Fin des Jeux, bilan heureux
37 médailles. A deux breloques seulement du record établi à Pyeongchang il y a quatre ans. Mais les Norvégiens font tout de même mieux en en remportant 16 en or et surtout, leur objectif de 32 médailles est largement atteint.
« Je suis très satisfait, commente Tore Øvrebø, directeur de l’Olympiatoppen, au micro de TV2. Nous avons aussi des médailles dans plus de discipline, cela montre que notre investissement porte ses fruits. J’ai aussi une pensée pour tous les athlètes qui ont vu leur rêve olympique partir en fumée à cause du coronavirus, ça a été un réel défi pour nos équipes. »
Pourtant, dans ce bonheur, cette fierté, il y a comme une fausse note. Le ski de fond a déçu. Chez les filles, seule Therese Johaug ramène des médailles (certes, trois en or, mais tout de même). Un évènement car les femmes n’avaient pas fait une aussi mauvaise performance olympique depuis 1976 à Innsbruck où le fond féminin n’avait ramené aucune médaille, comme le rappelle la NRK.
Chez les hommes, les courses de distance ne ramènent que deux médailles de bronze en plus des deux en or sur le sprint ainsi que de l’argent sur le relais. Maigre récolte lorsqu’on sait que les hommes d’Eirik Myhr Nossum étaient attendus sur la plus haute marche des podiums pour chaque course. « Les autres étaient mieux préparés que nous », déclare Hans Christer Holund, défaitiste, à la NRK. « Oui, on attendait mieux d’eux, leurs résultats sont surprenants, ils ne se sont pas assez préparés à l’altitude », confirme l’expert NRK Torgeir Bjørn, soutenu par Ole Einar Bjørndalen.
Autre dissonance : la polémique générée par les choix des entraîneurs en ski de fond. Emil Iversen s’était ainsi ouvert dans les médias de sa déception de n’être aligné que sur le relais. « On en a sûrement plus parlé dans les médias qu’au sein de l’équipe et parmi les athlètes, juge Tore Øvrebø. Mais l’équipe de ski de fond devra régler la question, il faut améliorer la situation pour éviter que cela se reproduise. »
Øvrebø, enfin, félicite les organisateurs de ces Jeux pour leurs infrastructures et l’organisation. « Mais les athlètes mis à l’isolement n’ont pas été assez bien traités », estime-t-il. Heureusement, la situation s’est ensuite améliorée après diverses plaintes.
Désormais, l’Olympiatoppen se tourne vers les prochaines grandes échéances avec toujours plus d’ambition. « Nous pouvons toujours nous améliorer, souligne Øvrebø. Quant à ces Jeux, j’en retiens surtout tous ces moments de joie, de célébration et de partage. Nous avons vécu de très beaux moments de sport. »
Johaug dit adieu aux Jeux
Elle l’avait annoncé avant la course : ce 30 km était la dernière course olympique de Therese Johaug. Peut-être même la dernière course où elle ira chercher une médaille car elle n’est pas sûre d’aller aux Championnats du monde de Planica l’an prochain.
Sur la ligne droite finale, la Norvégienne est déjà en larmes. « J’ai essayé de profiter de chaque seconde, de chaque mètre sur la piste, confie-t-elle à TV2. Terminer ainsi, c’est grandiose. C’était mon rêve d’enfant, j’ai travaillé pour ça la majeure partie de ma vie. Je ne veux pas que ça se termine mais il y a un temps pour tout. »
Et le temps de la retraite semble arrivé pour la championne, qui y fait de plus en plus souvent allusion. « C’est une longue carrière qui touche à sa fin, continue-t-elle ainsi, toujours sur TV2. J’aime toujours m’entraîner et concourir mais je dois voir si ma motivation est intacte au printemps. »
Elle sait au moins qu’elle arrêtera avant 2026 et les prochains JO. « C’est triste d’y penser car il y a toujours une ambiance particulière aux Jeux, c’est bizarre de se dire que c’est la dernière fois », conclut-elle.
