Johannes Høsflot Klæbo vers une vie plus calme ?
L’été n’a pas été facile pour Johannes Høsflot Klæbo : maladies, blessures, au total le fondeur estime avoir perdu une centaine d’heures d’entraînement. « Je n’ai plus 20 ans, j’en ai bientôt 28 et je dois donc être encore plus intelligent dans mes choix de vie pour me maintenir en forme et guérir plus rapidement », confie-t-il au micro de la NRK.
Mais Klæbo décide aussi de voir le verre à moitié plein. « Être tombé malade en même temps que ma blessure au coude, c’était plutôt positif car j’ai pu me remettre de ma blessure tranquillement, explique-t-il. En revanche, les heures que j’ai perdues sont perdues, je n’essaierai pas de les récupérer. »
Le Norvégien reste tout de même confiant malgré ce petit handicap : « Février est encore loin, les Mondiaux aussi, j’ai le temps », continue-t-il. Le temps aussi de mettre en place une nouvelle stratégie. « Je veux m’inspirer de Johannes Thingnes Bø, vivre avec un peu moins de stress et plus de calme, moins d’entraînement, déclare Klæbo. Je crois qu’il pense beaucoup au biathlon mais ne s’entraîne pas autant, c’est peut-être ça la clé. »
Petter Northug Jr : envers et contre tous
Personne n’y croit. Pourtant Petter Northug Jr ne s’avoue pas vaincu : il lui reste un infime espoir de participer aux Championnats du monde de ski nordique à Trondheim, sur ses terres, en février prochain. Son objectif est assez clair : un entraînement plus complet avec en ligne de mire une qualification en Coupe Scandinave d’ici Noël. « Je pense qu’un entraînement plus traditionnel me profiterait, avec plus de rapidité, de vitesse et d’endurance et pas seulement pour les courses longue distance, dit ainsi Northug à la NRK. Le vrai problème, c’est mon âge, ça joue vraiment contre moi. »
Le corps ne réagit en effet pas de la même manière quand on a 25 ans ou qu’on en a 38 comme Petter Northug Jr. Après sa performance sur la Toppidrettsveka, le Norvégien estime tout de même ses chances de qualification à 2,2% contre 1% auparavant. Anders Aukland l’approuve : « S’il était suédois, il serait qualifié mais il est norvégien et il n’est pas en équipe nationale, ce qui rend son objectif bien plus difficile à atteindre », estime le fondeur et expert NRK.
Et puis, même si ce rêve n’est pas très réaliste, les fans norvégiens sont nombreux à espérer voir Northug et Johannes Høsflot Klæbo concourir ensemble pour une médaille sur leurs terres. Pour le père de Petter Northug Jr, ce rêve est tout de même plus qu’improbable : « Il n’aura pas le temps de faire assez de bons résultats pour se qualifier, même s’il s’entraîne dur et qu’il fait tout pour », confie-t-il à la NRK.
« Avec Petter, il ne faut quand même jamais fermer la porte, il a le plus grand esprit de compétition que j’ai jamais vu alors sait-on jamais », conclut l’expert ski de fond Torgeir Bjørn.
Eirin Maria Kvandal se frotte aux sauteurs masculins
Lors de la coupe de Norvège, sur les tremplins de Granåsen, futurs témoins des Mondiaux de Trondheim, un participant original s’est glissé sur la compétition grand tremplin masculine. Ou plutôt une participante.
Eirin Maria Kvandal a en effet décidé qu’elle préférait concourir sur grand tremplin pour avoir un vrai challenge. Défi relevé haut la main puisqu’elle termine 13e, tout près d’Halvor Egner Granerud, 9e. « Je n’avais pas de grandes attentes car je n’ai presque pas sauté sur grand tremplin cet été mais je suis satisfaite », déclare la jeune Norvégienne au micro de TV2.
Elle a aussi impressionné les sauteurs présents. « Elle est si proche des meilleurs, elle est incroyablement forte et bluffante », commente ainsi Granerud. C’est d’ailleurs l’un des objectifs de Kvandal : devenir aussi forte que ses homologues masculins et sauter à armes égales contre eux. L’un des points clés pour réussir sera d’augmenter sa vitesse sur la table d’élan. A Trondheim, à barre équivalente, il lui manquait environ 2 km/h.
