JEUX OLYMPIQUES – Nouveau : durant la quinzaine olympique de Pyeongchang, Nordic Magazine vous propose un rendez-vous quotidien, Vu de Norge spécial JO. Ou quand les Jeux sont vus et décryptés par les médias norvégiens.
-
Retour sur… le vent sur le tremplin
Le vent. Il aurait été l’un des plus sérieux candidats aux médailles olympiques de Pyeongchang s’il avait participé. Dans toutes les épreuves, il aura montré qu’il est le plus fort, retardant les compétitions de saut, reportant celles d’alpin ou de biathlon, annulant des manches de snowboard. Les sauteurs et combinés, habitués à lui faire face, se sont confiés sur cet invité de dernière minute.
« C’est vraiment insolite, indique le coach des sauteurs norvégiens Alexander Stöckl au micro de la NRK. Le tremplin est installé dans un lieu étrange mais en même temps les constructeurs ont fait du bon travail ce qui fait que les athlètes peuvent sauter dans des conditions tout à fait inédites. » En fait, si encore aucune compétition olympique de saut n’a été annulée ou reportée, c’est grâce à l’investissement de Pyeongchang dans de larges filets pour bloquer le vent qui remplissent tout à fait leur rôle. Des installations qui n’ont pas pu être amenées sur les sites de ski alpin ou qui ne peuvent stopper les bourrasques sur le lac et les pistes de fond, un peu plus en contre-bas.
« Je suis vraiment impressionné par l’efficacité du filet, confie Robert Johansson. Il y a vraiment beaucoup de vent, il suffit de regarder les autres compétitions, et pourtant on peut sauter. » Daniel Andre Tande est du même avis et conseille même à d’autres sites de s’inspirer des Coréens qui ont fait le travail de manière admirable sur ce point. « Il y a bien une raison si un parc d’éoliennes a été installé tout près du site olympique : il y a beaucoup de vent alors nous, on en plaisantait mais il faut avouer une chose, ce filet coupe-vent est l’un des meilleurs au monde », continuait Johann Andre Forfang.
Du côté des combinés, on se plaint un peu plus. « Très franchement, il y a trop de vent et il est glacial, on est gelés et on attend longtemps entre chaque saut, ce sont peut-être les pires conditions que nous ayons eu », explique Magnus Krog. L’entraîneur Bjørn Kåre Ingebrigtsen est lui aussi aux premières loges pour assister aux conditions dantesques des épreuves olympiques. « Mais nous le savions alors il faut faire avec et se concentrer sur le travail et la performance, affirme-t-il à la NRK. En attendant, je vais peut-être mettre quelques couches de vêtements supplémentaires. »
-
La surprise Haga
« J’étais lasse de toujours être remplaçante alors après Lahti, mon objectif a été de prendre une médaille ici et c’est fait ! »
Elle revient de loin. Ragnhild Haga aurait pu ne pas être dans l’équipe nationale et donc ne pas être aux Jeux. Mais elle a réussi à revenir aux avant-postes et à montrer qu’elle méritait de prendre la place promise à Astrid Jacobsen sur le 15km puis le 10km puisqu’elle repart avec une belle médaille d’or autour du cou. « J’étais réellement terrifiée que Kalla viendrait me prendre la 1e place alors j’ai accéléré, explique Haga en interview. Mais je vais avoir besoin de quelques jours pour réaliser que j’ai eu l’or, c’est tellement incroyable. » Weng, de son côté, salue la course de sa coéquipière qu’elle décrit comme « superbe ». « Je vais pleurer à la cérémonie si je la vois pleurer », confie même la Norvégienne. Le prince Håkon, présent pour quelques jours à Pyeongchang, a aussi vanté la performance de sa compatriote, se disant impressionné par sa vitesse sur les skis. « Elle le mérite, elle a fait plusieurs podiums et je savais qu’elle serait une adversaire redoutable », affirme Charlotte Kalla.
Ragnhild Haga (NOR) – Modica/NordicFocus.
Ragnhild Haga (NOR) – Modica/NordicFocus.
Marit Bjørgen continue quant à elle d’empocher médaille après médaille, prenant cette fois le bronze qu’elle partage avec la Finlandaise Parmakoski. Elle rate l’argent qui va à son amie suédoise Charlotte Kalla. « Je suis loin d’être déçue, je suis même très contente du bronze, déclare Bjørgen. Pour être honnête, je pensais même que je serais sortie du podium. » Elle remporte ainsi sa 12e médaille olympique.
Marit Bjoergen (NOR) – Modica/NordicFocus.