Mais qu’elle se rassure : elle laisse une marque indélébile, sur ses coéquipiers comme sur ses coachs, les journalistes ou les officiels « Je suis fière de vivre au même siècle qu’elle, c’est la plus grande championne de notre époque ! », affirme ainsi Tiril Udnes Weng. « Seule Therese est capable d’accélérer ainsi, personne ne peut la suivre », ajoute Petter Northug Jr. « Je suis à court de termes pour la qualifier, ce qu’elle fait est indescriptible, dit Ole Morten Iversen. Tant dans sa préparation que sur les courses, elle est incroyable et ses réussites sont totalement méritées. » « C’est une légende du sport qui a connu les plus hauts sommets et les plus profondes difficultés », ajoute Tore Øvrebø.
De nombreux témoignages pour féliciter la Norvégienne qui, aujourd’hui, ne semblait pas vouloir se départir de son grand drapeau, brandissant ainsi sa fierté nationale pour un pays qui ne l’a jamais abandonnée, même lors des heures les plus sombres.
Les sœurs Weng s’affrontent
Les sœurs Tiril et Lotta Udnes Weng étaient toutes deux alignées sur le 30 km de ces Jeux. Et par un concours de circonstances, elles se sont retrouvées à skier ensemble toute la course. Elles se sont même battues au sprint pour obtenir la 13e place. « Et gagner un sprint contre Tiril, ce n’est jamais chose aisée, croyez-moi », sourit sa sœur Lotta au micro de TV2.
Mais même si elles se connaissent par coeur, les jumelles ne se sont pas rendu la vie facile sur la piste. « Je pensais qu’on allait travailler ensemble, coopérer mais ça n’a pas très bien fonctionné, révèle Tiril. Aucune de nous ne voulait prendre les devants alors on s’est un peu disputées sur les côtes. » Et la fondeuse peut regretter d’avoir skié en tête quand on sait qu’elle s’est faite passée au sprint à l’arrivée.
« J’avoue, j’ai laissé Tiril travailler car elle est généralement meilleure que moi, confirme Lotta. Franchement, nos disputes étaient plutôt ridicules, il aurait mieux valu qu’on ait d’autres fondeuses avec nous pour éviter cela. » Ole Morten Iversen, leur entraîneur, préfère ne pas se mêler des querelles de famille. « Je sais que Tiril voulait que Lotta avance plus et ça se comprend, personne ne veut rester devant tout du long avec ce vent », souligne-t-il.
Heureusement, il en faut plus pour fâcher les deux sœurs. Elles n’ont plus qu’une hâte : rentrer à la maison retrouver leur famille et penser aux prochaines échéances après des Jeux un peu manqués. « Mais nous allons d’abord faire la fête tout de même ce soir, ça, c’est une chose pour laquelle nous sommes douées », plaisante Lotta Udnes Weng.
Et ailleurs ?
Pour cette toute dernière journée de compétition, la Norvège repart avec deux nouvelles médailles. La première, vous l’avez sûrement vue, vient du ski de fond. Therese Johaug remporte le 30 km et apporte une nouvelle médaille d’or à la Norvège.
La seconde vient du ski alpin. Les Norvégiens ramènent le bronze en équipes, sur le slalom parallèle.
Définitivement première du classement, la Norvège termine avec 37 médailles dont 16 en or, 8 en argent et 13 en bronze. Les Scandinaves égalent presque le record de Pyeongchang en 2018. Ils avaient alors ramené 39 médailles mais « seulement » 14 en or.
Hors piste
Les Jeux olympiques, c’est aussi savoir être fairplay. Comme Iivo Niskanen et Johannes Høsflot Klæbo sur le 15 km classique, Therese Johaug a montré qu’elle avait l’esprit olympique en attendant que les dernières fondeuses passent la ligne d’arrivée.
La Chinoise Dinigeer Yilamujiang a ainsi eu le bonheur de voir la Reine de ces Jeux l’attendre, 25 minutes après son arrivée triomphante. « J’étais tellement fatiguée mais je l’ai vue au bout, dans l’aire d’arrivée, à m’attendre et j’étais tellement heureuse, ça m’a donné la force de terminer, raconte la Chinoise au micro de la NRK. Merci Therese et Gratulerer ! »
Yilamujiang révèle aussi ce que lui a dit la Norvégienne. « Elle m’a dit que j’étais forte, que le fait que je termine la course le montrait, explique-t-elle. Et entendre ça d’une Superwoman, ça fait beaucoup de bien. » Therese Johaug confirme : « elle devrait être fière car elle a finit la course, d’autres n’ont pas cette force. »
Une belle image pour clôturer ces Jeux.
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