Au sommaire de Vu de Norge #464
Les adieux aux frères Bø
Emotion ce week-end à Oslo-Holmenkollen : c’est toute une nation et le monde du biathlon qui disent adieu à deux de leurs emblématiques représentants, Tarjei et Johannes Thingnes Bø.
Dossards spéciaux, cérémonie après les podiums et la remise des globes de cristal, les organisateurs et l’IBU avaient prévu une grande fête pour les deux champions. Une fête à laquelle Martin Fourcade, plus grand rival de Johannes Thingnes Bø, a tenu à assister. « J’ai commandé mes billets en janvier dès que j’ai vu l’annonce de sa retraite, confie le Français à la NRK. Je voulais être présent pour sa dernière course, pour la célébration de la carrière de mon meilleur rival. »
Et aussi pour lui lancer un dernier défi : remporter l’ultime course de sa carrière. « Je serais si heureux qu’il y arrive », disait Fourcade. Pari perdu, Johannes Thingnes Bø a terminé 7e de la mass-start mais s’était tout de même imposé sur le sprint. Peu importe, les frères Bø ont profité de leur week-end dès les premiers entraînements. « J’ai eu la larme à l’oeil dès que j’ai chaussé les skis avant le sprint, révèle Johannes Thingnes Bø au quotidien Dagbladet. Je suis très reconnaissant et fier de voir le monde venu nous soutenir et nous dire au revoir. »

Il faut dire que les frères Bø ont marqué le biathlon durant de longues années. Emblèmes du sport norvégien, il était attendu que le public serait au rendez-vous. « Nous avions tellement hâte de profiter avec eux », dit le cadet de la fratrie. « Nous sommes heureux de terminer chez nous à Oslo et nous avons hâte de commencer le nouveau chapitre de nos vies », complète son aîné, Tarjei. Un chapitre qui ne s’éloignera peut-être pas trop du biathlon, d’ailleurs.
« Ce sera spécial sans eux, ils laissent un véritable héritage derrière eux et nous ferons de notre mieux pour le préserver », promet Sturla Holm Lægreid, digne successeur de Johannes Thingnes Bø après avoir remporté le gros globe du général.
Ingrid Landmark Tandrevold sur le départ ?
Son annonce est presque passée inaperçue au milieu de la cohue liée à l’attribution à suspens du gros globe féminin, de l’adieu aux frères Bø et de la fin de la saison : Ingrid Landmark Tandrevold a avoué à demi-mots qu’elle pensait à la retraite.
« On verra ce que je vais faire, je n’ai pas une énorme motivation pour retourner à l’entraînement et repartir pour une nouvelle année où j’ai beau faire mon maximum, les résultats ne sont pas au rendez-vous et je ne sais pas si j’ai envie de continuer à m’investir dans ces conditions », confie-t-elle au quotidien suédois Aftonbladet.

Tollé chez les Norvégiens : vont-ils aussi perdre l’une de leurs athlètes féminines ? « C’est sûrement la déception qui parle, elle a eu une année difficile, rassure Patrick Oberegger, coach de l’équipe féminine norvégienne, à Dagbladet. Elle a besoin de prendre du recul et elle changera sûrement d’avis. »
« C’est absurde, je ne la vois pas du tout s’arrêter maintenant », juge pour sa part Ole Einar Bjørndalen, expert pour TV2. Et l’ancien biathlète a raison : Tandrevold a avoué avoir dit ça à chaud, déçue de sa performance. « J’oublie toujours qu’après ça peut être monté en épingle, avoue-t-elle. Je vais arrêter un jour, oui mais je veux finir de plus belle manière que ce que j’ai montré ce week-end. »
Quant à Bjørndalen, il lui conseille de faire attention à ses propos et de se concentrer sur elle et son entraînement.
Le globe qui vaut de l’or pour Sturla Holm Lægreid
Devant le public norvégien, Sturla Holm Lægreid s’est imposé sur la poursuite samedi dernier et a ainsi remporté le gros globe de cristal. « C’était une journée parfaite, s’extasie le nouveau vainqueur du général après la course au micro de la NRK. Je ne crois pas que je pourrais faire un jour aussi bien qu’aujourd’hui. »
Et pour en arriver là et s’assurer de ne rien laisser au hasard (ou à Johannes Thingnes Bø), Lægreid a pris des mesures drastiques qui ne sont pas sans rappeler celles de Johannes Høsflot Klæbo. Il n’a ainsi pas serré sa petite amie dans ses bras depuis la fin du mois de janvier. Il a aussi décidé, à Oslo, de rester seul chez lui pour éviter de côtoyer trop de monde à l’hôtel où logent tous les athlètes ainsi que des touristes, véritable nid potentiel à microbes.