Du côté d’Ingvild Flugstad Østberg et Heidi Weng, le résultat est moins bon. Les deux plus grandes favorites des Jeux passent pour l’instant à côté. Elles terminent 7e et 11e. « Je ne comprends pas, je me sens bien mais ça ne fonctionne pas, s’inquiète Weng dans les colonnes de Dagbladet. Maintenant, j’espère avoir ma chance sur le relais et qu’on me mettra sur du classique. »
-
Les biathlètes en difficulté
Des erreurs au tir, sur l’individuel, ça ne pardonne pas. Les Norvégiennes le savent bien mais elles ne parviennent pas à limiter la casse. La mieux placée est Tiril Eckhoff, 23e avec un 16/20. « Je me sens vraiment bien sur les skis, vraiment prête, c’est dommage de faire autant de fautes, commente l’athlète à l’arrivée. Mais je vais m’assurer que ma chance tourne bientôt. »
Derrière, malgré un 18/20, Synnøve Solemdal ne réussit pas à dompter la piste et termine 40e. « Mon tir était plutôt bon mais je n’étais pas en forme sur les skis, c’était très dur », explique Solemdal. Ingrid Landmark Tandrevold est 43e avec un 17/20.
Pour la médaillée d’argent du sprint, Marte Olsbu, la punition est encore plus terrible : 7 fautes au tir et donc seulement la 71e place à l’arrivée. « C’était vraiment mauvais », se contente-t-elle de dire au micro de la NRK.
Dans le clan norvégien, on ne peut que panser ses blessures en voyant les rivaux suédois aux anges après la victoire d’Hanna Öberg. Marte Olsbu et Tiril Eckhoff devraient en revanche avoir une chance de se rattraper sur la mass start.
-
Johannes Thinges Bø concrétise
Il lui aura fallu trois courses individuelles mais ça y est : Johannes Thingnes Bø est champion olympique. Celui qui a dominé, survolé la saison aux côtés de Martin Fourcade a enfin transformé l’essai. « C’est le plus beau jour de ma vie, s’émerveille-t-il, les larmes aux yeux. Obtenir l’or olympique, c’était mon plus grand rêve. Je suis tellement heureux et fier. » Le biathlète de 24 ans n’oublie pas non plus de remercier toute son équipe et tous ceux qui l’ont aidé à obtenir ce titre.
Johannes Thingnes Boe (NOR) – Thibaut/NordicFocus.
Jakov Fak (SLO), Johannes Thingnes Boe (NOR), Dominik Landertinger (AUT) – Manzoni/NordicFocus.
Son frère, Tarjei Bø, 13e du jour, parle à peine de sa propre course : « jamais je n’oublierai ce moment, c’est tellement fantastique et en tant que grand frère je crois que je me souviendrai toujours de ce moment », s’enthousiasme-t-il alors que Johannes confirme avoir le meilleur frère du monde. « Il est vraiment impressionnant, il est si loin de moi alors que pourtant, il a fait le même nombre de fautes », s’exclame Svendsen.
« Je voulais tellement qu’il gagne, maintenant je dois me calmer et me reposer, c’est un moment merveilleux à savourer », commente quant à lui Siegfried Mazet, rejoint dans ses propos par le deuxième coach des garçons, Egil Kristiansen.
Les autres Norvégiens, s’ils ont eux aussi tiré à 18/20, s’en sortent moins bien sur les skis. Emil Hegle Svendsen est 10e, trois places devant Tarjei Bø. Celui-ci, jusqu’à son dernier tir, avait espéré monter sur la boîte avec son cadet. « Mais ce n’est pas sa faute si j’ai mal tiré alors je lui ai dit qu’il était celui qui méritait le plus ce titre, plus que moi », confie l’aîné de la fratrie.
Lars Helge Birkeland, dernier Norvégien engagé sur cet individuel, termine 60e avec un 16/20, loin de ses compatriotes.
-
Et ailleurs ?
Fait historique : Aksel Lund Svindal devient le premier Norvégien à remporter une descente aux Jeux olympiques. Il empoche sa deuxième médaille d’or aux JO après celle de super G en 2010 à Vancouver. Le nouveau double champion olympique en a profité pour annoncer qu’à 35 ans, Pyeongchang serait ses derniers Jeux. « J’ai atteint mon objectif, c’est le summum des récompenses pour moi, explique-t-il au micro de TV2. Cette journée a été fantastique pour moi et je suis vraiment heureux. Et tant que je serais sur le circuit coupe du monde, je continuerai de me battre pour la victoire, c’est pour ça que les athlètes sont programmés. »
L’alpin ne s’arrête pas là puisque Kjetil Jansrud amène le doublé en terminant avec l’argent sur la même course. Côté filles, Raghnild Mowinckel prend elle aussi la 2e place sur le slalom géant derrière Mikaela Shiffrin.
En revanche, toujours pas de miracle du côté du curling masculin où la Norvège s’incline 7 à 4 face au Canada.
-
Hors piste
Demain, retour du ski de fond hommes ! Mais la Norvège n’a pas une équipe comme les autres. Ses athlètes sont des super héros et ils ont bien sûr droit à leur série. Teaser.