Au sommaire de Vu de Norge #463
Quel avenir pour Therese Johaug ?
Le doute plane sur l’avenir de Therese Johaug en ski de fond. La Norvégienne répète à tout va qu’elle en a fini, qu’elle n’a plus envie de concourir et pourtant, tous pensent qu’elle continuera encore une année, jusqu’aux Jeux olympiques, à l’instar de son mari Nils Jakob Hoff qui a publié des photos de sa championne de femme sur Instagram en commentant « Bonne chance pour Cortina ? ».
« J’ai le sentiment qu’elle va finalement décider de continuer et je veux qu’elle sache que je la soutiendrai si c’est le cas, que ça ne me dérange pas », a expliqué Nils Jakob Hoff aux médias. « La vérité c’est qu’on a fait un vote au sein de la famille et ils ont tous voté pour que je continue à part ma soeur, révèle Therese Johaug à Dagbladet. Je crois qu’au final, c’est moi qui suis le plus contre cette idée, il y a 99% de chance que je n’y aille pas. »
Une probabilité que réfute son ancienne coéquipière et grande amie Marit Bjørgen. Dans les colonnes de VG, la coach adjointe de l’équipe féminine de fond est réservée : « Avant Trondheim, j’aurais dit qu’elle n’irait pas aux Jeux mais là, je ne sais plus, je dirais que c’est 50/50 et qu’en réalité elle n’a pas encore tout à fait décidé, dit-elle. Avec des enfants, c’est plus difficile de s’entraîner autant qu’avant mais les JO peuvent la motiver alors nous verrons bien. »
La famille royale, en tous cas, serait ravie de voir la star norvégienne continuer. « Alors prête pour les Jeux l’an prochain ? » lui a demandé la princesse Mette-Marit, femme du prince héritier après sa victoire à Oslo. « On verra, mon mari essaie de me persuader d’y aller, ça ne serait qu’une poursuite de carrière pour à peine 10 mois et c’est toujours agréable de voyager en Italie… » a répondu Johaug, mystérieuse, d’après le quotidien VG.
« J’espère qu’elle continuera, qu’elle ne joue pas juste avec nos nerfs », réagit Helene Marie Fossesholm. « Si c’était non, qu’elle ne continuait pas, elle l’aurait dit plus clairement », estime Astrid Øyre Slind. En tous cas, les deux fondeuses ne sont certainement pas les seules à espérer un tel revirement de situation.
L’après Trondheim de Johannes Høsflot Klæbo
Six courses. Six médailles d’or. Des Championnats du monde taille XXL pour Johannes Høsflot Klæbo, couronné à juste titre roi des Mondiaux de Trondheim.
Mais c’est un athlète épuisé qui est apparu en conférence de presse à Oslo avant l’étape d’Holmenkollen vendredi. « Jusqu’à jeudi, j’avais l’impression qu’un camion m’avait roulé dessus, je n’ai jamais expérimenté une telle fatigue mentale, confie-t-il à TV2. Je pensais que je serais sur un petit nuage, que ça me garderait en vol stationnaire en termes de motivation et de forme physique et mentale mais pas du tout, c’est plutôt un atterrissage d’urgence, je n’avais même plus envie de skier jusqu’à aujourd’hui. »
Klæbo le reconnaît : après avoir passé les sept dernières années à s’entraîner pour cet objectif des Mondiaux de Trondheim, il va falloir évaluer de quoi son avenir sera fait. « Il y a les Jeux olympiques l’an prochain, ce sera une motivation certaine mais il va falloir que je retrouve un gros objectif pour retrouver la petite flamme », conclut-il.
Le fondeur compte entre autres sur le fait qu’il aimerait connaître la vraie effervescence des Jeux pour le motiver puisque les seuls auxquels il a participé sont ceux de Pékin en 2022 sous régime de restrictions liées au Covid.
Scandale en saut à ski : les Norvégiennes surveillées
Le scandale des combinaisons dans le saut à ski masculin a eu des répercussions inattendues dans le saut féminin. A Oslo-Holmenkollen la semaine dernière, il a en effet été possible de voir que toutes les athlètes norvégiennes étaient suivies par des agents de sécurité.
« J’ai été très surprise de voir ces agents de sécurité alors que nous n’avons rien à voir avec ça », raconte Ingvild Synnøve Midtskogen au quotidien Dagbladet. Les organisateurs, eux, ont expliqué qu’ils craignaient que des spectateurs déçus et énervés par l’affaire s’en prennent aux filles de l’équipe norvégienne. « Nous ne savons rien, j’ai été aussi surprise que tout le monde quand j’ai appris que des Norvégiens étaient suspendus puis en apprenant pourquoi », confirme Midtskogen.