« C’était intelligent de sa part, ça lui a permis de rester en forme même si je n’ai jamais été si extrême dans mes choix », commente Johannes Thingnes Bø. « J’aurais fait pareil si j’avais été en lice pour le gros globe », ajoute Johannes Dale-Skjevdal.
Johannes Thingnes Bø a aussi tenu à féliciter son compatriote. « Il a fait des progrès d’année en année, il est maintenant solide comme un roc et il est devenu le meilleur, il a énormément de mérite », juge le jeune retraité. « Ça a été un long chemin pour le battre mais j’y suis enfin parvenu », conclut Lægreid, tout sourire, interrogé par VG.
Therese Johaug : une décision prise autour de Pâques
Tout l’hiver, elle n’a cessé de dire qu’elle mettrait un terme définitif à sa carrière après les Mondiaux de Trondheim. Puis, Therese Johaug a décidé d’arrêter après la Coupe du monde d’Oslo, chez elle. Finalement, la Norvégienne est allée à Lahti pour terminer en beauté avec une victoire sur le 50 km. « Je crois que je voulais me venger de ma défaite à Trondheim », avoue-t-elle aux médias.
Mais tous ces changements d’avis ont des conséquences inattendues : de plus en plus de gens doutent que Johaug mette réellement un terme à sa carrière. « Je donnerai ma décision autour de Pâques, je l’ai promis à mon mari Nils qui veut essayer de me convaincre de continuer une année de plus entre temps », avoue-t-elle à la NRK.
En attendant de se décider, la fondeuse compte bien profiter de sa famille et surtout de sa fille, Kristin. « J’aime notre vie, notre quotidien et je suis heureuse de retrouver tout ça mais j’imagine que Nils ne veut pas qu’on ait un deuxième enfant tout de suite car je suis insupportable enceinte alors il veut que je n’arrête pas avant l’an prochain », continue Johaug.

Et si la Norvégienne ne rechaussait finalement pas les skis pour la saison olympique, elle sait déjà ce qu’elle ferait : « Je continuerai de travailler pour ma marque, de développer les projets commencés comme mon application », explique-t-elle.
« Une chose est sûre : elle a terminé avec style mais peut-être cela lui donnera-t-il aussi envie de continuer pour faire la même chose aux Jeux ? » conclut l’expert NRK Fredrik Aukland.
Jarl Magnus Riiber : une célébration à la gaufre
Il n’y avait évidemment pas que Therese Johaug ou les frères Bø qui faisaient leurs adieux au ski nordique ces derniers jours. Jarl Magnus Riiber avait aussi décidé de ne pas terminer la saison de Coupe du monde pour effectuer sa dernière course chez lui, à Oslo-Holmenkollen.
Mais pour sa toute dernière course, bien loin de ses résultats de Trondheim, le champion du combiné nordique a terminé 45e, à presque trois minutes du vainqueur du compact individuel du dimanche. Etrange pour un fondeur aussi aguerri.

En fait, Jarl Magnus Riiber partait au départ très bien mais il est tombé après 4 km. Il a donc profité du reste de la course de 7,5 km pour célébrer sa fin de carrière et ses titres à Trondheim avec le public d’Oslo. Une célébration à base des célèbres gaufres des supporters norvégiens. « C’était quand même un peu sec sans confiture ou brunost, le fromage brun norvégien », plaisante Riiber au micro de la NRK.
Une fois l’arrivée passée, le Norvégien a pu faire descendre les gaufres avec une douche de champagne sous les acclamations d’un public tout acquis à sa cause, vainqueur ou pas. Seul petit regret ? Ne pas s’être battu pour le globe sur son dernier hiver. « Ça aurait été amusant mais en même temps, j’ai vraiment eu l’impression tout l’hiver que j’avais assez de victoire, que j’étais rassasié », conclut Riiber.
Emil Iversen manque son départ en course
« C’est comique mais en même temps triste et vraiment embarrassant. » Ce sont les mots d’Emil Iversen samedi après la course de Coupe scandinave qui s’est déroulée à Gålå et où il a terminé 32e du 10 km classique, à plus d’une minute du vainqueur.
Pourtant, ce n’est pas parce qu’il n’était pas en forme, bien au contraire. En temps réel de ski, Iversen aurait même fini devant Håvard Moseby, gagnant du jour. « Après 33 ans, j’ai vécu le pire cauchemar de tout fondeur, dit Iversen au micro de TV2. Je pensais que je partais cinq minutes plus tard que mon heure de départ, je n’étais donc pas présent au moment de mon coup de starter. »

Son farteur l’aurait alors appelé en criant, lui signalant son erreur. « J’ai été plutôt efficace, reconnaît Iversen. Je suis parti avec le moins de retard possible, à peine plus d’une minute et j’étais en forme sur la piste. » Le Norvégien a tout de même tenu à s’excuser auprès de son technicien. « Il avait très bien travaillé et j’ai tout gâché », reconnaît-il.
Emil Iversen ajoute qu’il a de toutes manières connu une saison compliquée, où rien ne s’est passé comme prévu et difficile mentalement plus que physiquement. « Je suis en très bonne forme et je crois qu’aucun Norvégien n’est au courant, j’aurais aimé aller sur la Coupe du monde ou les Mondiaux », rappelle l’athlète.
Son récent résultat, bien qu’entaché par cette erreur d’étourderie, prouve bien qu’il pourrait peut-être revenir au plus haut niveau tant ses performances à ski sont éblouissantes ces derniers temps. « Je vise de bons résultats aux Championnats nationaux, je dois absolument bien finir là-bas pour espérer faire une autre saison dans de meilleures dispositions que cet hiver », termine Iversen.
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