« Je m’entraîne quotidiennement avec les garçons et je pense que physiquement, c’est un objectif réaliste, je peux être à leur niveau en travaillant, sur mon élan mais aussi sur ma position de vol », estime la sauteuse à ski.
« Je ne suis pas particulièrement étonnée qu’elle se hisse dans le top 15 masculin norvégien, dit de son côté Christian Meyer, entraîneur de l’équipe féminine norvégienne. Cela fait partie du travail que nous faisons avec elle pour l’aider à se développer correctement mais aussi éviter qu’elle ne se blesse à nouveau : elle a un élan en accord avec la distance réalisable sur le tremplin, elle ne risque pas d’aller trop au fond. »
Eirin Maria Kvandal avait en effet souffert d’une rupture des ligaments croisés en 2021 et lorsqu’elle s’entraîne sur petit tremplin, elle doit sans cesse restreindre son élan pour ne pas risquer une nouvelle blessure.
Quant à l’ego de Granerud, il est intact. « En 2020, Maren Lundby avait failli me battre sur une compétition similaire et j’avais réalisé ma meilleure saison alors le fait qu’Eirin ait presque fait de même, je le prends comme un signe positif avant l’hiver », conclut le sauteur norvégien.
TV2 enquête sur les suicides des jeunes sportifs
C’est la dernière grosse enquête des médias norvégiens dans le monde du ski : le nombre de suicides alarmants parmi les jeunes sportifs. L’objectif : sonner l’alarme et mettre en place de vraies solutions pour éviter à des jeunes en souffrance d’en arriver à mettre leur vie en jeu.
A Lillehammer, près de 600 jeunes sportifs s’entraînent, se forment et vivent ensemble pour devenir les meilleurs de leurs disciplines, à l’abri des sites olympiques de 1994. Mais ils sont aussi nombreux à s’installer loin de leur famille, amis et médecins habituels, rendant de plus en plus difficile de détecter les dépressions et autres problèmes de santé mentale qui peuvent mener à des actes terribles.
« Les gens gardent souvent les choses pour eux », raconte un ultra-coureur, Kevin Bekken Ramsfjell, à TV2. Avec son ami, Ånon Flåtå, ils ont donc décidé de créer un podcast qui s’oriente sur la santé mentale. « C’est aussi parce que j’ai besoin de mes deux mains désormais pour compter le nombre de personnes que je connaissais et qui se sont suicidées, on veut que ça change », continue Ramsfjell.
Il était d’ailleurs l’un des très bons amis du biathlète Eivind Sporaland qui avait disparu en mars 2023 après avoir voulu consulter à l’hôpital pour des problèmes de santé mentale et qui avait été retrouvé mort deux mois plus tard. « Nous voulons qu’il y ait d’avantage de ressources pour traiter la santé mentale », réagissent les parents de Sporaland.
Si la santé physique, le sport et l’éducation sont pris correctement en charge, la santé mentale semble passer au second plan au sport-étude de Lillehammer. L’Olympiatoppen y a d’ailleurs fermé son service médical qui proposait un suivi psychologique. « C’est vraiment dommageable car ces jeunes athlètes sont coupés de tout ce qui est autre que leur sport ce qui peut être compliqué pour leur santé mentale si les résultats baissent ou ne viennent pas », estime Endre Berger, psychologue, qui travaillait dans ce service avant sa fermeture.
Un nouveau service a tout de même été ouvert par l’Olympiatoppen mais il coûte plus cher, est moins souvent ouvert et ne propose pas les services d’un psychologue. La ville, elle, oriente les athlètes vers les médecins généralistes ou l’hôpital (celui-là même qui a renvoyé Eivind Sporaland chez lui). Comment, dès lors, les jeunes athlètes pourront-ils être soignés sur le plan mental ? Quelles sont les responsabilités de l’Olympiatoppen, du pôle sport-étude, de la ville de Lillehammer qui se vante d’être un terreau fertile pour les champions ? Tous se renvoient la balle, notant tout de même que ces suicides sont des évènements alarmants et que la santé mentale des jeunes sportifs doit absolument être mieux prise en charge.
