Au sommaire de Vu de Trondheim #11
Ski de fond : après l’or, le repos du héros
Ce qu’a accompli Johannes Høsflot Klæbo sur ces Mondiaux est incroyable, inimaginable et historique. On manquerait presque de qualificatifs pour parler de son exploit de remporter 6 médailles d’or en six courses.
Mais pour le champion, la route n’a pas été sans sacrifice. « C’est énormément d’émotions d’en être arrivé là, confie-t-il à la NRK. Ce sera difficile de faire mieux que ça et on ne se rend pas compte de tout ce que ça a demandé. » Et surtout de l’éloignement de tous ses proches que le fondeur a dû subir.
« J’attendais depuis si longtemps de pouvoir serrer à nouveau Pernille dans mes bras, c’est tellement bien après tous ces mois », confie le Norvégien à propos du câlin qu’il a réservé à sa petite amie juste après sa médaille d’or sur le 50 km. Car pour éviter tous les microbes, Klæbo a tenu éloigné non seulement sa petite amie mais aussi toute sa famille ces derniers mois, restreignant tous les contacts physiques.
« Je n’avais cette opportunité d’un championnat à domicile qu’une fois dans ma carrière, je ne voulais rien laisser au hasard, surtout sur un sujet que je pouvais contrôler, explique le sextuple médaille à la NRK. En revanche il y a une chose que je compte bien changer : passer moins de temps avec mon père, ce n’est pas normal pour un gars de 28 ans d’être avec lui plus de 150 jours par an », plaisante Johannes Høsflot Klæbo. « C’est vrai que c’est au moins 125 de trop », répond son père.
Pourtant, tous deux n’ont aucun doute : tous ces sacrifices valaient le coup quand on connaît désormais le résultat. « C’est indescriptible ce qu’il a fait », dit son grand-père et premier entraîneur. « C’est le fondeur le plus complet de tous les temps », ajoute Simen Hegstad Krüger. « Ce qu’il fait est si impressionnant, c’est vraiment le meilleur fondeur de l’histoire », confirme Fredrik Aukland. « C’est plus qu’un exploit sportif, c’est un miracle ce qu’il a fait », conclut Martin Johnsrud Sundby.
Le champion va désormais pouvoir profiter d’un repos bien mérité et d’un temps avec sa famille et ses amis qui vont enfin pouvoir l’approcher à moins de deux mètres.
Saut à ski : réactions aux allégations contre les Norvégiens
Tempête sur le saut à ski. Médaillé d’argent, Marius Lindvik a finalement été privé de ce titre de vice-champion du monde. Johann Andre Forfang a lui aussi été disqualifié. La raison ? Un matériau moins élastique que celui requis dans le règlement a été utilisé pour coudre leurs combinaisons.
Un changement, non-conforme aux règles, qui leur a valu la disqualification après que l’affaire ait été révélée dans les médias étrangers et que les équipes autrichienne, polonaise et slovène ait fait une réclamation. « Nous avions vérifié leurs combinaisons avant le saut mais rien n’était visible, révèle Sandro Pertile, directeur du saut à ski à la FIS. Nous avons eu une réclamation officielle à la première manche et nous avons donc décidé à la fin du concours de découdre leurs combinaisons ce qui a révélé la présence d’un matériau non-autorisé. »
Les réactions ne se sont évidemment pas faites attendre. « Nous avons porté réclamation car sur la vidéo, on dirait qu’ils en profitent pour coudre de nouvelles étiquettes d’identification sur les combinaisons [puisque seul un nombre limite de combinaisons est désormais autorisé] mais la FIS a rejeté cette réclamation », révèle à la NRK le chef média de l’équipe autrichienne. « C’est tout simplement de la triche, comme du dopage, et ça jette une ombre sur tout le reste des Mondiaux et de leurs résultats », ajoute le coach des Polonais, Thomas Thurnbichler.
Jan-Erik Aalbu, directeur sportif du saut norvégien, nie les accusations de triche en bloc. « Bizarrement, ces allégations sortent quand nous gagnons des compétitions et que nous nous débrouillons bien sur le tremplin, remarque-t-il au micro de TV2. J’en ai parlé avec Sandro Pertile et il est d’accord : il n’y a pas de triche, seulement un manquement au règlement qui nous a donc valu une disqualification comme lorsqu’une combinaison est trop grande. » Aalbu ne manque pas non plus de faire remarquer que lorsque les Autrichiens dominaient le début de la saison, personne n’a remis en doute l’intégrité de l’équipe en les accusant de triche.
