trouver un nouveau travail. C’est l’école privée Wang Toppidrett qui aura l’honneur de l’avoir comme responsable d’un tout nouveau projet nommé « Femmes, concentration et développement » et qui a pour but de comprendre pourquoi les athlètes norvégiennes terminent moins souvent aux premières places que leurs compatriotes masculins en compétition internationale.
« C’est un projet vaste et ambitieux, ça peut concerner la manière de s’entraîner, de savoir si l’on a besoin de davantage d’entraîneuses ou même la façon de communiquer avec les filles plutôt qu’avec les garçons », explique Lundby au micro de la NRK.
Cette école compte 3600 élèves et 390 entraîneurs de 36 sports répartis sur 15 collèges et lycées à travers toute la Norvège. « Je ne serai pas en classe très souvent, ce qui est sûrement mieux, ni dans un établissement en particulier, je ferai le lien entre tous et avec les milieux de la recherche », continue l’ancienne sauteuse à ski.
La direction de Wang, elle, a mis en avant les raisons de son choix : en plus d’être une athlète de haut niveau, Lundby est très ouverte sur les problèmes de poids ainsi que tout ce qui peut toucher à la santé des athlètes, spécialement les sportives. « Elle a toujours travaillé pour le changement, pour l’égalité entre hommes et femmes et c’est ce que nous voulons faire pour permettre aux Norvégiennes de mieux performer, ajoute le directeur sportif Håvard Johansen. Nous voulons prendre nos responsabilités pour créer des changements durables dans le monde sportif. »
Maren Lundby veut aussi acquérir plus d’expériences, se diversifier avant de peut-être revenir au saut à ski, pourquoi pas en tant qu’entraîneuse.
L’état de santé de Sindre Bjørnstad Skar
Vous vous demandez peut-être pourquoi Sindre Bjørnstad Skar n’a pas participé à une seule compétition cet hiver ? Et bien son état de santé l’en empêche totalement… Un état qui était bien préoccupant puisque ni lui ni les médecins ne comprenaient ce qu’il avait. « Je ne me sentais bien ni physiquement ni mentalement et encore moins après avoir passé une semaine entière à l’hôpital sans comprendre pourquoi mais je n’ai jamais eu peur », confie le fondeur à TV2.
A l’automne, Skar a attrapé une infection streptococcique qui l’avait couché pendant plus de deux semaines. « Fièvre, douleurs, j’avais le package complet ! » raconte-t-il. Il a tout de même participé à l’ouverture de l’hiver à Beitostølen mais impossible de se remettre en forme. « J’ai compris que quelque chose clochait alors je suis allé voir le médecin et on a alors découvert que mes résultats hépatiques étaient anormaux, continue le Norvégien. J’avais les mêmes valeurs qu’un alcoolique, ce qui était totalement anormal puisque je ne le suis pas. On m’a interdit de m’entraîner le temps de comprendre ce qui n’allait pas. »
Il est alors admis à l’hôpital pour une batterie de tests sans que rien ne ressorte. « Ils en ont conclu que c’était la façon pour mon corps de combattre l’infection streptococcique », ajoute-t-il. Retombé malade à Noël, il a dû attendre le Nouvel An pour reprendre l’entraînement. « Depuis, je me remets lentement et je commence à redevenir moi-même, j’espère pouvoir me qualifier pour la Coupe du monde avant la fin de la saison mais je sais que ce sera difficile, tout autant que de conserver une place en équipe nationale l’an prochain », termine Skar.
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