Sa coéquipière Anna Odine Strøm va plus loin : « J’ai lu des commentaires odieux sur les réseaux sociaux qui demandent pourquoi nous sommes autorisés à participer au Raw Air, ce n’est apparemment pas assimilé pour tout le monde que nous avons été innocentées et que nous n’avons aucun lien avec cette affaire », regrette-t-elle au micro de TV2. La médaillée de Trondheim admet de plus qu’il est difficile, dans ces conditions, de totalement se concentrer sur l’aspect sportif. « Mais nous essayons », affirme-t-elle.
Il a tout de même fallu faire face, depuis les Mondiaux, à une atmosphère pleine de suspicions. « Nous devons rebâtir la confiance que le public avait en nous, même si nous n’avons rien fait, c’est comme ça, dit Strøm, défaitiste. Mais le pire ça a été les questions de ma famille, de mes amis qui m’ont demandé si j’avais triché… »
La sauteuse reste claire : elle a toujours dit non et elle ne changera pas de version, comme ses coéquipières que la FIS a blanchi lors d’une conférence de presse la semaine dernière.
Scandale en saut à ski : l’avis de Therese Johaug
Le scandale des combinaisons dans le saut à ski (et dans l’équipe norvégienne) fait beaucoup parler. C’est donc tout naturellement que les médias ont interrogé les athlètes norvégiens présents à Oslo-Holmenkollen pour la Coupe du monde ce week-end.
« C’est terrible ce qui se passe mais au final, l’équipement, c’est de la responsabilité des athlètes, a réagit Therese Johaug au micro de TV2. J’en sais quelque chose… »
La fondeuse fait évidemment référence à ses années de suspension pour dopage après avoir utilisé une crème contre les gerçures de lèvres qui contenait un produit interdit. « J’ai appris énormément de ces évènements, explique-t-elle. Les athlètes doivent être responsables de tout ce qui les concerne sinon c’est trop facile de blâmer quelqu’un d’autre : un coach, un technicien ou un médecin. On ne doit faire confiance qu’à soi-même, c’est en tous cas mon expérience. »
Les coéquipiers de Johaug ont aussi fait part de leur tristesse de voir l’équipe de leurs compatriotes ainsi entachée au moment de leurs Mondiaux à domicile. « Il faut espérer que ça apporte du bon au saut à ski, que tout le monde jouera carte sur table pour faire avancer le sport », commente Erik Valnes.
Accord entre écologistes et fondeurs : était-ce le bon moment ?
Le parrainage de l’entreprise Equinor (une entreprise pétrolière) des Mondiaux de Trondheim avait fait couler beaucoup d’encre et des militants écologistes avaient menacé de mener une action sur le 50 km masculin. Pour éviter tout débordement, une délégation de skieurs de fond avait donc rencontré les militants et était parvenue un accord : aucune action ne serait menée en échange d’une pétition d’athlètes présentée à la FIS pour faire bouger les choses.
Lors du 50 km féminin, on avait donc seulement pu voir quelques banderoles du groupe People Against Fossil Power (« les gens contre les énergies fossiles ») et des militants encourager Frida Karlsson, gagnante de la course et surtout l’une des athlètes qui les avait rencontré en délégation. « Ca me semble naturel, comme nous avons un peu de visibilité, de l’utiliser pour cette cause qui nous tient à coeur, nous sommes parmi les premiers à souffrir du manque de neige », avait-elle dit aux médias suédois.
Pour le moment, l’équipe norvégienne brille par son absence sur cette pétition. Seules Kristin Fosnæs, Julie Myhre et Lotta Udnes Weng l’ont pour le moment signée alors que celle-ci évoque particulièrement l’inquiétude des athlètes face au changement climatique et au rôle que le ski de fond peut avoir, entre autres en évitant d’être sponsorisé par des entreprises jouant un rôle dans ce problème mondial.
Mais si l’idée est louable, elle n’est pas tombée au bon moment d’après Pål Golberg (qui n’a pas signé la pétition). « Le timing était mauvais, dit le représentant des fondeurs masculins norvégiens à la NRK. En tant que délégué syndical, j’ai vu la pétition et la lettre qui l’accompagne et elles sont très bien, je pourrais même la signer mais par respect pour les autres athlètes qui ont passé des mois voire des années à se préparer pour les Mondiaux, j’ai préféré ne pas mentionner cette initiative au reste de l’équipe. »
Golberg salue tout de même le courage des représentants des athlètes à la FIS qui se sont occupés du problème pour éviter des désagréments à tous, Norvégiens compris.
Les militants écologistes peuvent donc désormais espérer que de nombreux athlètes ajouteront leur signature à la pétition maintenant que les Mondiaux sont passés et qu’ils ont été mis, pour la plupart, au courant de cette initiative.
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