Johannes Dale-Skjevdal et Vetle Sjåstad Christiansen réagissent
Cette enquête de TV2 a évidemment fait réagir bon nombre de personnes. Si un expert, chercheur psychologue, Lars Mehlum, tient à préciser que cette enquête ne dit pas que les suicides sont plus courants chez les jeunes sportifs, il note tout de même que les pôles de sport-études sont tout de même confrontés à un réel problème qu’il faut régler du mieux possible et le plus rapidement possible. « Il y a aussi des facteurs qui peuvent réduire le risque de suicide chez les jeunes athlètes qui sont habitués à relever des défis, à faire face à l’adversité, commente Lars Mehlum, interrogé par TV2. En même temps, ils font face à des facteurs aggravants comme la difficulté de la chute s’ils ne réussissent pas après avoir autant investi dans leur projet sportif. »
Les sports norvégiens ne peuvent donc ignorer ces problèmes de santé mentale. L’association de biathlon norvégienne, concernée par plusieurs suicides, s’est d’ailleurs saisie du problème dans ses rangs et tient à donner l’exemple. Deux de ses athlètes, Johannes Dale-Skjevdal et Vetle Sjåstad Christiansen ont d’ailleurs réagi à cette enquête. « 18 des 19 cas évoqués dans l’enquête concernent des garçons, c’est un chiffre énorme sur lequel il faut se pencher », disent-ils tous les deux.
« Il est temps de monter un projet sur la santé mentale des jeunes sportifs masculins, estime Ole Einar Bjørndalen au micro de TV2. On attend des garçons d’être encore plus coriaces que leurs homologues féminines. » « Les garçons osent aussi moins parler je crois », ajoute Christiansen. « On peut faire un projet commun pour femmes et hommes mais je crois qu’on peut aussi décider de faire quelque chose seulement pour les garçons si le besoin est plus grand, comme ça a été le cas pour le projet sur la santé et l’alimentation dans le sport qui concernait avant tout les filles », termine Dale-Skjevdal.
Répondant anonymement, les jeunes athlètes des pôles sportifs norvégiens soulignent qu’ils n’ont pas eu ou alors seulement très peu de formation à la santé mentale. « Tous les acteurs du sport doivent prendre cela au sérieux et la santé mentale doit faire partie de l’enseignement dispensé en Norvège », conclut Lars Mehlum, psychologue.
Trude Dybendhal disparaît à 58 ans
Championne du monde en 1991, relayeuse aux Jeux olympiques de Lillehammer en 1994 et médaillée d’argent sur la course, Trude Dybendhal avait marqué l’histoire du ski de fond norvégien dans les années 1990. Elle est décédée le 23 août, à l’âge de 58 ans, des suites de maladie.
« C’est une triste nouvelle, c’était une personne généreuse et qui rayonnait », commente Tove Moe Dyrhaug, présidente de l’Association de ski norvégienne. « C’était une skieuse fantastique qui a marqué notre sport dans les années 1990 », déclare Bjørn Dæhlie dans les colonnes du quotidien Dagbladet.
« Elle avait un grand talent, c’était incroyable de remporter tant de médailles face aux athlètes russes, italiennes et finlandaises qui étaient les meilleures et à une époque où l’on n’est pas certain que tous les athlètes étaient propres », ajoute l’expert ski de fond TV2 Petter Skistad.
Ses anciennes coéquipières se souviennent d’elle comme de quelqu’un qui était prête à faire passer l’équipe en premier, qui était moins individualiste que les autres à une époque où primait la performance individuelle. La Croix Rouge lui a aussi décerné un prix en 1990. « Elle a contribué à faire évoluer le ski de fond norvégien », se souvient Bjørn Dæhlie interrogé par VG. « Elle n’a jamais eu peur de se faire entendre, elle était une leader de l’équipe féminine, elle avait des opinions claires et engagées et elle a fait progressé le sport », conclut Torgeir Bjørn au micro de la NRK.
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