Le responsable du contrôle des équipements à la FIS, lui, s’est dit mécontent de la façon de faire de certaines équipes. « C’est une vidéo anonyme, filmée en secret, qui a conduit à cette réclamation et je n’aime pas du tout ça, note-t-il. Surtout que je suis celui qui vérifie toute les combinaisons qui partent en compétition, je sais très bien que ça ne peut pas être une histoire de changement d’étiquetage. »
Plus grave pour les experts du saut à ski de plusieurs nations ? Le fait d’avoir décousu les combinaisons pour chercher des éléments non-conformes au règlement. « C’est une première et ça jette le discrédit sur notre sport, à quoi peut-on s’attendre dorénavant ? » dit ainsi Johan Remen Evensen, ancien sauteur et désormais commentateur pour la NRK.
De leur côté, les athlètes se sont dit très surpris de leur disqualification. Marius Lindvik, réellement persuadé d’avoir gagné la médaille d’argent, a connu une chute douloureuse. « Je n’y comprends rien », avoue-t-il aux médias. Jan-Erik Aalbu a d’ailleurs tenu à préciser que les athlètes n’étaient pas au courant des modifications non-conformes apportées à leurs combinaisons.
Le seul regret de l’équipe norvégienne ? De finir ainsi les Mondiaux alors qu’ils auraient pu ajouter une nouvelle médaille à leur tableau des résultats. « Nous nous en excusons », termine Aalbu dans les colonnes de VG.
Combiné nordique : une dernière médaille d’or pour sa fille
A chaque médaille d’or norvégienne, la NRK place un nouveau poisson rouge dans un aquarium. Une petite cérémonie marrante, particulièrement pour les enfants. Pour sa première médaille d’or individuelle aux Mondiaux de Trondheim, Jarl Magnus Riiber avait choisi de nommer le poisson Ronja comme sa fille aînée. Celle-ci lui a alors demandé de gagner une nouvelle fois pour que son petit frère, Birk, ne sois pas jaloux.
« C’est à ça que je pensais hier soir, avant la course, révèle Riiber à la NRK. Maintenant, Ronja pourra être contente, son frère aura aussi un poisson. »
Cette dernière victoire sur les Mondiaux résonne évidemment de façon très spéciale pour le combiné nordique. Lui qui arrêtera sa carrière à la fin de l’hiver a tenu à dédier ses dernières victoires à sa famille. « J’ai sacrifié beaucoup de mon temps avec eux pour ma carrière, je suis fier que ça n’ait pas été pour rien mais aussi heureux d’arrêter maintenant », continue Riiber.
Et quelle victoire ! « Ça n’a pas été facile, je n’aurais pas pu demander mieux qu’une course comme celle-ci », explique le Norvégien au micro de TV2. Drapeau à la main, il a pu pleinement profiter de cette dernière ligne droite devant une marée de drapeaux norvégiens, présents pour le féliciter après une carrière incroyable.
Carrière que, le combiné nordique ne le répètera jamais assez, il est fier d’arrêter. « Je ne peux plus continuer comme ça, cet éloignement avec ma famille, le fait de forcer ma compagne à ne pas travailler pour garder nos enfants pour que j’évite les microbes, dit-il au quotidien VG. Une fois, ma fille m’a même demandé quand je rentrais à la maison parce qu’elle pensait que j’étais à l’étranger alors que j’étais à à peine quelques kilomètres d’elle, c’est très dur d’entendre ça, pour moi et pour elle. »
Et ce n’est pas sa compagne, Sunna Margret Tryggvadottir qui dira le contraire : « Je n’y croyais pas quand il m’a dit qu’il voulait arrêter, car les Jeux olympiques arrivent et puis quand il l’a officiellement annoncé, j’en ai été très heureuse, je rêve d’une vie de famille normale », sourit-elle. « C’est un soulagement pour nous tous de savoir que nous allons vivre plus normalement », approuve Riiber.
En bref
- La clé du succès de Johannes Høsflot Klæbo ? Une petite superstition qui semble avoir fonctionné. Le fondeur a en effet révélé qu’il a porté le même boxer, sans le laver, sur les six courses où il a remporté l’or. « Peut-être que maintenant je dois le laver et l’encadrer ? » sourit-il, interviewé par Dagbladet
- Johannes Høsflot Klæbo n’a pas été le seul à pleurer de joie à l’issue de sa victoire sur le 50 km. Petter Northug Jr et Emil Iversen sont aussi apparus à la télévision norvégienne, très émus. Northug a même dû s’interrompre quelques secondes pour laisser passer l’émotion.
- Un fait n’est pas passé inaperçu hier, le 8 mars. Cette date a beau être celle de la journée de lutte pour les droits des femmes à l’international, les trois compétitions qui avaient lieu à Trondheim étaient toutes masculines ! « Il aurait été approprié de voir le 50 km féminin pour cette journée particulière », souligne Therese Johaug à VG.
- « C’était la dernière chose que je voulais faire, prendre une médaille sur les derniers Mondiaux de ma carrière, surtout ici. C’est chose faite et c’est beaucoup d’émotions après la colère et la déception d’hier », dit Jørgen Graabak, en argent sur le grand tremplin individuel, à TV2.
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